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Courses hippiques: une industrie qui va de plus en plus mal…
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Courses hippiques: une industrie qui va de plus en plus mal…
La semaine dernière déjà, le Chief Executive Officer (CEO) de People’s Turf PLC (PTP), Khulwant Kumar Ubheeram, évoquait les difficultés que traverse l’industrie hippique à travers le monde. Parmi celles-ci, l’on note, à Maurice, le désintéressement de beaucoup de turfistes. Comme résultat, ce sont les paris qui en font les frais. Manque de motivation ou désintérêt, les avis sont partagés…
Ils ont été un peu plus nombreux à s’être rendus au Champ-de-Mars, samedi. Pour cause, la course principale était la Solidarite Marye Pike Cup, l’ex-Barbé Cup – un classique. Néanmoins, les turfistes interrogés ne cachent pas leur ressenti par rapport à ce que les journées hippiques sont devenues depuis le début de cette saison. Sammy, qui a grandi à Port-Louis, fréquente l’hippodrome depuis son plus jeune âge. Aujourd’hui retraité, il a perdu le goût de suivre les courses. «Un sentiment de méfiance s’est installé. Car il y a une perception qu’il y a une collusion entre les jockeys et un magnat. Du coup, les turfistes parieurs hésitent. Ils craignent qu’il y ait des courses ‘arrangées’.»Les parieurs préfèrent miser sur les matches de football internationaux.
Autre fait souligné par notre interlocuteur: la configuration du Champ-de-Mars. «On ne voit que du bétonnage. L’espace vert s’est rétréci et offre un spectacle affligeant. On peut même ressentir le stress des chevaux qui doivent parcourir un long chemin pour venir dans les boxes.» Mais ce qu’il trouve le plus aberrant, c’est le retard lors des appels pour sanctionner les fautes commises par les jockeys en course. «On a une autre perception, celle qu’il existe des blue-eyed boys parmi les jockeys.Même la prestation des certains chevaux laisse à désirer.»Face à une telle ambiance, il préfère rester chez lui.
Il est loin d’être le seul. C’est aussi le cas de Philippe. De passage à Maurice, il regrette ce que sont devenues les courses hippiques. «Quand vous allez au Champ-de-Mars, vous constatez que les loges n’existent plus. Les gens sont entassés sur la plaine. Si vous suivez à la télé, vous ne voyez pas que les propriétaires au lieu des spectateurs.» Cet interlocuteur, qui voulait embrasser une carrière de palefrenier, fustige les nouvelles têtes pensantes de PTP. «Plusieurs de ces personnes étaient déjà des membres du Mauritius Turf Club (MTC). Mais, à l’époque, elles n’émettaient pas de reproches. Depuis que le gouvernement a commencé à mettre son nez dans les affaires hippiques, elles trouvent toutes les excuses pour dire que MTC faisait mal le travail…» Ce passionné des courses – depuis 1968 suite à la victoire de Gay Night – dit ne plus sentir l’appartenance d’avant.
Même son de cloche au sein des compagnies de betting. Le bilan est catastrophique, lance l’un des responsables d’Automatic Systems Ltd (ASL).«Le chiffre d’affaires a baissé au tote sur les paris des courses de Maurice. L’année dernière aussi, il avait baissé de façon significative, comparé à l’année d’avant. Nous enregistrons une baisse qui tourne autour de 55 à 60 % sur deux ans.» Cette situation est alarmante, certes. Mais, soutient notre interlocuteur, plusieurs questions se posent. «Est-ce que les gens ont toujours confiance dans les courses ? Sont-ils satisfaits de l’organisation ?»
Miser aux courses est loin d’être une question de hasard. «Ce n’est pas comme jouer à la loterie ni au casino. Les gens qui aiment les courses analysent les chevaux lors des entraînements et, par la suite, ils s’amusent en parallèle.» Ce responsable avoue qu’il ne s’intéresse plus aux courses de Maurice. «Le CEO de PTP n’a rien compris de l’industrie des courses. Partout où les courses se portent bien, où il y a moins de courses truquées, le stake money est fort. Les écuries se battent pour avoir le stake money. Maintenant, dire que l’on court pour la gloire et non pour le stake money…» Comme ancien turfiste, il prévoit un avenir sombre. «Une industrie prospère, c’est une industrie qui est profitable. Être à l’écoute des stakeholders. Il ne doit pas y avoir de système parallèle. Mais quand l’argent n’est pas distribué comme il le faut, c’est ce à quoi on s’expose…»
Le président de l’Association des bookmakers, Bijaycoomar Greedharry, abonde dans le même sens. Le chiffre d’affaires n’est plus le même. «Même si au fil des semaines, cela commence à augmenter. Tout dépend des courses qui sont proposées. Prenez l’exemple de ce samedi : une course avec trois partants. Le favori est coté à Rs 115. Et quand vous enlevez la taxe de Rs 14, celui qui a exposé Rs 100 remporte Rs 1 ! Définitivement, avec ce système de trois ou quatre chevaux, cela n’apporte pas de travail. Automatiquement, le chiffre d’affaires est en baisse.»
Craint-il que les courses prennent fin à Maurice? «Les courses hippiques, c’est le seul divertissement que nous avons en matière de sport. Nous avons longtemps eu les matchs de football ; mais avec le manque de spectateurs, le football semble mort. Ma plus grande crainte est que les courses prennent la même voie…»
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