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[Dossier] Secteur agricole: ces produits qui impactent négativement l’environnement et la santé

18 juillet 2023, 20:58

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[Dossier] Secteur agricole: ces produits qui impactent négativement l’environnement et la santé

L’utilisation continue et abusive de pesticides et d’engrais chimiques pour obtenir de meilleurs rendements agricoles entraîne de nombreux effets négatifs sur l’environnement, notamment la biodiversité, les prédateurs, les pollinisateurs, les oiseaux, la flore et la faune aquatique. Elle cause aussi l’appauvrissement du sol en matière organique. Les produits qui sont pulvérisés se volatilisent et contaminent l’air, ou le ruissellement, causé lors de fortes pluies, contamine les eaux. L’environnement est ainsi pollué. Vincent Florens, Associate Professor of Ecology à l’université de Maurice, explique : «La plupart des pesticides chimiques agissent en empoisonnant les ravageurs, bien qu’ils puissent fonctionner par d’autres mécanismes comme dissuader ou décourager les ravageurs. Différents types ciblent différents types de ravageurs : agents pathogènes des plantes, mauvaises herbes, nématodes, insectes, mollusques, poissons, oiseaux ou mammifères, et ont donc différents mécanismes d’actions selon la biologie du groupe ciblé.»

De ce fait, il ne va pas juste nuire aux espèces ravageuses, mais aussi à toutes les autres espèces, même celles qui sont non ravageuses mais possèdent une biologie similaire à celle des ravageurs. Par exemple, les insecticides ne tuent généralement pas seulement l’insecte nuisible ciblé, mais tuent également les insectes bénéfiques. Cela est particulièrement vrai pour les insecticides systémiques qui sont absorbés par la plante à protéger, et qui empoisonnent le pollen et le nectar des fleurs. Ils peuvent alors tuer les abeilles et autres pollinisateurs. Les toxicités des pesticides chimiques varient considérablement. Par exemple, les organophosphorés (insecticides) sont particulièrement toxiques pour les vertébrés.

Les pesticides chimiques peuvent avoir des effets toxiques à court terme sur les organismes directement exposés, et des effets à long terme peuvent aussi résulter à travers la modification des habitats et de la chaîne alimentaire. Plus de 98 % des insecticides pulvérisés atteignent une destination autre que leurs espèces cibles, y compris les espèces non ciblées, l’air, l’eau et le sol qui sont alors contaminés, souligne l’écologue. «En plus de tuer les insectes ou les mauvaises herbes, les pesticides peuvent être toxiques pour une foule d’autres organismes, notamment les plantes, insectes, poissons, oiseaux non ciblés.»

Le déclin de la population de crécerelles mauriciennes à un effectif très faible a été en partie causé par les pesticides.

Les pesticides peuvent s’accumuler dans les plans d’eau à des niveaux qui tuent le zooplancton, la principale source de nourriture des jeunes poissons. Les pesticides peuvent également tuer les insectes dont se nourrissent certains poissons, les obligeant à voyager plus loin à la recherche de nourriture et les exposant à un plus grand risque face aux prédateurs. La détérioration de l’environnement à travers ces effets précités peut produire des débalancements dans l’écosystème avec un effet domino.

Les pesticides peuvent s’accumuler ou s’amplifier dans les organismes. Ce qui arrive lorsque le pesticide devient plus concentré à chaque niveau de la chaîne alimentaire. En conséquence, l’empoisonnement se répand loin des zones d’épandage. Il est estimé que le déclin de la population de crécerelles mauriciennes à un effectif très faible a été en partie causé par les pesticides. Les pesticides sont aussi connus pour être transportés de façon naturelle, comme par le vent et la pluie, jusqu’aux sommets des montagnes et aux pôles à des milliers de kilomètres d’où ils ont été rejetés, où ils empoisonnent et réduisent la biodiversité. Ils menacent aussi les espèces en voie de disparition. «Il semblerait que la petite chauve-souris insectivore endémique de Maurice (Mormopterus acetabulosus), désormais en danger d’extinction, soit l’une de ces victimes non ciblées de l’utilisation excessive de pesticides à Maurice.» L’utilisation excessive et inappropriée de pesticides favorise également le développement d’une résistance au pesticide chez les espèces ravageuses, nécessitant de nouveaux pesticides ou une plus grande dose de pesticides, qui à son tour aggravera les impacts non ciblés.

«À Maurice, l’accent est plus mis sur la pratique curative que la prévention. Il faut aussi savoir que les produits organiques ne sont pas des potions magiques.»

À savoir que parmi les animaux marins, les concentrations de pesticides sont plus élevées chez les poissons carnivores, et plus encore chez les oiseaux et les mammifères piscivores au sommet de la pyramide écologique. C’est l’une des façons dont les pesticides reviennent dans nos assiettes pour nuire à notre santé. L’humain n’est donc pas à l’abri. Les consommateurs sont exposés aux risques de résidus de pesticides et les planteurs eux-mêmes sont à risque, étant exposés à des produits chimiques nocifs. Ces produits chimiques sont sources de diverses maladies, cancers, maladies respiratoires, entre autres… Les conclusions des rapports sur les effets des pesticides sur la santé sont inquiétantes. Alors que des solutions existent pour sortir de l’agriculture toxique, comme le démontre, Aman Ramchurn.