Certains la croyaient terminée, et pourtant l’éruption du 15 décembre 2008 se poursuit à l’intérieur du cratère Dolomieu.

Elle vient d’entrer dans son deuxième mois. Ce qui en fait une éruption d’une durée supérieure à la moyenne de la plupart des éruptions du piton de la Fournaise. Cette troisième phase, après celles du 21 septembre (10 jours) et du 27 novembre (24 heures), a la vie dure, malgré la presque absence d’activité effusive visible depuis le 1er janvier, lorsqu’on l’avait crue terminée, l’espace de quelques heures.

Elle a donc repris et, depuis, le trémor éruptif se montre remarquablement stable, linéaire, à son niveau du début de l’éruption. Pas de projections, pas de coulées spectaculaires depuis près de deux semaines, mais un panache de gaz parfois bien repérable du sud et de l’est de l’île, dans la lumière du petit matin : la lave s’écoule en tunnels à partir de deux cônes éruptifs qui se sont édifiés à mi-hauteur dans la paroi nord-est du cratère Dolomieu, ce gouffre dont la profondeur atteignait environ 340 mètres après l’effondrement survenu au cours de l’éruption d’avril 2007. Aujourd’hui, le plancher du cratère, au fil de l’activité éruptive, aurait remonté d’environ 85 mètres, selon une estimation corrigée récente de l’observatoire volcanologique, réalisée à l’aide d’un distancemètre utilisable dans un tel contexte et avec l’aide de photographies prises à intervalles réguliers.

Une interrogation a été levée: comment un îlot de lave figée présent au centre du nouveau plancher du Dolomieu, datant de la phase éruptive précédente, pouvait-il ne pas avoir été recouvert par les coulées de l’éruption en cours, et ce alors que le cratère se remplit comme en témoigne l’engloutissement de repères naturels sur ses parois ? La réponse pressentie a été validée par une photo comme celle-ci, prise à l’aube hier matin : la lave s’écoule majoritairement en tunnels à partir des cônes éruptifs, s’accumule sous la carapace de lave qui recouvre le fond du Dolomieu et y demeure liquide. Parfois, sous la pression, la lave jaillit et remonte sur les pourtours de cette croûte. Le fond du cratère Dolomieu s’élève donc non pas par accumulation de coulées aériennes, mais essentiellement par soulèvement. Et nul n’ose se prononcer, pas même les scientifiques, sur la durée de cette éruption.

F.M.-A.
(Source: Journal de l’île de la Réunion)

Journal de lle de la Runion