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Anja Rabetsimamanga, jeune gynécologue entre le bloc opératoire et le bénévolat
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Anja Rabetsimamanga, jeune gynécologue entre le bloc opératoire et le bénévolat
Quatre cent quatre-vingt- dix-huit femmes malgaches sur 100 000 meurent durant l’accouchement. Comment expliquer un chiffre aussi élevé ? Les médias malgaches s’interrogent constamment sur la raison qui fait que bon nombre d’accouchements soient encore si difficiles à mener à bien.
Le blâme repose souvent et à tort parfois sur les épaules du corps médical. Car de nombreux spécialistes font tout pour sauver la vie des mères et des bébés. Le Dr Anja Rabetsimamanga fait partie de ces jeunes gynécologues qui essaient de réduire la mortalité maternelle et de lutter au quotidien pour sauver des vies pendant les délivrances. Cette femme douce et souriante subit une pression énorme. Mais elle est toujours aux anges quand elle réussit un accouchement et qu’elle voit une femme sortir radieuse de la salle de travail avec son bébé sur les bras.
Elle avoue que le métier de gynécologue est stressant en général mais elle dit toujours «qu’on n’a pas le droit de ne pas savoir. On est obligé de réussir». Et c’est cette phrase qui la motive à ausculter et à suivre de près plus de 200 femmes enceintes mensuellement et ce, jusqu’à l’accouchement.
La motivation du Dr Anja Rabetsimamanga vient aussi du fait qu’elle soit femme «éclaireuse». Une voie qu’elle a choisie depuis l’âge de huit ans et qui l’a dirigée vers son métier. En tant qu’éclaireuse, servir les autres est aussi sa mission et c’est ce qui la différencie des autres membres du personnel soignant.
«Éclaireuse»
Anja ne manque pas de dire qu’heureusement, elle est éclaireuse car cette formation l’a aidée à faire face à n’importe quelle situation qui se présente à elle. En effet, si le personnel soignant a étudié la médecine, ce qui est aussi le cas d’Anja, grâce à l’Association des femmes éclaireuses de Madagascar qu’elle a intégrée, elle a gagné en termes de leadership et de bonne gestion. Elle est d’ailleurs membre du bureau de cette association et coordonnatrice du volet santé.
Elle ne s’active pas qu’à la clinique où elle travaille d’arrache-pied pour minimiser les dangers liés à l’accouchement. Elle se rend aussi dans les communes rurales où elle mène avec ses consoeurs une sensibilisation à une maternité sans risque, à la santé sexuelle et reproductive, à l’hygiène corporelle, à la nutrition et à bien d’autres sujets encore que les femmes devraient connaître.
Elle consacre aussi les trois quarts de ses jours de congé à l’éducation des jeunes et des adultes sur des sujets auxquels ils ne prêtent pas trop attention en général. «À Madagascar, notammentdans les milieux ruraux,la santé est un domaine quine préoccupe pas les ménages. C’est pourquoi nous misonssur la sensibilisation, pour faireen sorte que chaque ménageprenne en main sa santé», explique-t-elle.
Sa présence est un plus pour l’Association des femmes éclaireuses à Madagascar. «Elle nous est très utile lors des camps que nous organisons régulièrement car elle est toujours disponible.De plus, avoir un médecin spécialiste dans nos rangs est excellent pour nos jeunes qui font face à diverses difficultés», explique Emmanuel Andrianaivo, commissaire général de l’Association des femmes éclaireuses. Anja est connue pour être la confidente des jeunes éclaireuses car elle est très ouverte et de bon conseil.
«Il y a des jeunes qui n’osent pas discuter de sujets délicats avec nous. Mais avec elle, tout est plus facile»,affirme pour sa part HelinoroRakotomalala, autremembre du bureau etconsoeur d’Anja Rabetsimamanga.Anja prend plaisir àfaire du bénévolat ; à discuteren pleine nature avecdes paysans qui ignorentbeaucoup de choses surleur état de santé. Une réalitédifférente de sa routinequotidienne dans le blocopératoire ou la salle d’accouchement.
À Madagascar, plusieurs femmes exceptionnelles rendent service à la société. Elles arrivent à changer la vie des Malgaches par de petites choses. À l’instar d’Anja Rabetsimamanga qui est vraiment un pilier dans le monde où elle évolue.
Par Fanja RAZAFIMAHATRATRA*
*Fanja Razafi mahatratra est journaliste en freelance. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
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