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Bilan du ministère de la Santé : guerre intense aux maladies non-transmissibles

27 juin 2013, 15:53

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Bilan du ministère de la Santé : guerre intense aux maladies non-transmissibles

Le quotidien d’un journal c’est de parler de ce qui ne marche pas, de ce qui va mal. C’est normal parce qu’il est du devoir de la presse d’exiger de la qualité, d’éviter le gaspillage de l’argent public, de faire prendre conscience et, en conséquence, de mener à des services nationaux qui progressent. De temps en temps, il est, par ailleurs nécessaire de mettre la critique en perspective et aussi de reconnaître ce qui marche et ce qui s’améliore. Ainsi les ministères à qui nous avons ouvert nos colonnes pour faire leur bilan, avec autant d’objectivité que possible, même si sans complaisance. Nous avons ainsi reçu du ministère de la Santé un document de 23 pages rempli d’informations utiles et généralement bien présentées. Nous espérons que d’autres également en profiteront.

 

FAITS MARQUANTS

 

On ne le réalise peut-être pas assez, mais la Santé, c’est un très gros ministère : plus de 13 000 employés selon 300 différents grades d’emploi qui, avec 10,63 % du budget gouvernemental, dépensera en 2013 environ Rs 8,8 milliards. Cela en fait le 6e poste de dépenses le plus important du gouvernement. C’est un ministère clé dans le paysage national et une pierre angulaire de l’État providence car il est clair que la santé coûte cher, que la bonne santé coûte encore plus cher et que sans l’hôpital public, peu de citoyens auraient pu se faire soigner raisonnablement. Cela étant, il est d’autant plus important de s’assurer que ce budget énorme soit utilisé à bon escient, que les soins soient de bonne qualité, que l’on puisse minimiser les erreurs, que le personnel soit compétent, attentif et courtois.

 

Les chiffres surprennent parfois de par leur envergure. Pendant les trois années qui ont suivi les élections générales de mai 2010, le ministère annonce qu’il y a eu :

 

● 150 000 interventions chirurgicales, soit une moyenne de 137 par jour. Cela comprend des interventions chirurgicales dans 13 domaines, dont la dentisterie, la cardiologie, l’ophtalmologie, la néphrologie, la plastique.

 

● 36 000 accouchements c’est-à-dire 12 000 par an. Ce qui suggère qu’environ 20 % des naissances se font en clinique.

 

● 10,2 millions de visites à l’hôpital et 6,5 millions de visites dans des Health Centres. Ces chiffres, pour une population de 1,3 million d’habitants sont à couper le souffle ! C’est l’équivalent, en effet, de 5,6 millions de visites par an, soit plus de quatre visites par tête d’habitant par an et suggère, soit que l’on va à l’hôpital un peu trop facilement, soit que la population est particulièrement malade (voir l’avis du ministre ci-contre)

 

● 267 108 lieux ont été visités pour s’assurer de l’hygiène ambiante. On n’explique pas, à ce stade, ce que ces visites impliquent et ce qui  en ressort. Ce qui impressionne, c’est que c’est un nombre de visites colossal qui doit impliquer beaucoup de transport et dont les autorités devraient peut-être (s’ils ne le font déjà) s’assurer de la «valeur ajoutée». En découlant, 18 663 interpellations ont été servies et 489 contraventions émises

 

● 89 857 lieux vendant de la nourriture ont été inspectés pour vérifier si les normes hygiéniques sont respectées. À la suite de ces visites, le ministère a émis 6 843 notices d’amélioration, 2 256 contraventions et 658 notices de fermeture. De plus, un peu plus d’un million de kilos de nourriture jugée impropre à la consommation ont été saisis. C’est impressionnant ! Il est bien vrai que de temps à autre, la presse rapporte un cas d’empoisonnement ou un autre. Ce qui est inacceptable. Imaginons ce qui deviendrait seulement possible si ce contrôle de la santé ne se faisait pas… (En parlant de quoi, la précision de cette série de statistiques jette un doute ou au moins une interrogation sur les chiffres plus «arrondis» ailleurs dans le document…)

 

● Environ 340 000 personnes et 89 000 étudiants ont été «sensibilisés» aux risques de maladies non transmissibles. 200 000 l’ont été dans le cadre des programmes de sensibilisation par le biais des cliniques mobiles, 50 000 sur le lieu du travail, 75 000 auniveau de la Health Promotion Shop située au bâtiment Renganaden Seeneevassen, Port-Louis. 20 000 adultes comme par exemple des femmes de ménages, des diabètiques ou des personnes touchées dans le cadre des enquêtes,

 

● Environ 1 500  opérations «compliquées» ont été complétées par quelque 70 équipes de chirurgiens étrangers qui ont visité Maurice en trois ans

 

● Le montant alloué pour des cas inopérables à Maurice a augmenté à Rs 500 000. Par ailleurs,

 

● 8 millions d’échantillons sont analysés par an au Central Health Laboratory, soit plus de six par tête d’habitant. Ces chiffres comprennent sans doute les échantillons de malades «suivis» pour le diabète par exemple

 

● 100 000 adultes ainsi Form III et de LowerVI passent, tous les ans, un test de dépistage et sont conseillés sur les maladies non transmissibles (diabètes principalement).

