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Conférence d’Armand Clesse, un penseur qui met mal à l’aise les idées établies

23 janvier 2012, 00:00

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Conférence d’Armand Clesse, un penseur qui met mal à l’aise les idées établies

Le directeur du Luxembourg Institute for European and International Studies a donné une conférence cette semaine sur le futur rôle de l’Afrique dans le système international au siège de la Chambre du Commerce et d’Industrie de Maurice.

On l’aime ou on ne l’aime pas. Cela lui est égal. Il ne parle ni pour impressionner son auditoire par son art oratoire ni pour l’épater en étalant ses connaissances. Lors de la conférence organisée ce mercredi 18 janvier 2012 par la Chambre du Commerce et d’Industrie de Maurice à son siège de Port-Louis, Armand Clesse, le directeur de la Luxembourg Institute for European and International Studies a été égal à lui-même.

En raison de sa réputation internationale et de ses fréquentations parmi lesquels le non moins réputé Mikhail Sergueïevitch Gorbatchev qui dirigea l’URSS de 1985 à 1991, on s’attendait à une conférence animée par un donneur de leçons du haut de sa chaire universitaire.

Au grand étonnement de l’auditoire, d’emblée il déclare avec une simplicité déconcertante : « Je n’ai rien préparé ! » Arrogance ? Manque de respect à l’égard de l’auditoire ? Mépris envers le continent africain qui devait être au centre de sa conférence ? Rien de tel.

Armand Clesse était tout simplement dans un jour où il était disposé à ouvrir la vanne de son univers intellectuel, philosophique, humain, analytique, voire spirituel sans retenue aucune. « Sa présence parmi nous illustre la volonté de la Chambre à créer un espace d’échanges susceptibles d’aider ses membres à élargir leurs idées sur le monde des affaires », soutient Mahmood Cheeroo, secrétaire général de la Chambre du Commerce et d’Industrie.

Armand Clesse n’a pas déçu. C’est un empêcheur de tourner en rond intellectuellement parlant. Après quelques minutes, on aurait compris qu’il refuse d’ériger en absolu un quelconque système politique, économique, culturel, intellectuel ou social. Ceux qui ont érigé la raison pure comme mode incontournable de pensée n’ont pas été épargnés. A-t-il un fil conducteur qui lui permet de
-remettre en cause le capitalisme sous toutes ses formes y compris celles qu’il a prises tant en Chine qu’en Inde où la croissance économique n’a pas, selon lui, contribué à l’élimination de l’extrême pauvreté,
-fustiger l’Europe pour avoir eu recours à un modèle de développement qui actuellement donne des sueurs froides à ses dirigeants et pour avoir nourri des préjugés qui ont été néfastes au développement de l’Afrique
-se comporter comme un accompagnateur qui pousse l’esprit critique de l’homme à sortir du confort que lui accorde le statu quo ?

« Il y a un caractère sacré dans tout ce qui fait partie de la vie. C’est ce qui explique mon combat pour le respect de la vie. » Ainsi définit-il la base philosophique de son approche.

Les visites qu’Armand Clesse a effectuées en Afrique ne l’ont pas laissé indifférent. Il a trouvé de l’espoir dans les bidonvilles là où il n’y a rien qui justifie qu’il puisse en exister. Il s’est même permis de se demander si l’Europe peut s’estimer en meilleure posture que l’Afrique.

« Le problème de l’Afrique est complexe », avoue Armand Clesse. Cependant, on sent que l’homme porte l’Afrique dans son cœur. Comme s’il veut la protéger des erreurs commises par les dirigeants des autres continents. Bref que l’Afrique trouve un modèle qui ne lui enlève pas l’essentiel : son âme.