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ATD Quart Monde : aborder la pauvreté autrement
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ATD Quart Monde : aborder la pauvreté autrement
Le principe du CSP était de réunir différents acteurs sociaux, soit les ONG, leurs bénéfi ciaires en situation d’extrême pauvreté, mais aussi des universitaires et représentants des autorités publiques. Et ce, pour aborder la pauvreté autrement.
Des travailleurs sociaux ont pu repenser leur approche. Autrement, grâce au partage avec des universitaires, pour croiser la théorie à la pratique. Autrement, surtout, en permettant aux personnes vivant en situation de pauvreté de parler de leur situation telle qu’ils la vivent au quotidien.
« La sosyete met touzour dimoun mizer dan landrwa retire » , Cité La Cure
Un recueil de témoignages en a ainsi découlé. Que ce soit à African Town ( Chemin- Grenier), Goodlands, Cité La Cure, Panchavati, Vuillemin, Bambous, Chemin Rail, entre autres, les participants à ce vaste projet ont donner la parole aux pauvres pour qu’ils racontent leur condition, respectant leurs mots, leur perception.
Ces descriptions ont ensuite été accolées à des photos du lieu, de la localité où elles ont été recueillies, pour ensuite être exposées, jeudi dernier, au siège social de l’ICJM, à Rose- Hill où avait lieu la restitution publique des propositions.
Celles- ci seront présentées, avec également une vidéo, au Premier ministre, aux membres du gouvernement et de l’Organisation des Nations unies ( car la réflexion s’est inspirée des Objectifs du millénaire pour le développement) le 17 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère.
« Gramaten dan karo, tanto kot madam, bizin touzour trase pou zwenn le debout » , Vuillemin
Initié par le Mouvement ATD Quart Monde Maurice, avec le soutien de la GML Fondation Joseph Lagesse, le département d’études sociales de l’Institut Cardinal Jean Margéot ( ICJM), l’ATD Quart Monde International et le Comité 17 octobre.
Rappelant les chiffres de la misère à Maurice ( plus de 7 000 familles vivant dans l’extrême pauvreté, 8% de la population en situation de pauvreté relative, sans compter le tiers d’échecs au Certificate of Primary Education – CPE), Jonathan Ravat, chef du département d’Etudes sociales de l’ICJM a toutefois rappelé que l’expérience a permis de dégager des pratiques plus fécondes, qu’il résume comme une approche des « uns et les autres, les uns avec les autres, les uns aux côtés des autres. »
« Mo lavi difi sil me li emportan mo truv letan pou lezot » , Vuillemin
Le séminaire de quatre jours a donné des propositions axées sur trois items particuliers. D’abord, l’Education.
Un système ultra compétitif comme l’actuel ne joue pas pour l’épanouissement de l’enfant mauricien. Et le fort taux d’échec au CPE souligne ce dysfonctionnement. Ce que proposent les participants au séminaire, c’est une pédagogie alternative. Soit une qui favoriserait la collaboration enfants- enfants, enfants- parents et parents- enseignants.
Soit encourager la solidarité, surtout dans la salle de classe, objectif qui ne peut être atteint sans la sensibilisation des parents. Les centres d’éveil et les écoles maternelles de qualité préoccupent également les participants.
« Pou kapav sorti dan la mizer bizin tou dimoun travay lame dan lame » , Panchavati
Le logement était aussi à l’ordre du jour. Les logements sociaux construits avec des matériaux « low cost » sont ainsi pointés du doigt, de même que le fait que les bénéfi ciaires soient exclus du processus de construction. Que les matériaux distribués laissent à désirer ou que certaines infrastructures comme les jardins d’enfants qui n’arrivent pas dans les délais prescrits ( à La Valette, par exemple), une des intervenantes devait déplorer la mentalité « on vous donne, il vous faut faire avec » , des autorités. D’ailleurs, les officiers du gouvernement en ont aussi pris pour leur grade. On leur reproche de ne pas connaître suffisamment leurs bénéfi ciaires ou de ne pas solliciter l’avis des ONG. Enfin, que le relogement amène les familles nécessiteuses loin de tout, comme à La Valette ou Anoska, les propositions abondaient dans le sens d’un dialogue et de considérations mieux soutenus avec les autorités compétentes.
Enfin, le troisième volet abordé concernait la participation.
Soit le fait, pour les bénéfi ciaires surtout, de pouvoir s’exprimer sans crainte de représailles par la suite. Un avis des plus pauvres, ces familles au coeur de ces projets, qui est souvent tu, mais que le groupe propose de raviver en sollicitant des personnes compétentes des différentes localités, des personnes portevoix en quelque sorte.
Plusieurs réactions ont ensuite été suscitées dans l’assistance. Une d’entre elles soulignait le caractère immobile de la pauvreté mauricienne, soit une perspective de mobilité sociale inexistante et des chiffres qui n’évoluent pas au fil des décennies, sauf pour traduire une dégradation de la situation. D’où le besoin, selon les participants, de repenser la politique d’intégration sociale.
 
 
 
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