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Arthur Martial, retour gagnant à Grand Port

9 août 2010, 00:00

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Arthur Martial, retour gagnant à Grand Port

Le roman d’Arthur Martial, «Grand Port», qui a d’abord paru en 1938, a été réédité par ses enfants et petits-enfants.

La bataille entre les troupes de Willoughby et Duperré n’a rien de sentimental a priori. Et pourtant, des gens s’aimaient et se déchiraient à cette époque-là. A mi-distance entre le récit historique et le roman d’amour, Arthur Martial nous invite donc à retourner au Grand Port de 1810.

Et si son texte paraît pour la première fois en 1938, qu’à cela ne tienne. Ses enfants et petits-enfants ont saisi l’occasion des commémorations du bicentenaire de la bataille pour dépoussiérer ce roman patrimoine, ce morceau de littérature mauricienne couronné par l’Académie française. Mais ne nous arrêtons pas aux distinctions.

Aussi prestigieuses soient-elles, ce n’est pas le plus bel hommage que l’on puisse rendre à une oeuvre. Il nous semble que le plus grand honneur que l’on puisse faire à un auteur, c’est de le lire.

De le faire lire. Malgré le temps qui passe, malgré l’oubli qui frappe les auteurs morts. C’est en cela que la démarche des héritiers Martial nous touche le plus. D’autant plus qu’Arthur Martial était jadis un prix récompensant la prose bien faite. Il est donc plus que juste pour nous de lire la prose d’Arthur Martial. Car «la réédition devient donc oeuvre de résurrection».

Et que dit-elle, cette prose ? D’abord qu’Arthur Martial ne manquait pas d’inventivité pour tenir le lecteur en haleine. Dans un long prologue, il nous présente un grand écrivain parisien venu à l’île de France pour un reportage. S’il fuit les mondanités, il sera intrigué par une invitation. Celle d’un vieil homme de 80 ans qui dit attendre la visite de l’écrivain depuis… un demi-siècle. Tant d’années pour lui confier un manuscrit. Manuscrit qui est à la base du récit que nous raconte Arthur Martial.

Les amours de Francine Levaillant. D’abord avec Xavier de Bellecombe, puis avec Ralph l’Irlandais. Des amours rythmées par les coups de canon. Ceux de la bataille du Vieux Grand-Port. Néreide, Sirius, Iphigénie, Bellone, Magicienne, Minerve essuient des bordées. Les coeurs chavirent. Les bateaux aussi.

Avec eux, les mots d’Arthur Martial nous transportent sur les flots. Qu’importe si certaines tournures d’une époque coloniale appartiennent à une époque aujourd’hui révolue. Cela ajoute à l’émotion de la découverte du texte du «plus francophile de nos écrivains», comme le qualifie André Decotter dans son Anthologien du souvenir.

A. G-H.

Aline Grome-Harmon