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Alain Beetun : Une passion qui fait carillonner à nouveau les horloges d’église

8 janvier 2012, 00:00

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Alain Beetun : Une passion qui fait carillonner à nouveau les horloges d’église

Si les horloges de la basilique Ste-Hélène, et des églises Ste-Thérèse et de St Pierre de même que celle du collège St-Joseph ont retrouvé leur allure d’antan, c’est grâce à Alain Beetun, un ex-employé de Taylor Smith devenu horloger sur un coup du hasard.

Le temps au collège St Joseph se déploiera désormais selon la mesure et le rythme d’une horloge mécanique datant de 1951 mais qui depuis 2007 ne fonctionnait plus. L’exploit porte la griffe d’Alain Beetun qui, par pur hasard, s’est bâti une véritable réputation nationale dans le domaine de la réparation d’horloges mécaniques.

En effet, c’est aux termes d’une incohérence dans le fonctionnement de l’horloge de l’église Ste-Thérèse, Curepipe, que démarrera le parcours d’Alain Beetun dans l’univers des horloges mécaniques des églises. « Nous sommes en 1990. Sur le coup de midi, je me trouve à proximité du parvis de l’église Ste-Thérèse. C’est avec une joie immense que je me laisse bercer par la mélodie de la sonnerie à midi. Malheureusement, ma joie sera de courte durée lorsque je regarde dans la direction de l’horloge. Le son indique certes qu’il est midi mais les aiguilles de l’horloge montrent qu’il est 14 heures », raconte Alain Beetun.

« Cette situation m’a littéralement mis hors de moi, ajoute-t-il. Comme si une voix me disait que cela ne sert à rien de pleurnicher devant une telle situation mais plutôt de chercher la solution appropriée. »

Alain Beetun ne perd pas de temps et s’en va faire part de sa gêne auprès du sacristain, le regretté Hervé Bienvenu. Il apprend que l’horloge a été réparée à plusieurs reprises et que ces interventions n’ont pas donné les résultats escomptés.
Il demande alors au sacristain s’il y a un moyen de lui confier le sort de cette horloge afin de la réparer. Ce dernier organise une rencontre entre Alain Beetun et le regretté Robert d’Argent, responsable de la fabrique.

Ce dernier accepte de lui confier le sort de l’horloge de l’église. « Il était très coopératif et me donnait l’impression que son pessimisme l’importait sur ma détermination démesurée à faire revivre cette horloge. » Et ce qui ne devait pas arriver, arriva. L’horloge de l’église de Ste-Thérèse marche définitivement.

« Mon parcours professionnel au sein de la société Taylor Smith m’a permis de comprendre le fonctionnement de la mécanique mais jamais je ne me serais imaginé dans le monde inconnu que celui de la réhabilitation, plutôt du recyclage, de vieilles horloges », estime Alain Beetun.

« Je crois que quelque chose s’est produit en moi, le jour où mon attention a été attirée par le dysfonctionnement de cette horloge. Une chose est sûre : j’étais persuadé que je pouvais faire l’impossible. Un miracle, me diriez-vous ! Je vous laisse le soin de tirer vos propres conclusions. Mais le fait est qu’à ce moment précis, j’ai été amené à prononcer un acte de foi dans ma capacité à faire ce que je n’avais jamais fait auparavant. Et surtout à joindre l’acte à la conviction qui venait de s’emparer de moi. »

La prochaine étape qui va créer les conditions qui lui permettront de s’engager dans le domaine de la réparation d’horloges s’articulera autour d’une rencontre avec Paul Ducray, antiquaire bien connu. Cette rencontre aura pour point de départ un constat de la part de l’antiquaire. L’horloge marche. Et ce n’est pas une illusion. Il emprunte la même voie qu’Alain Beetun au moment où le dysfonctionnement de l’horloge a été constaté, à savoir la sacristie.

Il veut absolument connaître l’identité de celui qui est à l’origine de ce petit ‘miracle’. Il veut absolument rencontrer l’homme qui a flambé son âme d’antiquaire témoin qu’il est de la disparition lente mais sûre de certains patrimoines rares faute justement de compétence en matière de récupération ou de recyclage.

« Il m’a félicité pour mon travail et m’a fait comprendre que j’ai entre les mains un métier caché. » Mieux qu’un métier, une véritable vocation. Sa tête telle la bande magnétique d’un appareil d’enregistrement était devenue le siège incontestable des sons des clochers des églises et de la mélodie des carillons. Un aspect déterminant dans le dispositif traditionnel mis en place par l’église pour favoriser une adhésion spatio-temporelle à la spiritualité qu’elle promeut.

C’est ainsi qu’Alain Beetun va écrire une nouvelle page de son itinéraire professionnel qui s’est arrêté le jour où il a été remercié par Taylor Smith dans le sillage d’un programme de restructuration. A partir de là, sa réputation s’est bâtie.
Des paroissiens de Ste-Hélène se souviennent encore de ce jour inoubliable lorsqu’ils ont été ramenés une vingtaine d’années en arrière quand soudain, la mélodie de la série des cinq cloches du carillon de l’Ave Maria de Lourdes a solennellement retenti de nouveau dans le cadre du mois consacré à la Vierge Marie.

Alain Beetun désormais accompagné de son épouse Mijanou est passé par là. Car entre-temps, la passion pour la remise en état d’horloges mécaniques est devenue une véritable affaire de famille. Une famille qui va s’agrandir avec la venue de Seeven Ramen qui, lui aussi, s’est laissé gagner par l’amour pour le métier de réparation d’horloges. Alain Beetun a également fait le bonheur des paroissiens de St Pierre.

L’atelier d’Alain Beetun est devenu par la force de sa persévérance, une destination incontournable pour toutes les horloges qui, pour une raison ou une autre, n’ont pu suivre le rythme du temps. Un phénomène qu’elles étaient censées surveiller à la seconde près.