 

● On nous affirme que 321 docteurs et 569 «student  nurses» ont été recrutés ces trois dernières années. Même s’il eut été mieux de mettre en perspective et nous parler, en parallèle des démissions et des retraites.

 

SERVICES

 

De plus, le ministère de la Santé nous rappelle que la chimiothérapie est désormais décentralisée au Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital de Pamplemousses (SSRN) et JawaharlalNehru de Rose-Belle en sus de Victoria et que ce sera le cas aussi, fin juillet 2013, au Dr A.G. Jeetoo, que le service dialyse est désormais disponible à Souillac, que l’endoscopie est opérationnelle à Jawaharlal Nehru et SSRN (Jeetoo suivra «shortly») ; que sept cliniques chargées de lutte contre le tabagisme sont désormais opérationnelles, que de nouvelles unités de cardiologie opèrent à Victoria et Jawaharlal Nehru. De plus, une nouvelle Mediclinic (à Plaine-Verte) et six Health Centres ont été ajoutés aux réseaux existants (que le document ne détaille malheureusement pas) et des sessions d’exercices physiques se tiennent déjà dans 13 Health Clubs et 72 autres centres.

 

DÉPENSES CAPITALES ET ÉQUIPEMENTS

 

Sur le plan des dépenses capitales, le ministère fait la liste de 17 projets complétés pour un montant de Rs 2,6 milliards, le gros morceau étant évidemment les stages I et II de l’hôpital Jawaharlal Nehru qui est sujet, tout de même, à quelques controverses. De plus, il y a aussi six projets en cours qui coûteraient environ Rs 950 millions, dont deux blocs opératoires et wards neuf à l’hôpital Victoria à Candos grâce à une aide chinoise pour Rs 525 M. Des 12 autres projets à venir, signalons une unité ENT à Victoria (Rs 252 M), l’extension de l’hôpital de Flacq (Rs 261 M).

 

De nombreux achats d’équipements ont aussi ponctué ces trois dernières années pour un total de Rs 461 millions. À noter des équipements d’angiographie (Rs 65 M), un MRI au Dr A. G. Jeetoo (Rs 40 M) et un appareil de rayon X avec fluoroscope de Rs 27 M.

 

Un aveu candide qui est tout à l’honneur du ministère. Le rapport est moins candide sur l’évolution du nombre d’équipements en panne et sur la durée moyenne de ces pannes.

 

De même, le rapport ne tente même pas de mentionner les plaintes du public et les erreurs médicales dont parlent les médias, ne serait ce que pour les mettre en perspective par rapport au nombre de cas traités par an et s’assurer si les erreurs, souvent humaines, sont à un niveau acceptable ou pas et s’ils évoluent, par ailleurs, positivement.

 

Le reste du document est peut-être important au ministère mais plus difficile à diffuser et vanter, étant principalement constitué de modifications aux lois, de forums divers, de protocoles d’entente (Memorandum of Understanding) signés avec diverses parties et de cours de formation.

 

INTERROGATIONS ET CONCLUSION

 

Notons cependant qu’une des inquiétudes des citoyens, c’est la grande variété de qualifications médicales diverses qui ne sont pas toujours bien cotées, dépendant, évidemment, de la crédibilité de l’université où la formation a été acquise. À cet effet, nous n’avons pu, à ce stade, obtenir une analyse des qualifications des médecins et des infirmiers qui nous soignent, par type de diplôme et par pays d’origine.

 

Le public qui redoute toute tentative additionnelle de rendre plus facile l’accès aux études et à la profession médicale notera toutefois que le Medical and Dental Council Act a été modifié en janvier 2013 pour permettre à un étudiant de s’inscrire en médecine ou en soins dentaires s’il a obtenu des points «minimum » dans N’IMPORTE quels trois sujets à «Advance Level at one sitting or its equivalent ». Ce que pourrait être l’équivalent de «one sitting» laisse pensif, les points «minimum» n’étant pas précisés,mais pour les trois sujets,est-ce que religious studies, ourdou et journalisme seraientacceptables, par exemple ? On aurait aussi aimé avoir vu une série de critères plus compréhensifs de performance pour mesurerl’impact du service de la santé (par exemple : longévité, évolution du nombre de visites à l’hôpital, temps d’attente pour opérations (moyennes et extrêmes), nombre de plaintes enregistrées (dans l’absolu et dans le relatif), taux de bons diagnostics – le patient nerevenant pas dans les deux jours suivants pour les mêmes symptômes, etc…)

 

Soulignons pour terminer sur deux notes positives que :

(1) l’action vigoureuse du ministère pour changer lerégime alimentaire et favoriser le sport a résulté en ce qued’une troisième place mondialedans l’incidence du diabète, onest tombé à la 19e place. Onne dit malheureusement pascombien de temps cela a priset on ne cite pas la source decette information ;

 

(2) le département desuivi et de veille de maladiestransmissibles comme la malaria,la dengue, le chikungunya,etc… fait toujours unexcellent travail de «tracking», de mise sous surveillance et de traitement, notamment contreles moustiques, commetous ceux qui voyagentpeuvent en témoigner.