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Consommation : Décrypter l’étiquetage des produits alimentaires

31 mai 2010, 00:00

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Consommation : Décrypter l’étiquetage des produits alimentaires

Lire les étiquettes sur les produits alimentaires permet de faire des achats intelligents. Cependant, les décoder n’est pas toujours chose aisée.

En faisant vos courses au supermarché, est-ce que vous jetez un coup d’oeil sur l’étiquetage des produits alimentaires que vous mettez dans votre panier ? Etes-vous conscient qu’un choix judicieux vous permettrait d’avoir une meilleure alimentation ? Se pose toutefois un problème : comment choisir lorsque l’on peine à décrypter même l’étiquetage des produits alimentaires ? «Une meilleure compréhension des étiquettes permettrait certainement aux gens de faire un meilleur choix», soutient le Dr Prity Pugo-Gunsam, Senior Lecturer en Nutrition & Life Sciences à l’Université de Maurice et présidente de la National Nutrition Task Force.

Face à l’accroissement de l’obésité et les autres pathologies liées au diabète, le Dr Prity Pugo-Gunsam a d’ailleurs fait une étude axée sur l’importance et l’utilisation de l’étiquetage des produits dans le choix alimentaire. «Dans un premier temps, nous avons évalué la perception des gens concernant l’étiquetage des différents produits et on a aussi étudié les bénéfices que les gens pouvaient tirer lorsqu’il y avait un bon étiquetage des produits alimentaires. Ensuite, nous avons voulu savoir comment les personnes obèses perçoivent leur façon de consommer. Le but []]]]est] de savoir comment ils mangent et aussi de savoir s’ils utilisent l’étiquetage des produits alimentaires et si cela les aide à faire des choix plus informés pour corriger leur surpoids.»

Cette étude a ciblé les adultes d’âge et de communauté différents, représentatifs de la population mauricienne, tant en milieu urbain que rural. «On a trouvé qu’il y a un manque de compréhension assez généralisé de toutes les informations (mode de cuisson, date de péremption, conservation). Les gens ne comprennent pas tout ce qu’ils lisent. Mais l’incompréhension est particulièrement grave pour les informations relatives aux nutriments contenus dans les aliments, soit pour comprendre en quoi ces nutriments sont importants pour la santé, soit pour les teneurs indiquées pour ces différents nutriments soit pour les portions et proportions», soutient le Dr Prity Pugo-Gunsam. C’est surtout le jargon spécifique nutritionnel et les mots techniques utilisés qui apparaissent difficiles. C’est ainsi que, quand les consommateurs regardent différents produits, ils n’arrivent pas à déchiffrer leur étiquetage même s’ils sont conscients de leur importance. «Les gens comprennent l’importance des vitamines mais différencier la vitamine A du B ou du E, ils ne le peuvent pas forcément.»

L’étude a démontré que les personnes ayant un niveau socio-économique plus élevé lisent plus souvent les étiquettes que ceux d’un niveau moins élevé. Autour de 82% des enquêtés disent «lire» les étiquettes et 95,7% de ce groupe pense que cela les aide et conditionne leur choix alimentaire. «Toutefois, lorsque l’on pousse les recherches un peu plus loin, lorsque l’on fait une investigation dans les choix qui sont faits même après lecture des étiquettes, on s’aperçoit que les vraies habitudes alimentaires ne sont pas bonnes pour autant.» Autant dire que la lecture des étiquettes ne fournit pas les résultats escomptés.

Pourquoi cela ? Là où le bât blesse, c’est que lire et comprendre sont deux choses différentes. L’étude a d’ailleurs démontré que «les consommateurs cherchent différentes informations en fonction des connaissances qu’ils ont déjà acquises ». Le Dr Prity Pugo-Gunsam est d’avis que si les gens sont empowered en connaissances nutritionnelles, de façon scientifique, ils arriveront à mieux décrypter les étiquettes des produits alimentaires et ils seront plus à même de faire «un choix informé et ciblé».

