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Bhooshan Ramloll, président de la Building and Civil Engineering Contractors Association
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Bhooshan Ramloll, président de la Building and Civil Engineering Contractors Association
Le premier semestre n’a finalement pas été si difficile pour les entrepreneurs locaux du bâtiment ?
Nous étions assez sceptiques en début d’année. Nous pensions que la situation allait être bien pire, si nous prenons en considération tout ce qui se passe à l’étranger, en particulier dans la zone euro. Mais, nous sommes parvenus à nous débrouiller. Tout le monde a eu sa part du gâteau.
Si les six premiers mois de l’année n’ont pas été si extraordinaires pour nous, il n’y a toutefois eu aucun besoin de recourir à des licenciements. Nous avons dû lutter afi• de rester sur le marché et préserver nos employés.
Surtout avec le ralentissement des activités économiques ?
Ce ralentissement n’a pas été si énorme. Récession ou pas, les entrepreneurs mauriciens ont toujours confi ance en l’avenir du pays. Il n’y a pas vraiment eu de gros problèmes dans le secteur, mais la croissance a été affectée. La situation pour le deuxième semestre va dans la même direction. Nous nous attendons, cette année, à une croissance négative.
Et 2013 ?
La tendance sera la même, avec une croissance négative due à la crise financière et économique internationale qui perdure. Les investisseurs affichent toujours beaucoup de prudence. N’oublions pas la concurrence des compagnies étrangères. En 2013, il y aura un manque en termes de nouveaux chantiers.
Les projets sous le Real Estate Scheme semblent bouger ?
Oui, un peu. Mais ceux qui se trouvent sous l’ Integrated Resort Scheme battent de l’aile.
Le Foreign Direct Investment chute. Je l’ai déjà dit et je le répète. Il est temps que le gouvernement mette en place des housing schemes afi• d’aider le secteur.
Les projets du gouvernement en ce qui concerne les logements sociaux n’avancent pas vraiment. Nous sommes encore au stade de la documentation. La bureaucratie est bien trop lourde. Il y a eu des appels d’offres pour des logements sociaux, mais qui ont toutefois été annulés par la suite. Et ce, pour des raisons que nous ignorons.
Par ailleurs, de nouveaux appels d’offres ont été lancés. Toutefois, toute cette démarche s’avère coûteuse tant en termes de temps que d’argent. De plus, il y a la concurrence étrangère, notamment des entreprises chinoises, qui nous affecte terriblement.
Mais la concurrence est quand même souhaitable ?
Le marché est restreint. Le gouvernement laisse de plus en plus les entreprises étrangères le droit d’opérer à Maurice. S’agissant parfois de multinationales, elles peuvent se permettre d’être plus compétitives.
La présence des compagnies chinoises dans notre pays pèse déjà lourd sur notre performance fi nancière. La situation risque de se détériorer. Si aucune attention n’est apportée au problème imminent, cela risque d’affecter le secteur du bâtiment dans son ensemble.
Mais le fait que les compagnies chinoises soient plus compétitives, ce sont les clients qui gagnent ?
Il n’est pas question d’être plus compétitifs ou pas. Depuis 2006, nous tentons d’expliquer au gouvernement les problèmes engendrés par les entreprises étrangères.
Nous ne sommes pas contre la concurrence. Mais le problème réside dans le fait que nous ne luttons pas à armes égales.
Les entrepreneurs locaux travaillent avec un personnel presque entièrement mauricien.
Nous payons les taxes. Nous contribuons à l’économie mauricienne. Tous nos revenus sont dépensés ici. Nous permettons à beaucoup de gens de travailler, notamment aux quincailleries, fournisseurs de produits en aluminium, aux camionneurs, entre autres.
Par ailleurs, nous sous- traitons également certaines opérations à des compagnies locales. Les sociétés chinoises, elles, ne font pas de la sous- traitance.
Mais ne sommes- nous pas une économie ouverte ?
Qui dit ouverture dit aussi contrôle. Les autorités doivent aussi avoir un contrôle strict sur les agissements des compagnies étrangères.
