La compagnie d’Abu Dhabi prend sous son aile un Air Seychelles en faillite. Vijay Poonoosamy, Vice President International & Public Affairs d’Etihad, explique que Mahé deviendra le hub de la région Afrique et océan Indien.

Air Seychelles peut enfin reprendre son envol. Elle vient en effet d’être prise sous l’aile d’Etihad Airways, la compagnie aérienne nationale des Emirats Arabes Unis (EAU). Un accord stratégique a été signé le mercredi 25 janvier entre Mahé et la direction d’Etihad. Cette dernière, un poids-lourd de l’aviation fait l’acquisition de 40% de l’actionnariat d’Air Seychelles au coût de 20 millions de dollars.

L’annonce a été faite par le ministre seychellois de l’Intérieur, de l’Environnement, de l’Energie et du Transport Joel Morgan ainsi que le président et directeur exécutif de la firme émiratie James Hogan. L’accord prévoit qu’Etihad va investir dans Air Seychelles.

L’Etat seychellois injectera également 20 millions de dollars dans la compagnie qui n’a connu que des bourrasques ces derniers temps. Elle a licencié 19% de son personnel au début de l’année et avait abandonné toutes dessertes sur l’Europe, se contentant de rallier Maurice et l’Afrique du Sud.

Air Seychelles était quasiment au bord de la fermeture après 29 ans d’existence. Ces derniers mois, elle ne fonctionnait qu’avec un seul appareil, ayant dû restituer quatre de ses Boeing. Elle accumulait des pertes énormes, même après avoir englouti 15 millions de dollars de subventions gouvernementales, soit l’équivalent de 450 millions de roupies mauriciennes, poussant le Fonds Monétaire International (FMI) à sermonner Mahé.

Outre le fait d’investir 20 millions de dollars dans Air Seychelles, Etihad va avancer une enveloppe supplémentaire de 25 millions de dollars pour que la compagnie reprenne son envol et  reconstruise son réseau.

« Cet accord permettra à Etihad de faire de Mahé un hub pour l’océan Indien et l’Afrique alors qu’Abu Dhabi sera le pont avec le reste du monde », se félicite le Mauricien Viyay  Poonoosamy, Vice President International & Public Affairs d’Etihad. L’ancien patron d’Air Mauritius qui est également le président du comité stratégique de l’International Air Transport Association (IATA) explique que c’est la deuxième participation d’envergure d’Etihad dans une compagnie aérienne d’un autre pays. Il y a eu d’abord la prise d’actions au sein d’Air Berlin, la deuxième compagnie aérienne allemande après Lufthansa.

La firme d’Abu Dhabi est devenue le premier actionnaire d’Air Berlin en s’offrant 29,21% de son capital en décembre dernier. Elle détenait déjà 2,99% de son capital et elle va lui allonger 255 millions en guise de ligne de crédits. Cet accord permet également à Etihad d’être partie prenante d’une des trois alliances aériennes mondiale, la One World qui regroupe American Airlines, British Airways, Iberia et la Qantas.

Etihad, qui dessert 82 destinations, possède 64 gros-porteurs, Airbus et Boeing confondus, et  a transporté plus de 8 millions de passager en 2011. La firme d’Abu Dhabi, lancée en 2003, a été sacrée Meilleur compagnie aérienne de l’année 2011 et Meilleur première classe au monde pour la troisième année consécutive au World Travel Market.

« Nous allons soutenir Air Seychelles dans différents domaines. Que ce soit au niveau de la formation et de la prestation », se réjouit Vijay Poonoosamy joint au téléphone à Davos, en Suisse.

La prise d’actions par Etihad au sein de Air Seychelles n’est pas une surprise pour les observateurs basés dans l’ile. « La coopération entre Abu Dhabi et les Seychelles dure depuis quelques années déjà. On la trouve dans divers secteurs dont la défense et le santé entre autres » affirme Richard Ramasawmy, le correspondant de Bloomberg aux Seychelles.

Ce dernier rapporte également qu’à partir du 1er février Etihad prend la gestion d’Air Seychelles dans le cadre d’un Management Contract. La compagnie émiratie y nommera un Chief Executive Officer et un Chief Financial Oficer.