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Roberto Michel: «Ça fait trois ans que je demande un nouveau fauteuil au ministère»
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Roberto Michel: «Ça fait trois ans que je demande un nouveau fauteuil au ministère»
Il a décroché son ticket pour les Jeux paralympiques de Paris en 2024, après avoir raflé la quatrième place au 100 m lors des derniers championnats du monde de para-athlétisme. Il a lancé un appel sur Facebook, expliquant que son fauteuil a plus d’une décennie dans les roues… Il lance donc un appel aux autorités. Entretien avec un jeune homme touchant qui accomplit déjà de belles choses...
Racontez-nous votre parcours…
Je suis originaire de Trou-d’Eau-Douce. Puisque je souffre de paralysie cérébrale depuis la naissance, je fréquentais l’école spécialisée Joie de Vivre à Centre-deFlacq. C’est durant cette époque que j’ai commencé le sport. Ma famille me soutient inconditionnellement et grâce aux revenus que ce sport m’apporte, j’arrive à les aider de mon côté. Je viens d’une famille modeste et on habite à cinq dans une petite maison… Mon métier m’a permis d’agrandir la maison pour qu’on soit plus à l’aise.
Expliquez-nous votre discipline en particulier.
Je pratique la course en fauteuil dans la catégorie T 34. Les catégories dépendent des handicaps. Ma catégorie englobe ceux ayant des déficiences cérébrales. Ma discipline demande un mode de vie adapté. Je me lève tous les jours à 5 heures, je prends mon petitdéjeuner et ensuite je vais m’entraîner. C’est ma routine quotidienne.
Comment avez-vous découvert le monde du para-athlétisme ?
Un jour, lors d’une fête de fin d’année, j’ai rencontré Jean-Marie Bhugeerathee (NdlR, l’entraîneur national au sein de la Mentally Handicapped Persons Sports Federation) et il m’a demandé si je voulais me consacrer au sport. Quelques mois plus tard, j’ai commencé à faire de la natation. J’en ai pratiqué pendant deux mois, ensuite un jour j’ai vu Noemi Alphonse qui s’entraînait pour la course en fauteuil. J’ai eu envie d’essayer… Je n’ai pas arrêté depuis.
Noemi Alphonse vice-championne du monde, Yovanni Philippe qui décroche la médaille de bronze, d’autres de nos athlètes qui terminent au pied du podium, y compris vous… Comment expliquez-vous un tel succès ?
Je pense que l’entraînement constant est la clé. Nous avons un bon entraîneur qui nous pousse toujours à nous améliorer. Le soutien de la famille et des amis est aussi très important. Nous avons aussi un psychologue qui nous suit. Mais c’est surtout le fait d’avoir un bon mental qui nous permet de progresser.
Pensez-vous que l’encadrement soit adéquat pour nos handisportifs ? Quid des autres athlètes ? Que faut-il faire de plus ?
Nous recevons un subside de la High Level Sports Unit. Cela dépend de notre performance. Mais nous avons aussi le soutien des sponsors qui nous aident beaucoup. L’encadrement est adéquat, mais plus, ça ne serait pas de refus...
Vous avez dit qu’avec un fauteuil neuf, vous auriez réalisé une meilleure performance lors des récents championnats du monde de para-athlétisme. Les caisses de la fédération sont-elles si mal en point qu’elle n’est pas capable de vous en fournir un ?
Mon fauteuil date de plus de 10 ans et si j’en avais un neuf, adapté à mes mesures, je suis persuadé que je ferais mieux. J’ai fait la demande au ministère pour un nouveau fauteuil il y a trois ans, mais en vain. Quand je suis rentré de Paris cette semaine, j’ai une fois de plus sollicité le ministère, mais on m’a dit de faire une demande, bien que j’attende depuis trois ans. Je ne suis affilié à aucune fédération mais au Magic Parasport Club. Nous manquons de fonds, ainsi un soutien du ministère est crucial. Comme je l’ai dit précédemment, les sponsors nous aident, mais ce n’est pas suffisant.
«Beaucoup de parents d’enfants handicapés veulent les cacher. Au contraire, il faut leur permettre de grandir et de se développer au sein de la société. Il faut les encourager à trouver une passion»
Vous gagnez combien par mois, est-ce suffisant pour pouvoir vous consacrer à votre sport ?
Je reçois une subvention de Rs 21 750 de la High Level Sports Unit mais cela ne suffit pas. Rien que pour mon alimentation, je dépense déjà Rs 5 000 à Rs 7 000 par semaine. Je suis apprenti coiffeur et cela m’aide un peu côté finances. Toutefois, c’est ma famille qui m’aide quand j’en ai besoin.
Quelles sont vos attentes pour Paris 2024 ?
Si j’ai un nouveau fauteuil, je suis persuadé que je pourrais décrocher une médaille aux JO. Je me sens motivé et je ferai tout pour être sur le podium.
Un message pour les jeunes, surtout avec le fléau de la drogue ?
Je m’adresse principalement aux jeunes portant un handicap. Il faut qu’ils se poussent à essayer de trouver une vocation et de s’y consacrer. Beaucoup de parents d’enfants handicapés veulent les cacher. Au contraire, il faut leur permettre de grandir et de se développer au sein de la société. Il faut les encourager à trouver une passion et un travail adapté à leurs capacités, à leurs envies. Je conseille aussi aux jeunes de ne pas se tourner vers la drogue car cela n’apporte rien de bon. Tandis que le sport peut leur permettre d’avancer et de sortir d’une situation de précarité. Pour ceux qui sont déjà dans l’enfer de la drogue, je pense que le sport et la détermination peuvent les aider à s’en sortir. Il faut juste faire l’effort…
Palmarès aux championnats du monde de Paris 2023
<p>4e au 100m</p>
<p>7e au 400m</p>
<p>8e au 800m</p>
<p><strong>Catégories ou compétitions</strong></p>
<p><strong>La lettre T est pour les coureurs et les sauteurs (Track) et la lettre F pour les lanceurs (Field). Le nombre indique la classe de compétition, comme la catégorie de poids de corps en judo. Le premier chiffre correspond à une catégorie d’athlètes, le second à un degré d’atteinte. Plus celui-ci est bas, plus l’impact du handicap sur la performance est important.</strong></p>
<p><strong>• Déficients visuels</strong></p>
<p>Pour les personnes atteintes d’un handicap visuel nonvoyants (T/F11) et malvoyants (T/F12-13).</p>
<p><strong>• Déficients intellectuels</strong></p>
<p>T/F20</p>
<p><strong>• Catégories 3 et 5</strong></p>
<p>Pour les athlètes dont le handicap est d’origine centrale et se caractérise notamment par un trouble du tonus musculaire, une paralysie ou un handicap assimilé. Ils pratiquent debout ou assis dans un fauteuil de course ou sur une chaise de lancer selon leurs capacités. T/F32-38 et T/F51-57</p>
<p><strong>• Catégories 4 et 6</strong></p>
<p>Pour les athlètes dont le handicap est de nature orthopédique : ils sont de petite taille, sont amputés, ou encore ont un handicap assimilé à une amputation. T/F40-47 et T/F61-64</p>
<p><strong>• Déficients auditifs</strong></p>
<p>T/F 60</p>
<p> </p>
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