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Amar Deerpalsing : « Les PME n’ont pas bénéficié des mesures d’aide votées »
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Amar Deerpalsing : « Les PME n’ont pas bénéficié des mesures d’aide votées »
? Dans quel état se trouve actuellement le tissu de petites et moyennes entreprises (PME) ?
La situation est devenue chaotique, du fait de la situation économique difficile. Le budget passé n’a pas apporté la bouffée d’oxygène promise. En fait, on nous a annoncé que des mesures avaient été votées, mais rien de concret ne s’est matérialisé. Nous sommes confrontés à une énorme machine administrative et à un phénomène de «red tapism» (paperasserie administrative) qui entraîne des retards très importants dans l’application des mesures. Les PME ont passé la crise financière internationale et la crise de l’euro sans obtenir de l’aide. Nous sommes découragés, et si on continue comme cela, le tissu de PME va se désagréger.
? Pourtant, l’«Economic Restructuring and Competitiveness Programme» (ERCP) devait faire un effort particulier en direction des PME ?
Nous sommes toujours dans l’attente. Au niveau de la Development Bank of Mauritius (DBM), le mécanisme d’aide n’a toujours pas été mis en place. Le gouvernement devait mettre des terres à notre disposition afi n que nous puissions créer des villages de PME, on en est toujours au stade de la négociation avec la Mauritius Sugar Producers Association et à la phase de test pour savoir si les terres éventuellement allouées sont aptes à la mise en place des projets. Le budget pour la création d’un «Permanent Exhibition Center», qui permettrait aux PME de présenter leurs produits, a été voté, mais le terrain pour la construction de ce centre n’a toujours pas été identifié.
? Dans quels secteurs les PME souffrent-elles plus particulièrement?
Dans le textile, où elles constituent un réseau de sous-traitants. Les entreprises qui travaillent dans le tourisme – et plus particulièrement celles qui collaborent avec les toursopérateurs – souffrent également beaucoup.
Dans les hôtels, la baisse de fréquentation touche les «boat houses». Nous constatons qu’il y a des restaurants à vendre, même dans le Nord. Par ailleurs, la Small and Medium Enterprise Development Authority (SMEDA) vient de fermer des boutiques d’artisanat. Je crains qu’il n’y ait de nouvelles fermetures.
Le problème, c’est que le bureau central des statistiques a changé sa défi nition des PME. Donc, désormais, les comparaisons vont être compliquées.
? Qu’attendez-vous du prochain budget ?
Le problème, c’est qu’encore une fois, on va voter des mesures qui n’auront aucun résultat, car elles ne seront pas concrètement mises en application. Dans toutes les présentations de budget, il y a un effet d’annonce, avec, théoriquement, des mesures votées, mais les PME n’arrivent jamais à accéder aux fi nancements.
Le gouvernement nous dit qu’il existe des mesures budgétaires, mais rien ne se concrétise. Par exemple, la SMEDA devait aider à financer de nouveaux projets et promouvoir la modernisation des PME à travers l’Acquisition of Technology Scheme mais depuis février dernier, rien n’a été versé. Même chose pour le mécanisme théoriquement destiné à faciliter l’accès des PME mauriciennes aux foires internationales : rien n’a été organisé. Et Enterprise Mauritius estime de toutes les façons que les PME n’exportent pas. Nous ne comprenons plus, et nous n’avons plus foi dans ce que la machine gouvernementale peut faire pour les PME.
? Que souhaitez-vous concrètement?
Il faut que les PME disposent d’une représentation dans les instances décisionnelles. Or, ça n’a pas été le cas dans l’Additional Stimulus Package (ASP) et ce n’est pas le cas dans l’ERCP. Dès lors, les mécanismes d’aide sont souvent réorientés vers les plus grosses entreprises. Si on veut aider les PME, il faut une véritable volonté.
Cela passe par une étude sérieuse des dossiers et non par une réunion mensuelle et la création de sous-commissions. Nous demandons une approche plus flexible pour les PME afin qu’elles puissent accéder aux outils de soutien. Les antennes de la SMEDA et de la DBM ne sont pas efficaces. Ces organisations devraient être restructurées et réunies sous un même toit, pour devenir plus performantes.
? Dans ce contexte, quel devrait être le rôle des banques?
Il faut que les banques jouent enfin le jeu. Dans le cadre de l’ASP, elles avaient signé un «Memorandum of Understanding» pour financer les PME à hauteur de Rs 300 millions. Il n’ y a eu que 3 ou 5 bénéficiaires, pour un montant total déboursé de Rs 15 millions.
Dans le cadre de l’ERCP, on a modifié le mécanisme en annonçant des prêts aux PME à un taux correspondant au repo rate plus 300 points de base. Mais cela n’a rien changé. Les banques considèrent les PME comme un risque trop important. Les banques n’acceptent pas les carnets de commandes fermes, les machines ou les stocks comme collatéraux, contrairement à ce qui passe avec les grosses entreprises.
Pour obtenir des crédits, les patrons de PME doivent engager leur maison ou des terrains. Pourtant, le dernier rapport de la Banque mondiale dit que les PME constituent le secteur le plus productif à Maurice. Cette institution souligne d’ailleurs que pour les PME mauriciennes, le principal problème, c’est l’accès aux financements.
 
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