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Lutte anti-tabac: quand fumer devient un jeu de cache-cache

3 août 2023, 11:00

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Lutte anti-tabac: quand fumer devient un jeu de cache-cache

Depuis 2003, le ministère de la Santé s’est engagé à mener une lutte acharnée contre le fléau du tabagisme en mettant en place des lois antitabac. En 2008, l’introduction des avertissements picturaux et écrits sur les paquets de cigarettes marquait un premier pas décisif. Puis, en 2023, Maurice a franchi une étape historique en devenant le premier pays d’Afrique à mettre en œuvre l’ensemble des politiques de lutte antitabac préconisées par l’Organisation mondiale de la santé, élevant ainsi son combat contre le tabagisme à un niveau inégalé.

Les autorités ont ainsi pris des mesures encore plus drastiques pour freiner la propagation du tabagisme chez nous. Pour rappel, depuis le 31 mai, les lieux publics sujets à l’interdiction de fumer sont : l’enceinte des établissements primaires secondaires et tertiaires, des hôpitaux, dispensaires, cinémas, marchés, food courts, supermarchés et les supérettes centres commerciaux, boutiques, transports en commun, arrêts de bus, cafés, bars, restaurants et discothèques, hôtels, parcs et jardins. Vous n’avez pas non plus le droit de fumer en voiture, même si vous êtes seul.

Les nouvelles réglementations stipulent également que dans les «espaces intérieurs» publics, il est interdit de fumer à une distance de moins de dix mètres d’une ouverture. La cigarette est également interdite sur le lieu de travail. Pour chaque infraction commise, une amende variant entre Rs 5 000 et Rs 10 000 est applicable. Si un fumeur récidive, une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an n’est pas à écarter… Entre la date d’entrée en vigueur de ces lois et la mi-juin – soit deux semaines – une vingtaine de personnes avaient été prises en contravention.

En tout cas, ces nouvelles lois ont bouleversé le quotidien des fumeurs. Habitués à «pomper» avec une certaine dose de liberté, malgré les restrictions, ils se retrouvent désormais à jouer les funambules pour griller une cigarette, scrutant nerveusement les alentours à la moindre apparition d’un policier. Nous avons recueilli le témoignage d’un fumeur, qui a préféré garder l’anonymat, dont la matinée aurait pu virer au cauchemar lorsqu’un policier en civil l’a surpris en train de fumer devant le bâtiment d’une compagnie privée. Heureusement pour lui, il a écopé d’un simple avertissement. «Enn sans polisié-la ti korek, sinon portmoné ti pou brilé la…» Sa collègue, elle, a discrètement dissimulé le mégot hors de la vue des policiers. De quoi inciter à la prudence.

Cependant, malgré ces restrictions, les fumeurs ne se laissent pas facilement décourager, addiction oblige. Au contraire, certains déploient ingéniosité et créativité pour contourner les règles. Selon des collégiens, ces mesures ne font que stimuler leur esprit inventif pour dénicher des recoins tranquilles où s’adonner à leur habitude. Tanya, une étudiante de 19 ans, confie qu’il lui est devenu plus complexe de fumer, car elle ne le fait pas chez elle, soucieuse de garder ce secret par rapport à ses parents. Mais elle s’adapte, elle trouve un petit coin tranquille où elle peut fumer en toute sérénité. «J’ai mes lieux de prédilection où je peux m’évader un instant, sans être dérangée. Alors, tout va bien», lâche-t-elle avec un sourire en coin.

L’art du trasé semble ainsi être élevé au rang de véritable savoir-faire. Le tout étant de ne pas se faire prendre pour que le compte en banque ne parte pas en fumée.