Conséquemment, le Dr Prity Pugo-Gunsam souligne que tous les gens interrogés pour l’étude ont dit qu’ils auraient préféré avoir un étiquetage plus simple pour faire un meilleur choix. «L’idée est donc de redessiner l’étiquetage des produits alimentaires en utilisant des mots techniques qui sont incontournables certes mais des mots plus simples qui ne vont pas les repousser ou les braquer. Les mots doivent être plus accessibles. En même temps, il faut aussi apprendre aux gens comment utiliser ces étiquettes afin qu’ils puissent en faire un bon usage.» Le Dr Prity Pugo- Gunsam souligne que tout passe par une bonne éducation nutritionnelle et que celle-ci doit s’adapter en fonction des différentes composantes de la population mauricienne.

L’éducation doit être adaptée et être sur mesure pour les enfants, les adultes, les travailleurs et les personnes âgées, entre autres. De façon générale, pour que l’étiquetage des produits alimentaires soit utile, le Dr Prity Pugo-Gunsam est d’avis qu’il faut tout d’abord s’assurer que l’information soit lisible, dans une langue officielle qui est couramment comprise à Maurice, comme l’anglais ou le français. «Il faut faire attention aux produits importés de pays où l’anglais et/ou le français ne sont pas les langues les plus utilisées.» Il faut également trouver sur ces étiquettes des informations relatives aux modes de préparation, de stockage et de conservation.

Citant l’exemple de la préparation de lait infantile, le Dr Prity Pugo-Gunsam explique que «si la maman ne suit pas les consignes de préparation, si elle met trop de lait déshydraté ou pas assez, le produit ne va pas être restitué comme il devrait l’être». «Le bébé peut même en venir à souffrir de constipation, diarrhée ou d’autres problèmes digestifs. »

Idem pour la conservation. Les yaourts, par exemple, sont des produits laitiers fragiles qui doivent être gardés au frais. Si le produit n’est pas conservé comme il le faut, sa shelf life est réduite. «A ce moment-là, la saveur, la texture et le goût sont altérés. Ils ne sont plus propres à la consommation.» Quant aux ingrédients utilisés, le Dr Prity Pugo-Gunsam cite l’exemple des biscuits pour lesquels il faudrait savoir si la matière grasse utilisée est du beurre, de l’huile ou de la margarine. «C’est de la matière grasse mais il n’en demeure pas moins que toutes les matières grasses ne sont pas équivalentes du point de vue de la composition et que leurs effets sur l’organisme sont également différents.»

En plus de faire un choix plus sain, les consommateurs pourront aussi faire un choix plus avisé en fonction de leur porte-monnaie car souvent, à ingrédients équivalents, certains produits sont plus chers que d’autres.

Valérie OLLA



Glossaire

Protéines
Les protéines sont des composés permettant la fabrication, la croissance et le renouvellement de notre corps (1g de protéines = 4 kcal). Elles sont constituées d’acides aminés. Les protéines sont, par exemple, des constituants indispensables des muscles, des os, de la peau.

Lipides
On distingue souvent :
-les lipides «visibles» qui sont ceux ajoutés aux aliments au moment de la cuisson ou à table (huile pour cuire ou frire un aliment, beurre ou margarine sur les tartines, assaisonnement des salades)
-les lipides «cachés» qui sont présents naturellement dans l’aliment (noix, cacahuètes, olive, fromages, viandes...) ou ajoutés, sans que l’on puisse les distinguer, dans un aliment acheté déjà préparé (pain au chocolat, croissant, barre chocolatée, pâtisserie, charcuterie...). (1g de lipide = 9 kcal)

Sucres
Ce sont des sources de glucose, qui est lui-même notre principale source d’énergie (1g de glucide = 4 kcal). On distingue :
-les sucres simples comme le glucose, le galactose, le fructose (dans les fruits), le saccharose (qui est le sucre que l’on mange tel quel) et le lactose (dans le lait)
-les sucres complexes comme l’amidon.

