Le père de l’autonomie rodriguaise comprend la colère qui couve dans le dixième district. L’ancien juge estime que l’île a trop longtemps été « négligée ». Voire « ignorée ».

La colère gronde à Rodrigues depuis la présentation du budget 2011. Pour corser le tout, c’est nul autre que le chef commissaire de l’Assemblée régionale Johnson Roussety qui s’est fait la caisse de résonance de ce malaise généralisé en proposant la création d’une plateforme citoyenne.

Si Port-Mathurin se plaint d’un manque de considération de la part de Port-Louis, donc du gouvernement central, le fait est que Rodrigues a beaucoup souffert et qu’elle a également beaucoup été négligée. Cette remarque est celle de l’ancien juge, Robert Ahnee, considéré comme le père de l’autonomie rodriguaise car c’est lui qui a rédigé le texte de loi y relatif.

Du haut de ses 74 ans, l’ancien chef juge n’a qu’un exemple à la bouche pour dépeindre la situation dans laquelle se trouve nos cousins du dixième district : l’eau courante est toujours considérée comme un luxe dans l’île. Maurice a donc la responsabilité morale, selon lui, de rattraper le laps de temps durant lequel Rodrigues a été « ignorée ».

Face à l’attitude de Port-Louis, Port-Mathurin ne peut cependant tenter de voler de ses propres ailes, estime Robert Ahnee. Si l’île va de l’avant avec son idée d’indépendance, ajoute-t-il, elle devra avoir le soutien d’un Etat pour pouvoir se sortir d’affaire. Mais jusqu’à quand, se demande-t-il.

Afin que Rodrigues soit mieux prise en considération par Port-Louis, l’ancien chef juge réclame davantage de « solidarité » entre les leaders politiques de l’île. Et que cessent les batailles d’ego. Pour lui, Rodrigues a certainement de la marge pour avancer mais il lui faut non seulement un soutien en interne mais aussi l’aide du gouvernement.

Ashna Nuckcheddy-Choyen (Radio One)