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Andry Rajoelina s’accroche à la Feuille de route

23 novembre 2012, 00:00

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Andry Rajoelina s’accroche à la Feuille de route
Le président de la Transition résiste à toute autre tentative de sortie de crise. Pour lui, seul compte le document censé gérer la transition, signé le 17 septembre 2011.

En dehors de la Feuille de route, point de salut. Andry Rajoelina a laissé entendre qu’il n’était pas disposé à suivre une autre démarche comme voie de sortie de crise, en dehors de ce document qui doit, en principe, gérer la Transition.

« La Feuille de route est notre premier accord politique et c’est la loi en vigueur en ce moment. Au-delà de cette réalité, tout le monde peut organiser des réunions et émettre des propositions car il est question de la gestion de la Nation et de la population malgache », a soutenu le président de la Transi­tion en marge du lancement du projet « Lalankely » dans la capitale, hier.

Andry Rajoelina qui a affiché une mine sereine, s’est montré plus explicite sur sa position. Il a souligné, une fois de plus, la con­crétisation de toutes les exi­gences formulées jusqu’ici pour conclure à l’inutilité d’aller au-delà de la situation actuelle.
Certes, le président de la Transition ne s’oppose pas à des projets de tentative de sortie de crise en dehors de la Feuille de route, mais il n’adhère qu’à cette dernière option. « Nous avons élaboré la Feuille de route pour pouvoir aller vers les élections. Si nous revenons en arrière, des demandes avaient été formulées pour la mise sur pied d’une gestion collective de la Transition par les forces vives de la Nation. C’est ce qui a été fait », a-t-il rappelé. « Nous avons installé la CENIT, instauré le système du bulletin unique et la transparence dans la préparation des élections. Je ne vois meilleure transparence que maintenant », a-t-il insisté.

Il s’était déjà exprimé sur le sujet le 14 novembre. Il avait alors donné l’impression de laisser une porte entrouverte aux négociations alors que l’ancien président Marc Ravalomanana réclamait un « accord politique » pour son retour et sa candidature. « Nous sommes disposés à écouter. Tout peut être débattu si cela est nécessaire », avait-il déclaré. Cette fois-ci, l’annonce est claire concernant sa position quelle que soit l’issue des « réunions » et des « propositions » sur la table.

Porte fermée


Avec une telle position, le président Andry Rajoelina ferme un peu plus la porte à la candidature de son principal rival, comme il l’avait promis. La période de six mois de résidence « physique » avant le premier jour de dépôt de candidature exigée par le code électoral et les condamnations judiciaires qui pèsent sur l’ancien président constituent des obstacles majeurs à son projet électoral.

Le président de la Transi­tion veut maintenir le cap alors que des voix s’élèvent pour critiquer la mise en œuvre de la Feuille de route. Ces initiatives sont favorisées par l’hésitation de la Communauté de développement de l’Afrique australe et par les divergences persistantes entre les protagonistes.

Des parlementaires issus des entités signataires du document censé gérer la Transition, dénoncent un « blocage » dans l’application de celui-ci, selon Seramila Beza. Ils ont lancé un appel au Conseil chrétien des Églises (FFKM) qui organise la réunion de son comité central annuel et s’apprête à révéler son plan de réconciliation, dont le contenu est gardé secret. Pour sa part, le Pr Raymond Ranjeva, ancien vice-président de la Cour internationale de la Justice, a réclamé une nouvelle transition.

Guy Rivo Randrianarisoa, porte-parole de la mouvance Ravalomanana, a indiqué quant à lui qu’il « n’est pas contre » l’application de la Feuille de route. « Cependant, le problème est que le discours ne correspond pas à l’acte. Quand on met en œuvre la Feuille de route, il faut le faire jusqu’au bout et d’une manière intégrale et non parcellaire », a-t-il déclaré.

Offensive sur le terrain

Cela prend de plus en plus l’allure d’une précampagne qui ne dit pas son nom. Andry Rajoelina, président de la Transition, a entamé une série de lancements de projets et d’inaugurations de ses réalisations. Pourtant, il a réfuté toute propagande avant la lettre derrière sa démarche. « Pour ce qui est de la neutralité, chacun a sa manière de l’interpréter. Les dirigeants ne peuvent pas obliger l’Administration et les agents de l’État à soutenir des candidats durant la propagande. La recherche du bien-être de la population ne devrait pas être mêlée à cela », a soutenu Andry Rajoelina, hier à Tsaramasay.

Il a refusé de revoir son agenda des prochains jours, marqué par des inaugurations de propagande avant la lettre. « Au cours de leur mandat, les dirigeants doivent montrer à la population leurs réalisations. Est-il concevable de garder secret et de ne pas inaugurer le temple du rugby Au contraire, les gens encouragent même à l’inaugurer en grande pompe. Nous allons en faire autant avec le théâtre d’Antsonjombe, le 8 décembre », a-t-il expliqué. « Nous avons construit neuf hôpitaux en un an et demi. Ainsi, il faut motiver et soutenir les gens qui ont des idées en faveur de la population », a-t-il poursuivi.

Andry Rajoelina a profité de l’occasion pour critiquer ses adversaires potentiels. « Vous devez savoir ce qu’ont accompli des membres du Congrès, du Conseil supérieur de la transition, voire des vice-présidents durant leur mandat. Ont-ils réalisé des projets en faveur de la population », a-t-il souligné.

La Feuille de route exige la neutralité des chefs d’institution et des institutions durant la période électorale. Norbert Ratsirahonana, conseiller spécial d’Andry Rajoelina, avait remarqué l’absence de dispositions légales contre les inaugurations sauf durant la période de propagande. « Mais qui ne fait pas de propagande en ce moment », s’est interrogé l’ancien chef de l’État. Cette entorse avait pourtant été critiquée par les partis d’opposition au régime de Marc Ravalomanana, désormais au pouvoir sans pour autant la réparer.

L`Express de Madagascar