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Arnaud Lagesse : « GML devrait pouvoir faire plus du tiers de ses activités dans la région d’ici quelques années »
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Arnaud Lagesse : « GML devrait pouvoir faire plus du tiers de ses activités dans la région d’ici quelques années »
Le groupe GML s’est classé en troisième position dans le classement du magazine «Eco Austral», au niveau des pays de l’océan Indien. Une récompense qu’Arnaud Lagesse qualifie de reconnaissance du travail effectué par le personnel de l’entreprise.
? Après le «Top Hundred Companies», c’est autour du magazine «Eco Austral» de classer GML en troisième position au niveau des pays de l’océan Indien (Réunion, Madagascar, Maurice et Mayotte). Quel est votre sentiment personnel ?
Beaucoup de fierté et de reconnaissance envers les fondateurs du groupe, les employés qui travaillent chaque jour à sa réussite, le conseil d’administration et tous nos actionnaires. Je profite d’ailleurs de cet entretien pour réitérer mes remerciements aux 12 000 employés du groupe et leur souhaiter tout le meilleur pour 2013. Le travail continue, dans un environnement challenging, avec, j’en suis certain, encore de belles réalisations qui verront le jour en 2013 !
? GML a connu une progression fulgurante ces cinq dernières années. Est-ce le fruit du hasard ou le résultat d’une stratégie de consolidation entreprise depuis quelques années déjà ?
Il est vrai que le hasard fait parfois bien les choses, mais dans ce cas, je ne pense pas que l’on puisse dire que le hasard soit responsable de cette progression. Elle est le fruit d’une vision claire, d’une stratégie bien calée, d’une exécution exemplaire, de partenariats réussis, de confiance et du travail sans relâche des employés des entreprises formant partie du groupe. Le travail, la volonté et l’envie de réussir, d’innover et d’offrir toujours le meilleur à nos clients, sont les maîtres-mots qui guident les actions de nos compagnies.
? Le groupe est structuré autour de plusieurs pôles d’activité (commerce, finances, agro industrie, hôtellerie, immobilier, etc.) Comment compte-t-il évoluer à l’avenir ?
Les compagnies membres de GML sont effectivement présentes dans les secteurs d’activités primaire, secondaire et tertiaire et de par l’évolution de nos besoins, se spécialisent de plus en plus dans le secteur tertiaire. Notre branche GML Life, qui promeut des activités pharmaceutiques et bioéthiques, est la petite nouvelle de la famille, et nous accordons beaucoup d’attention à ce domaine que nous pensons prometteur. Sans oublier les services financiers, véritable relais de croissance pour GML depuis quelques années. La régionalisation, que nous avons entamée depuis une dizaine d’années, doit s’accélérer et idéalement, GML devrait pouvoir faire plus du tiers de ses activités dans la région d’ici quelques années. C’est un pari difficile, mais nécessaire, vu la petitesse de l’économie mauricienne et la taille de GML – pratiquement USD 1 milliard de chiffre d’affaires cette année.
? Quels sont les défis auxquels le groupe est confronté en 2013 ?
GML est confronté aux mêmes défis que rencontrent toutes les compagnies mauriciennes en ces temps difficiles et incertains. Même si la crise européenne semble s’apaiser, les échanges commerciaux avec l’Europe restent compliqués et les arrivées touristiques du «vieux continent» sont encore en baisse par rapport aux périodes précédentes, plus glorieuses pour notre tourisme. La roupie devrait ainsi refléter sa juste valeur par rapport aux devises fortes. Nous le savons, la valeur de la roupie a un impact réel sur l’investissement et la compétitivité et, quelque part, sur l’emploi. Elle est, à mon avis, toujours surévaluée de 10 % par rapport à l’euro et hypothèque ainsi nos secteurs d’exportation (sucre, textile, poisson, tourisme, voire l’immobilier et les services financiers). Or, une roupie surévaluée réduit la compétitivité des exportations, diminue la marge de profit des entreprises ainsi que leur capacité à payer les charges salariales et à réinvestir.
Aussi, devons-nous avoir plus d’interaction et de partage d’idées avec le gouvernement afin qu’ensemble, nous puissions assurer le développement durable du pays.
? GML brasse aujourd’hui un chiffre d’affaires de plus de Rs 26 milliards. Votre ambition est de passer la barre des Rs 30 milliards. Est-ce un objectif réalisable à court et moyen termes ?
Tout est réalisable à celui qui y met de l’effort et de la volonté. Notre devise cette année est l’innovation et nous réfléchissons, avec tous nos CEO, aux moyens les plus innovants afin d’assurer une croissance malgré la situation souvent morose dans certains secteurs. Ceci est notre défi. Aussi, nous comptons beaucoup sur le gouvernement, qui a la charge de mettre en place des politiques monétaires et économiques du pays, pour nous accompagner dans cette démarche. Cela dit, la profitabilité n’est pas une fin en soi. Nous continuerons en parallèle d’agir en tant que groupe responsable, employeur de qualité et pouvant donner des perspectives à ses employés, d’avoir une vraie politique sociale – via notamment la GML Fondation Joseph Lagesse, une vraie politique environnementale – via GML Think Green, et enfin, d’être un vrai partenaire économique du gouvernement et des stakeholders en général.
? Le pays vise une croissance de 3,7 % cette année. Est-ce raisonnable de croire en une telle prévision compte tenu de l’environnement économique qui est difficile et fragile ?
Ce taux me paraît très optimiste – en même temps, vous me direz qu’il vaut toujours mieux viser les étoiles, afin d’atteindre la lune… Une chose est sûre, nous ne pourrons atteindre ce taux de croissance si des mesures vigoureuses ne sont pas prises, notamment au niveau de l’exécution des mesures budgétaires 2013 de l’Etat.
C’est le travail et les décisions d’aujourd’hui qui permettront de construire l’économie de demain. Les challenges sont multiples, qu’ils soient économiques, sociaux, politiques, infrastructurels ou environnementaux. Et, je dois dire que je ne vois que des «affaires» impliquant nos dirigeants directement ou indirectement dans la presse et peu d’actions ayant trait à l’économie et aux décisions dont nous avons besoin pour le pays.
Sur le plan économique, le pays devrait faire preuve de plus d’ouverture vers l’extérieur, notamment en favorisant l’accueil des étrangers investissant localement ou ceux souhaitant acheter un bien immobilier. Plus de connectivité est essentielle, tant au niveau aérien et portuaire qu’au niveau des bandes passantes. Il est grand temps de prendre des décisions sur nos infrastructures publiques, telles l’eau et l’électricité. Qu’en est-il d’Air Mauritius et de l’ouverture du ciel mauricien ? La gestion du port devrait également être revue.
Si nous relevons ces défis, tout en permettant la création d’emplois et un environnement encore plus propice aux investissements, peut-être pourrons- nous atteindre un taux de croissance satisfaisant.
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