Minéraux
Ce sont des substances nécessaires en petites quantités à l’organisme. Ils comprennent : le sodium, le chlore, le potassium, le calcium, le phosphore et le magnésium, entre autres...

Vitamines
Ce sont des substances organiques indispensables en petites quantités pour le bon fonctionnement de notre organisme. Ne pouvant être synthétisées par notre organisme (à l’exception de la vitamine D synthétisée par la peau sous l’effet des UV), elles doivent être obligatoirement apportées par l’alimentation. Elles jouent un rôle fondamental dans de nombreux processus chimiques. On distingue les vitamines hydrosolubles (B1, B2....B12, C) des vitamines liposolubles (A, D, E, K)


Choisir en function de ses besoins

Le décryptage correct des étiquettes permet non seulement de faire un choix informé et ciblé mais également de ne pas se laisser leurrer par les promesses marketing. «On s’aperçoit que les spécialistes de marketing s’appuient souvent sur le manque d’informations et d’éducation dont ont besoin les consommateurs pour un choix éclairé et ils utilisent les buzz words scientifi ques pour arriver à embobiner les consommateurs qui sont crédules de nature. Les attributs associés à la santé sont souvent des informations qui sont surfaites et exagérées », soutient le Dr Prity Pugo-Gunsam. Elle ajoute que ce n’est pas uniquement de la responsabilité du consommateur que de ne pas se laisser berner. «Les autorités aussi doivent s’assurer qu’ils n’y aient pas de fausses promesses faites. On ne peut pas compter uniquement sur les connaissances du consommateur, car elles sont limitées et ce ne sont certainement pas eux qui détiennent tout le savoir en matière de nutrition, soutient le Prity Pugo-Gunsam. La mise sur pied d’un comité de surveillance est sérieusement envisagée au niveau de la Nutrition Task Force du ministère de la Santé. Il devrait être composé de scientifiques et de personnes de secteurs divers liés à la nutrition qui pourront donner leur avis sur les propriétés bénéfiques pour la santé de tel ou tel nutriment. Ce comité agirait comme chien de garde pour éviter des abus.»

Le diabétique :

Un diabétique doit normalement contrôler sa glycémie – c’est-à-dire son taux de sucre dans le sang. Pour cela, il faut éviter la prise de sucres simples et rapides tels qu’on les trouve dans les bonbons, les pâtisseries, les jus sucrés. Préférez les fruits entiers au jus car ils contiennent davantage de fibres. Sur l’étiquette d’une produit, il faudra faire attention au glucose et sucrose. De plus, comme il est préférable pour le diabétique de ne pas être en surpoids, il devrait éviter les aliments hypercaloriques – hyper énergétiques – c’est-à-dire, les aliments contenant une grande quantité de matières grasses et de sucres. Sur l’étiquette, il faudra porter attention aux triglycérides et aux teneurs en matières grasses totales, les matières grasses saturées, insaturées et trans. Il faut chercher, en revanche, des aliments riches en fibre, l’apport journalier en fibres devant être de 12 à 18g.

L’hypertendu :

L’hypertendu doit éviter les aliments dont les étiquettes indiquent des niveaux élevés de sodium (Na, sur l’étiquette). Il doit également éviter le MSG – le mono sodium glutamate – type ajinomoto et d’autres assaisonnements ou exhausteurs de goût. Comme l’obésité est un facteur de risque pour l’hypertendu, il doit veiller à ne pas prendre trop de poids et donc à éviter les aliments hypercaloriques.

L’obèse :

Sachant qu’un gramme d’hydrate de carbone apporte 4kcal, qu’un gramme de matière grasse apporte 9 kcal et qu’un gramme de protéines apporte 4 kcal, la personne qui surveille son poids doit surtout éviter les matières grasses et limiter des excès de sucres ou carbohydrates qui sont les macro nutriments qui fournissent prioritairement de l’énergie.

Valrie OLLA