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Jeunes et homosexuels en 2023: la situation toujours pas gaie
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Jeunes et homosexuels en 2023: la situation toujours pas gaie
L’île Maurice, malgré son évolution sociale, continue de confronter des défis en ce qui concerne l’acceptation de l’homosexualité. Les hommes gays risquent toujours jusqu’à cinq ans de prison pour sodomie en vertu de l’article 250 du code pénal, bien que l’Equal Opportunities Act de 2008 interdise la discrimination basée sur l’orientation sexuelle. Cette dualité crée souvent une confusion pour les membres de la communauté LGBTQ+. Sur la scène internationale, le monde a été secoué par la tragique mort d’O’shea Sibley, un jeune homme gay de 28 ans poignardé à mort à Brooklyn pour avoir dansé avec ses amis sur une chanson de Beyoncé. Cette tragédie a souligné le climat d’insécurité persistant. À l’échelle locale, en 2018, une marche des fiertés à Port-Louis a été annulée en raison de menaces de groupes religieux. Plus récemment, le témoignage d’un jeune couple de femmes victimes de menaces de la part de leur communauté religieuse a suscité une onde de choc. Être jeune et gay à Maurice en 2023, demeure un défi. Témoignages.
Vaibhav Jeeta Jitmanyu, 25 ans, chargé de projet au sein de la Young Queer Alliance et entrepreneur
Quelles difficultés avez-vous rencontrées en raison de votre orientation sexuelle ?
Personnellement, je n’ai pas été confronté à de nombreuses difficultés car je m’affirme ouvertement. J’ai certes eu droit à des commentaires homophobes, que je méprise, mais finalement, ces personnes se sentent gênées. Je n’ai jamais eu honte de ma sexualité et j’ai toujours maintenu ma dignité. Même en ligne, je reçois occasionnellement des commentaires homophobes, mais je préfère me concentrer sur l’acceptation plutôt que sur l’hostilité. Les opinions divergent en société, donc je préfère trouver la paix avec tout cela et vivre ma sexualité librement. Je suis très croyant et pratiquant, on m’a déjà reproché l’incompatibilité entre mon orientation sexuelle et ma religion. Pour moi, l’amour de soi prime sur l’opinion des autres.
Comment s’est passé votre coming-out ?
Je n’ai pas vraiment eu besoin de faire un comingout. J’ai toujours vécu authentiquement. Au début, j’étais discret, confus et je me sentais anormal à cause de mon attirance pour les garçons. Une phase traversée par de nombreux membres de la communauté LGBTQ+. Vivant dans une société hétéronormative, je me suis tourné vers les filles à l’adolescence, mais cela ne me satisfaisait pas. Internet m’a aidé à mieux comprendre ma sexualité. J’ai parlé de mon orientation sexuelle lors d’un débat à l’école, ce qui a éloigné certaines personnes tout en en rapprochant d’autres, prêtes à s’éduquer. Mes parents ont appris ma sexualité de manière traumatisante, mais tout va mieux maintenant.
Vous sentez-vous en sécurité en tant que jeune membre de la communauté LGBTQ+ à Maurice ?
Les lois nous protègent de la discrimination, mais la réalité est différente. Les opinions permettent aux anti-LGBTQ+ de justifier leur intolérance. J’ai vu des affiches et vidéos homophobes à Maurice. L’épisode de 2018 reste en mémoire, créant une peur latente. À l’étranger, des gens sont exécutés pour leur homosexualité, nous devons donc garder cela à l’esprit.
Quels sont vos souhaits pour les droits de la communauté LGBTQ+ à Maurice ?
Je souhaite avant tout la légalisation du mariage pour tous. Nous devrions pouvoir nous marier et fonder des familles. Il est crucial d’amender l’article 250 du code pénal pour décriminaliser la sodomie, qui fait partie de la vie intime des homosexuels. Les droits des personnes transgenres doivent également être reconnus et protégés après leur transition. La transphobie représente une menace réelle.
Quel message avez-vous pour les jeunes qui craignent de faire leur coming-out ?
Sortir du placard est courant, mais pas nécessaire. Affirmez-vous et vivez librement. Soyez prêts émotionnellement et conditionnez votre entourage. Ne vous découragez pas, aimez-vous d’abord avant de rechercher la validation des autres.
K.M, 21 ans, étudiante
Quelles difficultés avez-vous rencontrées en société en raison de votre orientation sexuelle ?
Les regards dérangeants sont mon principal obstacle. Dans une soirée, danser avec une fille attire des regards et des jugements.
Comment s’est déroulé votre comingout et comment votre entourage l’a-t-il pris ?
Je n’ai pas encore fait mon coming-out auprès de mes parents. Mes amis et certains membres de ma famille sont au courant et m’acceptent. Annoncer cela à mes parents sera plus complexe et prendra du temps.
Vous sentez-vous en sécurité en tant que jeune membre de la communauté LGBTQ+ à Maurice ?
Je préserve ma vie privée en ligne, évitant ainsi les insultes et les menaces. Les commentaires homophobes sur les réseaux sont fréquents et instaurent la peur. Les membres de la communauté ont peur de vivre librement.
Quels sont vos souhaits pour les droits de la communauté LGBTQ+ à Maurice ?
Nous devrions être acceptés comme des individus à part entière. Je souhaite que nous puissions vivre librement sans discrimination ni jugement.
Quel message avez-vous pour les jeunes qui craignent de faire leur coming-out ?
Annoncer son orientation sexuelle prend du temps. Parlez-en à des personnes de confiance, car vous n’êtes pas seuls. Ne laissez pas la société vous convaincre qu’être LGBTQ+ est un tabou. Vivez votre vérité et aimez-vous avant tout.
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