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Dany Prasadam : De Bon Pasteur à Londres, il n’y a qu’un pas, celui de la détermination

13 février 2011, 00:00

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Dany Prasadam : De Bon Pasteur à Londres, il n’y a qu’un pas, celui de la détermination

Atteindre son rêve de petite fille qui était d’œuvrer dans le domaine médical. C’est ce que Dany Prasadam, une Mauricienne établie en Angleterre depuis maintenant sept ans, s’est fixé comme objectif. Et après des années de détermination, la jeune femme vit aujourd’hui pleinement sa vie d’infirmière spécialisée en soins intensifs des nourrissons, à Londres.

Donner une chance de vivre aux bébés nés trop tôt. C’est le quotidien de notre compatriote. Pour en arriver là, Dany Prasadam a dû surmonter maints obstacles.

Tout commence pour Dany Prasadam à l’âge de 18 ans, quand elle décroche son Higher School Certificat après ses années de collégienne à Notre-Dame, Curepipe. Elle s’intéresse à la médecine. Mais les études tertiaires représentent une somme trop conséquente pour qu’une famille modeste se permette d’envoyer la fille ainée à l’université.

«J’ai grandi à Mon-Goût, petit village situé à Pamplemousses, et mon père travaillait à l’usine sucrière de Mount, tandis que ma mère était à la fois femme de ménage et cuisinière. Je suis l’aînée de six enfants. Et à la fin de mes études secondaires, il fallait que mes parents se concentrent sur la scolarité de mes cinq petites sœurs», narre Dany Prasadam.

Elle choisit donc de faire un stage à la clinique Bon-Pasteur, située à Rose-Hill. Mais la clinique n’offrait pas de certificat à cette époque. Elle décide, à partir de 1992, de tenter de s’inscrire pour une place à la Queen Victoria School of Nursing de l’hôpital de Candos. Ses premières demandes sont refusées.

«Si j’avais eu les moyens, je me serais rendue en Angleterre dès la fin de mon HSC. Mais je ne regrette pas d’avoir travaillé à la clinique Bon-Pasteur. J’y ai beaucoup appris pendant mes huit années en tant qu’assistante infirmière», ajoute-t-elle.

Et pendant toutes ses années à la Clinique Bon-Pasteur, Dany Prasadam continue à envoyer ses lettres d’application à la Queen Victoria School of Nursing. Et ce n’est qu’en 2000 qu’elle reçoit une réponse positive. Alors qu’elle s’est mariée et qu’elle est mère de deux petites filles, à l’âge de 27 ans.

«C’est alors que je commence mes cours de trois ans. J’abandonne mon poste à la clinique parce qu’il m’a fallu signer un accord et travailler parallèlement à l’hôpital. Mais j’ai réussi mes examens sans problèmes», précise-t-elle.

Elle décroche alors son Certificate of Nursing et son numéro d’identification par le ministère de la Santé.

«J’étais fière de porter le petit voile des infirmières de l’hôpital», lâche-t-elle en riant. Passer dans toutes les salles, aller en bloc opératoire, en urgence ou en gynécologie. C’était le quotidien de la toute jeune infirmière.

Mais elle y reste uniquement 6 mois et doit rembourser une somme de Rs 185 000 à l’Etat à cause de la rupture du contrat. Le désir de poursuivre ses études la tenaille. Elle saisit alors sa chance et décide de se rendre en Angleterre.

«Dans un premier temps, j’étais seule en Angleterre. J’ai passé un mois sans mon mari et mes deux petites. Elles avaient huit et six ans. Ils sont venus me rejoindre après ce long mois de séparation qui me semblait une éternité», précise-t-elle.

La vie est loin d’être facile en Angleterre pour la petite famille mauricienne. Un proche de la famille qui y vivait déjà depuis quelques années les aide financièrement. «Mes enfants ont pu accéder à une école à Londres, mais mon mari et moi avions d’énorme difficultés à trouver un emploi», ajoute-t-elle.

Découragée par la difficulté de trouver de l’emploi, la jeune femme envisage de rentrer à Maurice. C’est une amie, également Mauricienne qui l’encourage à rester en Angleterre, lui promettant que des jours meilleurs vont se présenter à elle.
En 2006, elle décroche un emploi stable à la Homerton University National Health Service Trust Foundation. Elle y est embauchée comme aide-soignante.

«Mes qualifications ne valaient pas grand-chose là-bas. Il me fallait faire un examen anglais, réussir des contrôles réservés aux expatriés et avoir l’identification anglaise en tant qu’infirmière. Et j’ai pu avoir tout cela en 2008», poursuit la jeune femme.

Entre-temps, elle n’arrête pas de postuler dans ce même hôpital pour d’autres postes avec l’espoir de se spécialiser dans une filière. En 2007, l’hôpital lui informe qu’elle est retenue pour l’unité de soins intensifs réservés aux nourrissons.

Et derrière le succès de cette femme, âgé maintenant de 37 ans, se profile celui qui s’est toujours débrouillé pour prendre soin de leurs enfants. L’infirmière affirme qu’elle doit tout à son époux, Bruno, qui a su prendre soin de ses deux filles pendant qu’elle étudiait.

«Mon mari m’a beaucoup soutenu. Il a toujours veillé à ce que nos enfants aient ce dont elles avaient besoin pendant que j’étais concentré sur mes études. D’ailleurs, je suppose que c’est pour cette raison qu’aujourd’hui elles sont davantage attachées à leur papa», dit-elle, le sourire aux lèvres.

Elle n’oublie pas de faire un clin d’œil à ses parents, Pierrot et Gladyse Rouget qui l’ont toujours «encouragé à progresser». Maintenant, son objectif : donner à ses deux filles ce qu’elle a reçu de ses parents. «Je vais veiller à l’éducation de mes deux filles, qui ont déjà beaucoup dépassé leur mère en taille», précise-t-elle en rigolant.

Sa devise elle l’affiche, haut et fort. «Ne jamais se contenter de là où nous sommes arrivés. Il faut toujours viser plus haut et atteindre ses objectifs », affirme la jeune femme, pétillante de vie et surtout heureuse d’avoir atteint ses objectifs.