La concurrence doit se faire à armes égales. Mais, ce n’est pas le cas actuellement. Nous nous demandons même si certaines sociétés chinoises ne travaillent pas below costs . La concurrence engendrée par ces compagnies nous affecte beaucoup. Non seulement sommes- nous en manque de chantiers, il nous faut aussi lutter pour en avoir d’autres. Les compagnies étrangères prennent une grande part du gâteau. Il y a la bureaucratie, mais aussi la crise économique internationale. Il faudrait donner priorité aux compagnies mauriciennes.
Des exemples de la concurrence injuste ?
Prenons deux exemples. Il y a de gros travaux à l’aéroport de Plaisance et aucune compagnie locale n’a eu un contrat. Il en est de même en ce qui concerne le projet Jin Fei , à Riche- Terre. Aucun contrat n’a été alloué aux entrepreneurs locaux, même pas pour de la sous- traitance ou de la fourniture de matériaux.
Il y a 150 000 personnes à Maurice qui gagnent leur vie dans le secteur du bâtiment, à tous les niveaux, en partant de l’aide- chauffeur jusqu’au top management . Certains contrats sont fi nancés par le gouvernement mauricien.
Et même là, nous n’obtenons rien. D’autres problèmes que nous rencontrons actuellement sur le marché local, ce sont les difficultés éprouvées pour importer des travailleurs étrangers. Il faut ouvrir le marché mauricien aux travailleurs étrangers.
Mais n’est- ce pas déjà le cas ?
Il y a déjà un brain drain, voire un exode de compétences au niveau du middle management et des skilled- workers . Avec la migration circulaire, nous voyons le départ de nos plombiers, électriciens, maçons et femmes de ménage.
D’où la nécessité d’ouvrir le marché mauricien aux travailleurs étrangers. Nous recrutons avec beaucoup de diffi culté.
Les petits entrepreneurs devraient avoir le choix de recruter les travailleurs étrangers à volonté, car nous sommes déjà en manque de skilled- workers. Cela nous aiderait à être plus compétitifs et productifs. Nous manquons d’employés pour les services de gardiennage, de cuisiniers, de jardiniers, entre autres.
Peut- être faudrait- il aussi commencer à voir la région ?
Les compagnies mauriciennes ont commencé à explorer les opportunités de travailler à l’étranger. Ce serait bien si nous pouvions avoir le soutien des ambassadeurs mauriciens qui exercent à l’étranger, pour nous aider dans cette démarche.
Nous travaillons de concert avec le gouvernement pour que nous puissions exporter nos services en Afrique. Mais cela s’avère très diffi cile. Certaines barrières doivent être enlevées au niveau de la taxation afi• d’exporter, par exemple, les équipements lourds.
Certains promoteurs se plaignent aussi du retard accusé lors de l’obtention de permis de construction. Le contrôle est- il important ?
La procédure pour obtenir ces permis est de plus en plus ardue. Il y a trop de bureaucratie au niveau des municipalités et des Conseils de districts. Le personnel qui y est en poste, n’est pas toujours formé de manière appropriée pour traiter certaines questions relatives aux permis de construction.
Il y a une absence totale de consultation entre les administrations régionales et les promoteurs des projets sur certaines questions, par exemple, celles sur les guidelines pour les constructions. Ce manque d’éclaircissement ralentit le marché et affecte la croissance du secteur. Certains promoteurs attendent plus d’une année avant d’obtenir un permis .
Les Green Jobs peuvent possiblement aider en cette période de crise ?
Il y a beaucoup d’opportunités en ce qui concerne les Green Jobs , qu’il s’agisse de postes en tant qu’ingénieur ou ouvrier. Mais il faut évidemment une formation pour offrir des services dits green . Il y a un manque de visibilité au sujet de l’aide et du fi nancement apporté par le gouvernement dans le développement de Green Jobs . En Autriche, 25 % à 30 % du marché est green . En Asie, durant les dix prochaines années, quelque 100 millions de Green Jobs seront créés.
Ceux- ci ne devraient pas uniquement concerner les bâtiments qui seront construits à l’avenir, mais également ceux qui existent déjà et que nous pouvons rendre green , avec l’utilisation de nouveaux types de matériaux.
Nous pouvons, par exemple, refaire la toiture, la façade ou l’isolation. Les Green jobs font partie d’un secteur qui a de l’avenir. Afin d’assurer leur mise en place, un consensus entre le secteur privé et le public sera nécessaire.
 
  
 
 Propos recueillis par Alain BARBÉ
 
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