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Abdool Hamidkhan Rossenkhan : «En tant que Consul, je jouis d''une liberté de pensée, d''action et d''expression»

6 février 2013, 15:09

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Abdool Hamidkhan Rossenkhan a été nommé consul honoraire au Botswana, l’année dernière. Il jouit d’une double nationalité, vivant au Botswana depuis les années 70. Rencontre.

 

Le 12 mars 2012, vous avez été nommé consul honoraire du gouvernement mauricien au Botswana. Quelle est l’utilité de cette nomination, alors que sur le plan diplomatique, le pays est déjà représenté par l’intermédiaire du haut commissaire mauricien à Pretoria ?


Compte tenu des circonstances actuelles, je conçois ces deux fonctions comme étant complémentaires. La nomination du haut-commissaire découle de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays le 19 novembre 1997. La fonction d’un consul va dans le sens d’un renforcement de ces relations diplomatiques. J’ai le privilège, de par ma naissance et mon itinéraire professionnel, d’être à la fois Mauricien et Botswanais. Je vis au Botswana depuis les années 70. Je faisais partie des nombreux Mauriciens qui se sont dirigés vers les pays africains à la recherche d’un emploi. Après mon contrat, on m’a offert la possibilité de le prolonger. Je m’y suis plu du fait que les Mauriciens étaient traités avec beaucoup d’estime. J’y suis resté. Mes quatre enfants y sont nés et sont donc citoyens, à part entière, du Botswana. Lorsque je me suis retiré du secteur public en 1992, j’étais Assistant General Manager. Puis, je me suis lancé dans les affaires. J’estime que mon pays natal a beaucoup fait pour moi et que la meilleure façon de le lui rendre,c’est de me servir de mon positionnement pour l’aider dans la mesure de mes moyens.


Les relations diplomatiques entre le Botswana et Maurice se sont renforcées ces derniers temps, avec la signature d’un certain nombre de protocoles d’accord, dont celui se rapportant à la santé. Qu’est-ce qu’un consul va apporter de plus à ce processus ?

Je me suis fixé, comme objectif, de contribuer à faire avancer les choses au niveau de chacun de ces protocoles d’entente sans, bien sûr, dépasser les limites de mes responsabilités. Je vois mon rôle beaucoup plus comme celui d’un facilitateur. Tout comme c’est le cas à Maurice, j’ai un carnet de contacts assez intéressant au Botswana. Je connais personnellement la plupart des politiques de ce pays. En tant que consul, je jouis d’une liberté totale de pensée, d’action et d’expression. Pour illustrer cela, je me permets de citer la conversation que j’ai eue avec le ministre botswanais du Travail. Elle a débouché sur la décision du ministre d’étudier la possibilité de déléguer son commissaire à Maurice pour prendre connaissance de l’expérience acquise par l’île en termes de protection de l’intérêt des travailleurs.


Quelles sont vos priorités ?

Il fallait plutôt parler de la priorité de mes priorités. Elle s’articule autour de la nécessité de promouvoir le Botswana comme le pied-à-terre, par excellence, de la percée de Maurice sur le continent africain. La performance que le Botswana a réalisée au niveau des fondamentaux d’un Etat moderne justifi e amplement ce positionnement. J’ai en tête son attachement à la bonne gouvernance, la politique de non-ingérence dans l’administration au quotidien des affaires de l’Etat, le respect rigoureux des règles démocratiques et la liberté d’expression notamment. Les organismes privés d’Etat qui jouent un rôle considérable dans le domaine de la promotion de différents pôles d’activités de Maurice de même que des opérateurs basés à Maurice ne sont pas suffi samment visibles et présents physiquement au Botswana. Ensuite, je vais m’engager à réanimer tout le processus ayantabouti à la signature des protocoles d’accord dans les domaines de la santé, de la technologie de l’information et de la communication, de l’éducation, de l’aviation civile. Ces protocoles constituent le passage obligé pouvant potentiellement faire monter en surface tous les bénéfi ces que les deux pays peuvent engranger sur la base d’une coopération bilatérale réfléchie et dynamique. Je m’attelle, en ce moment, à relancer les activités du Business Council du Botswana. L’idée est d’organiser le déplacement d’une délégation d’hommes d’affaires botswanais à Maurice. Je dois saluer les responsables du Board of Investors pour l’aide qu’ils m’ont apportée afi n de me permettre d’établir de précieux contacts avec les fonctionnaires.


 Quels sont les secteurs dans lesquels Maurice a une carte à jouer ?

Le fait d’être enclavé n’est qu’accidentel. Le Botswana n’est pas un pays cloisonné, encore moins un pays renfermé sur luimême. Son taux de croissance de 5,7 % en 2011, bien au-dessus de la moyenne des pays de la région subsaharienne à un moment où l’Europe est traversée par une crise sans précédent, et son Produit intérieur brut par tête d’habitant de $ 9 537 contre $ 8 742 pour Maurice en constituent une preuve irréfutable. Les activités des secteurs où Maurice a atteint le seuil de plafonnement peuvent être transférées dans ce pays. Ce transfert de savoir-faire pourrait représenter de nombreuses opportunités pour nos jeunes diplômés et professionnels. Pour entamer la prochaine étape de son développement, le Botswana a besoin de générer les compétences appropriées. Cela peut d’abord se faire par la formation octroyée à Maurice même et par un transfert de compétences et de savoir-faire réalisé sur place par des Mauriciens. Prenons le secteur du tourisme. Un protocole portant sur le service aérien a été signé le 10 mai 2012 entre les deux pays. C’est un facteur indispensable dans le développement de ce secteur. Les opportunités pour faire des affaires et instaurer des projets à risques partagés existent bel et bien. Il faut aller les chercher. Elles appartiennent à ceux qui n’ont pas peur de prendre des risques calculés.

Propos recueillis par Lindsay Prosper

Lindsay Prosper