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Ali Mansoor: « Mes valeurs m’ont permis de faire des choix »

11 février 2010, 11:29

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iD : En quelle année êtes-vous né ?

Ali Mansoor : En 1957. Et bien entendu, c’est une bonne année.

Vous n’allez pas prétendre que vous croyez en cette sottise qu’est l’astrologie…

Non ! (Rires) C’est juste que je suis cette année-là…

Jouissant de la réputation d’avoir un esprit rationnel, si vous croyiez en l’astrologie, cela aurait été un premier paradoxe.

Oui, mais, en revanche, j’ai découvert l’astronomie au collège du St-Esprit avec le Père Mansfield.

Avec votre ami Bhasker Desai aussi…

Oui c’est mon grand ami…

Ce serait intéressant de faire un reportage sur vous et Bhasker Desai scrutant le ciel…

Avec plaisir, sauf que lui a progressé alors que moi je suis toujours au même point, car j’ai dû aller m’occuper d’autres choses.

Vous avez tout de même un peu progressé dans d’autres secteurs…

Oui, enfi n j’ai dû progresser, mais j’admirais le Père Mansfi eld. Je lui dois, en partie, cette rationalité qui me caractérise. Mes valeurs, c’est auprès du Père Mansfi eld et du Père Adrien Wiehe que je les ai acquises, surtout au Collège du St-Esprit. Là, dans ce collège, ont été renforcées les valeurs acquises auprès de mes parents. Elles m’ont permis de faire mes choix.

Les plus âgés se souviennent que, vers la fi n des années 60, dans le bouillonnement de l’indépendance, votre mère, le Dr Shirin Mansoor et, votre père, le Dr Iboo Mansoor, étaient des avowed unbelievers. Puis, suite à leur rencontre avec le Swami Venkatesananda, ils commencèrent à faire du yoga. Ils découvrent ainsi la Divine Life et finirent par en devenir membres.

À partir de cette expérience de simple vie intérieure, que les positivistes qu’ils étaient jusque-là avaient jugé pure chimère, votre père va découvrir qu’il est musulman, votre mère redécouvre qu’elle est juive… Tout cela entre Six Jours et Kippour…

Au fait, mon père découvre d’abord un attrait pour le christianisme.

C’est bien plus tard qu’il retournera vers ses racines musulmanes. Permettez-moi de préciser une chose bien plus fondamentale : ma mère admirait le Swami Venkatesananda pour ses articles et c’est ainsi qu’elle est allée à sa rencontre.

A cette époque, étant noncroyante, elle lui dit « Swami, comment une personne de votre intelligence peut-elle aussi écrire des articles sur Dieu, alors qu’il existe tant de souffrances sur terre ? » Il ne lui a pas répondu. D’ailleurs, je devrais tirer davantage de leçons de la sagesse du Swami, afin de moins m’exposer à des disputes. Le Swami demanda à ma mère : « Do you believe in doing good ? » Réponse positive. Réplique de l’homme: « C’est suffisant! Si tu crois dans le bien fais en sorte de faire le bien… »

Ceci l’a bouleversée pour ainsi dire et l’a conduite vers la foi et la croyance. Ma mère a également permis à mon père de retourner vers sa foi musulmane.

Le message du Swami était : « Si l’on croît en la bonté de Dieu, on croit aussi qu’il y a des milliers de façons d’aller vers Dieu. Si vous êtes musulman, soyez un bon musulman, si vous êtes chrétien, soyez un bon chrétien. Le message fondamental est la compassion ». Avant de faire quelque chose, il faut réfléchir d’abord. À partir du moment où il apparaît qu’une action quelconque pourrait causer du tort à autrui, il faut la repousser…

Croyez vous en cela ?

Absolument ! Le Père Adrien Wiehe m’a beaucoup marqué en formation morale, au Collège du St-Esprit. Il était aussi mon recteur.

Il y a beaucoup de pères dans votre itinéraire, Iboo, Adrien, Eamon…

Les leçons les plus importantes que j’ai apprises viennent du Swami, mais aussi du Outlook and Mental Framework, du Collège du St-Esprit. Les deux prêchent le même message de tolérance.

Vous croyez au fait que toutes les religions sont porteuses de vérité. C’est une position rationnelle moderne de nos jours. Et cela a toujours été la grandeur de la tradition hindoue. Malheureusement, vos parents étaient issus davantage de l’Unicité que des multiples possibles. Et vous vous retrouvez, you the siblings, entre la Mecque et Jérusalem, enfants des territoires occupés

Absolument !

Ceci étant, approches rationnelles ou traditions matrilinéaires, du fait que votre mère est juive, vous l’êtes également…

Ceci est vrai. Mais je n’ai aucun problème à dire Lailaha illallah Muhammadur Rassool Allah (Il n’y a de Dieu que Dieu et Muhammad est son prophète). Mais finalement, pour moi, il n’y a aucune différence.

Monsieur le secrétaire financier…

Je préfère que les gens m’appellent Ali…

Ça fait un peut chiite ça…

Pfff… la division est facile.

Je préfère penser aux facteurs d’unification. Il y a trop d’esprit de division à Maurice.

Moi, je dis que je suis mauricien! Quand donc les gens comprendront-ils ce que cela veut dire ?

Il faudrait que les gens puissent vous comprendre.Ne pensez-vous pas qu’il faut un peu moins de raideur, paraître plus disponible, rire un peu avec les gens, boire un coup…

Je crois que vous avez raison et que je dois en effet faire un travail sur moi-même, notamment sur la Emotionnal Intelligence.

Même là vous répondez de manière clinique… Les gens qui vous connaissent un peu reconnaissent votre valeur, ils disent que vous êtes exceptionnel, que le gouvernement, grâce à vous, a économisé, voire obtenu, beaucoup d’argent. Mais comment vous faire sortir de cette image détestable de boy-scout aux aguets ? Comment vous mettre en valeur ?

Je le reconnais. Il y a des gens qui disent qu’il est plus facile de faire en sorte de renforcer ses qualités, alors que c’est plus difficile de changer ses défauts. Peut-être ai-je vainement tenté de faire trop de choses en même temps. Mon épouse dit qu’elle ne supporte pas mon BlackBerry et mon ordinateur. Evidemment, si je l’avais davantage écoutée, j’aurai moins fait pour le pays, et pour le gouvernement.

Prenons un engagement.Supposons que le pouvoir actuel soit reconduit, que Sanjay Jagatsingh ne soit pas le ministre des Finances et que Sithanen vous conserve auprès de lui, seriez-vous disposé à faire un «bilan-image» le 12 février 2011 ?

- Je suis prêt !