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Amédée Darga : « L''Afrique est une zone de croissance incontournable pour Maurice »

11 décembre 2011, 11:25

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Le président d''''Enterprise Mauritius, qui est un spécialiste de l''Afrique, salue les efforts consentis par le gouvernement pour soutenir les entreprises qui se lancent à la conquête du marché africain. Explications...

La nomination de deux ambassadeurs itinérants en Afrique semble être une mesure plutôt minimaliste. Pensez-vous que c''est suffisant pour mettre Maurice à l’agenda économique africain ?

C’est une très bonne décision d’avoir deux ambassadeurs itinérants. C’est une décision très forte qui donnera un bon punch à la diplomatie économique de Maurice sur le continent africain si les nominés ont autant la connaissance des affaires qu’une bonne connaissance pragmatique et disposent des réseaux de relations dans les pays.

Concrètement, quel pourrait être l’apport de ces ambassadeurs ?

Maurice est déjà sur le terrain africain. Plusieurs opérateurs économiques, certains grands, d’autres moyens, sont déjà en activité dans plusieurs pays en tant qu’investisseurs, exportateurs ou pourvoyeurs de services. Les deux ambassadeurs itinérants devraient permettre à renforcer cette démarche, à motiver plus, à ouvrir des portes pour de plus grandes opportunités de marchés, surtout le marché public qui est très important dans ces pays. Ils devraient, de plus, permettre de surmonter rapidement les obstacles quand il y en a, d’élargir la géographie du champ d’action des opérateurs mauriciens et surtout de renforcer le rôle de notre pays comme tremplin pour les investisseurs de l’Asie vers l’Afrique.

Comment peuvent se traduire des relations économiques plus fructueuses entre Maurice et des pays africains ?

Maurice est déjà sur le marché mais on peut beaucoup plus. Déjà, 19% des exportations des produits de Maurice sont sur le marché africain. De janvier à septembre 2011, nous sommes passés à 20%. Cela n’inclut ni les exportations de services tels ceux du secteur des TIC qui, en 2010, ont exporté sur la région pour presque Rs 1 milliard, ni les investissements qui se font comme celui d’Omnicane au Kenya.

Vous êtes optimiste en ce qui concerne l’exportation vers l’Afrique ?

Sans être présomptueux, je suis certain qu’on peut augmenter nos exportations de biens et services, plus les réexportations du port franc au-delà de Rs 15 milliards d’ici 2013.

Si les conditions sont réunies ici même, nous pouvons faire venir à Maurice environ 2,000 à 3,000 étudiants africains sur les trois prochaines années. Les investissements des opérateurs mauriciens pourraient augmenter.

Y a-t-il un avenir pour le secteur des services?

Si quelques lignes aériennes africaines sont permises d’atterrir à Maurice, nous pourrions y faire venir au moins quelques 20,000 touristes africains pour le shopping. Le récent mariage de ce jeune nouveau riche sud-africain noir à Maurice, qui a fait venir environ 200 de ses amis et a dépensé selon les journaux sud-africains presque 10 millions de Rands, est un signe précurseur qui devrait inciter certains de nos hôtelier à travailler des offres ciblant ce marché. De toute façon, la montée de la classe moyenne africaine offre des perspectives à condition de se préparer à offrir une prestation appropriée à une clientèle noire !

Par ailleurs,  les consultants mauriciens devraient se préparer à être de solides chasseurs d’opportunités d’affaires en Afrique. Ils pourraient les apporter aux hommes et femmes d’affaires de l’Inde, de Chine ou d’ailleurs. Nous sommes encore trop peu dans ce domaine.

Que diriez-vous à ces entrepreneurs mauriciens qui sont découragés par l’image d’instabilité politique, d’insécurité économique et de lenteur administrative qui est attribuée aux pays africains ?

Vieille rengaine trop ressassée ! Parmi les 54 pays d’Afrique, il y a aujourd’hui une bonne trentaine qui ne correspond plus du tout à ce cliché, qui connait les conditions de croissance et offre de très bonnes opportunités d’affaires d’une manière ou d’une autre. Même le magazine The Economist, dans son dernier numéro, claironne que le continent africain est celui vers lequel il faut se ruer. Pour Maurice, l''Afrique est notre zone de croissance incontournable.

Investir en Afrique n’est donc pas une entreprise particulière ?

Il n’est pas plus difficile de rentrer sur le marché africain que sur le marché indien, chinois ou même européen. Il faut s’y préparer correctement. La diplomatie est un instrument très important pour ouvrir les marchés africains.
 
Qu’entreprend Enterprise Mauritius pour encourager les entrepreneurs mauriciens à s’aventurer en Afrique ?

Huit axes d’actions. Premièrement, en 2011 nous prévoyons des actions de promotions très fortes avec des délégations d’opérateurs sur le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud de même que sur Madagascar.

Deuxièmement, nous allons multiplier nos études de marchés pour le bénéfice des exportateurs. Nous avons déjà commandité cinq études sur divers produits et pays. Troisièmement, nous prévoyons de faire venir un inward buying mission d’une vingtaine de décideurs publics dans le secteur des TIC afin de leur faire voir ce qui a été fait à Maurice et de les faire rencontrer nos prestataires de services. Quatrièmement, nous allons aider l’éducation tertiaire à promouvoir auprès des étudiants africains de la région australe et de l’est. Cinquièmement, nous allons motiver plus d’entreprises à utiliser notre service d’alerte des appels d’offres dans la région. Sixièmement, Enterprise Mauritius devra organiser des causeries de motivation et d’informations à l’ intention des opérateurs mauriciens. Septièmement, nous allons mettre en place une petite cellule de facilitation aux exportateurs et enfin huitièmement, continuer nos actions avec les autres institutions telles que le Ministère des Affaires Étrangères pour réduire voire éliminer en bilatéral les barrières non-tarifaires qui entravent des fois nos exportations.

La Rdaction