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Athlétisme : un entraîneur étranger pour s’occuper du sprint
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Athlétisme : un entraîneur étranger pour s’occuper du sprint
L’athlétisme devrait bénéficier d’une expertise étrangère dans les domaines du sprint et des haies à partir de janvier prochain. L’Association mauricienne d’athlétisme (AMA) a formulé une demande dans ce sens au ministère de la Jeunesse et des Sports qui y a répondu favorablement.
Son choix s’est porté sur le Français Alain Smail qui a déjà été en poste au Centre international d’athlétisme de Dakar (CIAD). Cette éventualité, toutefois, ne réjouit pas outre mesure les entraîneurs locaux s’occupant de ces spécialités qui interprètent cela comme la délivrance d’un certificat d’incompétence.
Joël Sévère, directeur du développement des entraîneurs à Maurice pour l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF) depuis cinq ans déjà, accueille cette décision de l’AMA avec beaucoup de scepticisme. «Depuis le départ de Jacques Dudal en 2002, les entraîneurs locaux ont assuré la formation des athlètes et les ont emmenés aux Jeux des îles notamment. Nous avons vécu deux Jeux des îles depuis le départ de Jacques et nous avons eu de très bons résultats», assure-t-il.
Joël Sévère salue le choix de Nanda Chinapyel, entraîneur de niveau 4, Georges Vieillesse, entraîneur de niveau 4, et Stéphan Buckland, entraîneur de niveau 3, d’embrasser une carrière d’entraîneur de sprint. «Sur le long terme, l’objectif de l’IAAF est qu’ils deviennent entraîneurs nationaux et prennent des responsabilités dans leur pays», déclare-t-il. Et d’ajouter : «On a pu employer Khemraj Naiko pour les sauts. Pourquoi aller chercher à l’extérieur pour le groupe sprint ?»
L’entraîneur ukrainien contacté en premier lieu, tout comme Alain Smail, a travaillé au CIAD, remarque Joël Sévère. Pour lui, quand un technicien s’occupe «de la crème de l’Afrique», il est normal qu’il apporte des résultats. Toutefois, à leur départ, soutient-il, l’entraîneur ivoirien Anthony Koffi a récolté de meilleurs résultats encore dont le titre de championne du monde de la Botswanaise Amantle Montsho sur 400m à Daegu il y a deux ans.
Pour lui, les athlètes produits par Nanda Chinapyel – Elodie Pierre-Louis, Joanella Janvier, Jonathan Permal, Thierrie Ferdinand –, Georges Vieillesse – Dylan Permal a réalisé les minima des Mondiaux cadets d’Ukraine – et ceux pris en main par Stéphan Buckland au Centre international d’athlétisme de Maurice – Mosito Lehata a réalisé les minima des Mondiaux de Moscou – démontrent que les entraîneurs locaux ont des compétences. «On va payer un étranger pour qu’il vienne à Maurice, les athlètes vont perdre une année d’adaptation. On veut des résultats en 2015-2016, mais à quels résultats pourrons-nous aspirer ? Nous avons une association d’entraîneurs mais personne ne nous a demandé notre avis», regrette-t-il.
Joël Sévère – aussi bien que Nanda Chinapyel – préfère un stage d’entraînement ou de compétition à l’étranger plutôt que de faire venir un entraîneur étranger. Les athlètes continueraient à s’entraîner avec leurs entraîneurs respectifs et aucune dynamique ne serait brisée. «Pourquoi est-ce que la fédération ne se tourne pas vers les entraîneurs qui ont fait leurs preuves ? Nous aurions pu apporter un plus. Nous ne pouvons rien faire malheureusement. Nous continuerons notre travail même si un autre entraîneur prend nos athlètes. Je ne suis pas contre l’idée d’envoyer un sprinter en Jamaïque. Je suis d’accord. Mais un groupe qui perd des éléments finit par se décourager. Il ne faut pas oublier que l’entraîneur suit parfois un athlète depuis son jeune âge. Mes athlètes à Flacq, je les ai détectés et formés jusqu’à ce qu’ils deviennent bons», remarque Nanda Chinapyel.
La réaction de Stéphan Buckland, star de l’athlétisme reconverti en entraîneur, laisse transparaître un sentiment d’amertume. «Mon premier feeling est qu’à Maurice on croit que nous sommes incompétents. Le fait de faire appel à un entraîneur étranger est une façon de dire, selon moi, que nous sommes des incompétents», lâche-t-il.
Au-delà de la «neutralité» dans le traitement des athlètes, Stéphan Buckland ne voit pas la nécessité de faire appel à un étranger. «Quoi, après onze ans sans entraîneur étranger, nous réalisons aujourd’hui qu’il faut un entraîneur étranger ? Il appartiendra à l’athlète de choisir si la fédération lui impose d’aller s’entraîner avec un autre entraîneur. Ce n’est pas sûr qu’il se retrouve dans ce choix imposé. On verra le résultat. J’ai lu qu’on attendait de nos sprinters partis en Jamaïque 10.0 sur 100m. Il n’en a rien été. J’ai apporté la preuve entre 2003 et 2009 qu’on pouvait s’entraîner à Maurice et être performant au plus haut niveau. C’est une question de temps», affirme le recordman national du 100m et du 200m.
Cette dissension n’augure rien de bon. La règle du faux départ sera-t-elle appliquée dans ce projet d’embaucher un entraîneur étranger pour le sprint et les haies ?
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