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Arts martiaux - Soke Hoshu (Ai) Ikeda: «Physiquement les femmes sont différentes des hommes mais pas forcément plus faibles»

2 juillet 2023, 13:34

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Arts martiaux - Soke Hoshu (Ai) Ikeda: «Physiquement les femmes sont différentes des hommes mais pas forcément plus faibles»

Les branches de Joshin­mon Mauritius ont vécu des moments uniques lors de la semaine écoulée, dans le cadre des célébrations marquant le 52e anniversaire de cette école mauricienne de karaté. En effet, lors de sa visite dans l’île, Soke Hoshu (Ai) Ikeda, pre­mière femme Grand Maître de Karaté au monde, leur a par­tagé son expertise des arts martiaux et leur a fait des démonstrations de kobudo (art martial pratiqué avec des armes). Sans oublier la gente féminine.

Soke Hoshu (Ai) Ikeda est la fille de feu le Grand Maître ja­ponais Hoshu Ike­da – fondateur du Joshinmon Shorin Ryu Karate Do, école créée en 1969. Le Grand Maître Hoshu Ikeda a offi­ciellement transféré la direction de l’Interna­tional Jyoshinmon Sho­rin-Ryu Karate-Do à sa fille Ai Ikeda en 2012. A la mort de son père, en août 2016, elle prend le nom de Soke Hoshu Ikeda, sui­vant la tradition. Dans un art et un sport dominés par les hommes, ainsi que dans la société do­minée par les hommes au Japon, c’est un événement très rare.

De gauche à droite Georges Li Ying Pin, pionnier du karaté mauricien, Soke Hoshu (Ai) Ikeda,
Toru Kanzaki et Brian Burns, sensei du dojo de Grand Baie.

Lors de sa visite à Mau­rice, Soke Hoshu Ikeda a eu l’occa­sion – au moment d’animer des sémi­naires – de porter une attention par­ticulière aux prati­quantes de karaté, tout en reconnaissant que cet univers est plus l’apanage des hommes. «Le karaté est un do­maine dominé par les hommes. Physique­ment parlant, les femmes sont diffé­rentes des hommes. Nous ne pouvons pratiquer les arts martiaux comme eux», dit-elle. C’est l’une des rai­sons pour lesquelles elle met beaucoup l’accent sur la struc­ture corporelle féminine. Elle voit comment les femmes peuvent développer leur force en fonction de leur morphologie et l’adapter aux situations dangereuses qui peuvent se présenter à elles. «On peut parler d’égalité entre les hommes et les femmes dans plusieurs domaines mais sur le plan physique, ils ne sont pas égaux. Mais cette différence ne signifie pas que nous sommes plus faibles», dit Soke Hoshu (Ai) Ike­da. Cette dernière fait de sorte à ce que les femmes soient le plus efficaces possibles en fonction de leur morphologie. D’où peut ve­nir, chez elle, cette vocation à ins­truire les femmes ? Peut-être de sa mère, la Shihan Mikiko Ikeda, qui l’avait initiée aux arts mar­tiaux dès son enfance, il y a plus de 50 ans.

Kata de Soke Hoshu (Ai) Ikeda avec le bô, ou long bâton de bois.
Démonstration de kobudo avec le bô ou long bâton en bois.
Démonstration de kobudo avec des kamas entre les mains de Soke Hoshu (Ai) Ikeda.

Le 24 juin, lors d’un pre­mier séminaire qu’elle a don­né au Joshinmon Shorin Ryu Karate-Do Club de Grand-Baie (dont l’instructeur est Brian Burns), dans les locaux de RM Club, la Japonaise s’est  d’abord tournée vers les dé­butants pour leur présenter le budo (voie martiale) du kara­té. Et, tout en s’adressant aux élèves, filles comme garçons, elle a mis l’accent sur la fluidi­té du mouvement. «Dans toutes les techniques il n’est pas néces­saire d’y mettre de la force pour se défendre. On doit pouvoir utiliser la souplesse», a-t-elle fait remar­quer. Durant de courtes poses, elle a eu l’occasion d’enseigner des techniques d’auto-défense face aux hommes, visuellement plus robustes. Et ce, grâce au concours de Toru Kanzaki, instructeur actif de karaté et de kobudo au siège de Joshinmon au Japon.

Techniques de base des pratiquants de Joshinmon Mauritius, face à Bronny Li Ying Pin.

Le 25 juin, au gymnase Pandit Sahadeo, Vacoas, Soke Hoshu (Ai) Ikeda a eu l’oppor­tunité de faire une démons­tration de Kobudo. Avec Toru Kanzaki, qui faisait office d’ad­versaire, puis toute seule, avec armes et sans armes à la main. C’est en la voyant en action que les élèves des dojos de Joshimon Mauritus (ils avaient eu l’oc­casion de pratiquer des mou­vements de base et des katas quelques minutes avant elle) ont pu s’apercevoir de la justesse de son enseignement ; et ce, avant qu’elle n’anime son deuxième séminaire. Selon les termes «Shin, Gyo, So» de la calligraphie japonaise, auxquels son père se référait souvent, il s’agit, comme lui, de maîtriser parfaitement les bases des arts martiaux au début et, progressivement, aller vers un style en apparence moins élabo­ré puis, plus tard, vers une tech­nique plus naturelle et souple mais qui, en réalité, est beaucoup plus puissante. En somme, Soke Hoshu (Ai) Ikeda a démontré – lors de son passage – que le style Joshinmon Shorin-Ryu Karaté ainsi que le Kobudo peuvent être pratiqués autant par les hommes que les femmes, indistinctement de leurs différences physiques.

Exécution d’un kata lors d’un premier séminaire au Joshinmon Shorin Ryu Karate-Do Club
de Grand Baie.

A noter que la démonstra­tion de Kobudo, dimanche der­nier, s’est faite en présence de personnalités telles que Maneesh Gobin (ministre de la Justice et de l’Agro-industrie et de la Sécurité alimentaire), Shuichiro Kawa­guchi, ambassadeur du Japon, Ajitsingh Hardowar, président de l’All Mauritius Karate Federation, et du Kyoshi Georges Li Ying Pin, pionnier du karaté à Maurice.

Toru Kanzaki., Hoshu (Ai) Ikeda, le ministre Maneesh Gobin,
l’ambassadeur du Japon Shuichiro Kawaguchi,
le président de la ‘All Mauritius Karate Federation’ Ajitsingh Hardowar,
se tenant debout lors des hymnes nationaux japonais et mauricien.