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Ces ponts concrets entre créole et anglais

1 novembre 2010, 00:00

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Ces ponts concrets entre créole et anglais

Fort de ses 40 ans d’expérience, Dev Virahsawmy a lancé son manuel destiné à la formation des professeurs, «Bilengism morisien ek angle», jeudi dernier.

Jeter des passerelles entre l’anglais et le créole. Et améliorer le vocabulaire et la compréhension que les enfants ont des deux langues. C’est là l’objectif du nouveau manuel pour la formation des professeurs de Dev Virahsawmy. Bilengism morisien ek angle a été lancé jeudi dernier.

Un travail pédagogique basé sur ses 40 ans d’expérience de l’enseignement de la langue créole. Autant de travaux qui font dire à Dev Virahsawmy, membre de l’Akademi Kreol Morisien, que les quatre groupes de travail mis en place par cette académie sont «une perte de temps».

L’académie a été lance le jeudi 28 octobre dernier, au ministère de l’Education et des Ressources humaines. Elle est chargée des préparatifs en vue de l’introduction du créole comme matière optionnelle au primaire. L’un des groupes de travail s’intéresse à la graphie, sous la présidence d’Arnaud Carpooran.

«J’aurais préféré un comité ad hoc qui aurait soumis ses recommandations au ministre de l’Education. Le travail de ces comités, je l’ai déjà fait, j’ai d’ailleurs dit à ces comités que c’était une perte de temps, mais ils insistent. Je ne participerai pas à leurs travaux. Je n’irai qu’à la séance plénière.»

Le manuel propose des améliorations à la grafi larmoni. Dev Virahsawmy, fort de son expérience, apporte une graphie «standard», avec des choix précis. Exemple : la grafi larmoni donne deux possibilités pour la nasalisation d’«e». Cela donne au choix «in» ou «en». «C’est cause de confusions», souligne-t-il, «latrenn» pouvant devenir «latrinn». Pour Dev Virahsawmy, il est meilleur d’utiliser «enn» en toutes circonstances.

Des règles de grammaire simplifiées, un chapitre sur la traduction basé sur les similarités entre créole et anglais sont inclus dans le manuel. «En anglais comme en créole, le genre est déterminé par le sexe.

Il faut encourager la traduction, cela accélère la maîtrise du créole et de l’anglais.» L’auteur propose également un lexique d’environ 2 200 mots du vocabulaire de base du morisien. Traduits en anglais, ces mots approfondissent la compétence dans la langue de Shakespeare.

En conclusion, le manuel propose une traduction d’un extrait de la Bhagavad-Gita. A ce sujet, l’auteur confie que «c’est pour montrer que l’on peut exprimer le sacré, parol bondie en créole».

Aline GROËME-HARMON


Yvan Martial, un MC qui fait des vagues

Yvan Martial, journaliste et historien, était le maître de cérémonie (MC) lors du lancement de l’ouvrage signé Dev Virahsawmy. Selon les organisateurs, le MC a «dérapé». «Il n’était pas là pour exprimer son opinion. Il a décidé d’utiliser cette plateforme pour vomir ses idées réactionnaires de francophone francophile qui ne respecte pas le statut du créole. Il nous a insultés.»

De son côté, Yvan Martial affirme qu’il ne milite pas en faveur de la langue créole et qu’à ce titre, il a été «surpris» que l’on fasse appel à lui. Il a accepté, «parce que Dev Virahsawmy a insisté». Yvan Martial estime qu’en la circonstance, il a «essayé d’être respectueux envers []lui]-même et ceux qui []l]’ont invité».

Il a énoncé sa position concernant la langue créole : «Il faut laisser chacun libre de décider d’écrire ou d’apprendre le créole. Le plus grand tort que l’on puisse faire au créole, c’est de le rendre obligatoire. S’il y a des familles qui refusent que leurs enfants apprennent en créole, et j’en connais beaucoup, cela va les blesser inutilement. Laissons-leur la liberté de choisir.»

Selon Yvan Martial, il y a des textes écrits en créole qui s’adressent à des gens qui «comprennent l’anglais mieux que []lui].» «Ce n’est pas parce que l’on zézaie que l’on parle un bon créole. La langue créole est une langue qui refuse les mots abstraits.»

A titre d’exemple, Yvan Martial cite le travail de traduction en cours de la Bible. «Si c’est pour dire ‘splander bondie’, ou ‘laglwar bondie’, c’est peine perdue. Il faudrait aller vers des gens qui ont parlé le créole toute leur vie et leur demander d’expliquer ces notions. Sinon, comment est-ce que quelqu’un qui n’a jamais vu un agneau va concevoir l’agneau de Dieu ? Peut-être qu’on pourrait dire ‘tikabri bondie’ ?»