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ABAIM : Ler Bolom Nwel desann lor baz
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ABAIM : Ler Bolom Nwel desann lor baz
Sur son huitième album lancé hier, ABAIM chante un Noël aux couleurs locales.
Chanter Noël sous les tropiques. Le «vrai» Noël mauricien. Pas celui des paysages enneigés et des cheminées, des clichés importés de l’hémisphère Nord, «ki pa kadre avek nou realite», comme le dit Marousia Bouvery, secrétaire de l’Association pour le bien-être des aveugles de l’île Maurice (ABAIM).
Il s’agit plutôt du Noël de la canicule de décembre, du Bolom Nwel qui, «pas par laport deryer parski ek so gro vant li pa pou kapav pas par linpos». Le Noël qui se dit, se vit, s’écrit en langue maternelle. C’est là le thème du nouvel album d’ABAIM, Enn Nwel Larkansyel, lancé hier.
Dix titres, mais en réalité 20 chansons, car la reprise des Jingle Bell, You better watch out et autres Rudolf the red nosed reindeer est assortie de la version en créole. Jingle Bell devenant ainsi Alime teign, You better watch out transformé en Vomye to chek sa et Down by the riverside métamorphosé en Pa pou aprann lager ankor. Fruits d’un travail de «re-création», de «ré-appropriation » de ces classiques de Noël.
«C’est en continu sur l’album, il n’y a pas de coupure entre la version en anglais et celle en créole», explique Alain Muneean, membre d’ABAIM. Une continuité, miroir du travail d’adaptation effectué par les enfants de tous âges de l’atelier du groupe ABAIM. «Nous avons réfléchi à ce que Noël veut dire, ce que la fête apporte. Ek kouma rann li pou nou». Les réponses sont nées de cette spontanéité qui n’appartient qu’aux enfants, «parski Nwel se dabor enn fet zanfan». D’où ces versions en créole traduites à partir du vécu des enfants.
Mieux maîtriser l’anglais
L’atelier d’accompagnement scolaire du samedi, commencé il y a trois ans, a pour objectif une meilleure maîtrise de l’anglais pour la trentaine de participants. Deux des principaux outils utilisés par l’atelier sont les chansons et la langue créole, pour faire en sorte que les enfants comprennent le sens des paroles en anglais qu’ils chantent. «Kan dir pe koz angle se pe zoure», lance ironiquement Alain Muneean.
Pour exemple : dans Rudolf the red nosed reindeer, «il y avait des enfants qui disaient, ‘they call his name’ au lieu de ‘ they call him names’, explique Alain Muneean. Suite logique de l’engagement militant d’ABAIM en faveur de la langue maternelle depuis 1992.
Enn Nwel Larkansyel a été enregistré, comme l’album précédent, dans le cadre acoustique particulier de l’église de Cassis, par les soins de l’ingénieur du son Philippe de Magnée. Un album de chansons de Noël lancé dès octobre ? «Nous n’avons pas une culture musicale d’albums de Noël», constate Alain Muneean. «Ce n’est pas normal d’attendre décembre car la fête est porteuse de tellement de bons sentiments que sa préparation ne peut se faire à la légère».
D’où le souhait d’ABAIM que ce huitième album trouve le chemin des écoles maternelles qui préparent leur spectacle de fi n d’année.
Aline GROËME-HARMON
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