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Djuneid Dulloo : « Je sens que j’appartiens à plusieurs lieux en même temps ! »

26 février 2010, 00:00

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Djuneid Dulloo : « Je sens que j’appartiens à plusieurs lieux en même temps ! »

Djuneid Dulloo a tout juste 26 ans. Il est déjà doté d’un CV impressionnant. Le jeune homme enseigne actuellement l’art au Berlin Cosmopolitan School, une école internationale.

A seize ans, alors qu’il est au Collège du Saint-Esprit, l’adolescent doit tout quitter pour suivre sa famille au Kenya. Son père obtient un emploi dans une organisation non-gouvernementale dans ce pays. «  Je n’avais pas le choix. C’était très dur au début car je voulais rester au Collège du Saint-Esprit jusqu’à la Upper. Mais en fin de compte, l’expérience que j’ai eu au Kenya m’a été bénéfique à la fois pour mon développement personnel et professionnel », raconte Djuneid Dulloo.

Il complète les deux années qui lui restent pour son cursus secondaire. Direction Boston aux Etats-Unis pour six ans. Pendant ces années, il étudiera ainsi au Massachusetts College of Art, au School of Museum of Fine Arts et Tufts University. En 2005, Djuneid Dulloo fait escale à l’Ecole Nationale Supérieure des beaux-arts avant de revenir à Boston.

Le jeune homme revient à Maurice après son séjour en Amérique. Il y reste pour une courte période avant de s’envoler pour Harvard Graduate School of Education en 2008. « Je suis resté cinq mois à Maurice où j’ai réalisé ma première exposition solo à la galerie IBL à Port-Louis. J’ai aussi travaillé comme pédagogue artistique dans le projet TIPA à Rivière-Noire », se souvient-il. Lors de son passage à Maurice, Djuneid Dulloo a aussi travaillé pour le British Council.

En 2008, après avoir complété ses études à Harvard, Djuneid Dulloo choisit de ne pas revenir s’installer à Maurice. « Ce qui me manquait, c’était de ne pas rencontrer autant de gens qui viennent de tous les coins du monde. Ainsi pour mon développement artistique et professionnel, j’ai préféré aller découvrir le monde afin d’apprendre d’autres langues – l’italien, l’allemand entre autres », nous explique l’artiste.

L’artiste réalise ainsi plusieurs expositions à Rome, Paris, au Kenya ou encore aux Etats-Unis. Cela ne l’empêche pas d’aimer être en contact avec les enfants en bas âge. D’ailleurs, c’est à ceux ayant entre 5 et 6 ans que le jeune homme enseigne. Après une journée de travail qui se termine à 18 heures, il rentre chez lui ou se rend à l’atelier.         

Car lorsqu’il ne travaille pas, Djuneid Dulloo consacre son temps à sa passion, son passe-temps préféré : la peinture, son art. Le jeune homme s’intéresse aussi au théâtre et au cinéma à Berlin. Il est aussi acteur à mi-temps à l’English Theatre of Berlin. Il a ainsi joué dans un court-métrage.

Compte-t-il revenir s’installer un jour à Maurice ? La réponse n’est pas définitive. Difficile de penser à revenir alors qu’il a encore tant à découvrir et à apprendre. « Je pense revenir un jour à Maurice, mais je ne sais pas encore quand. C’est sûr qu’il y a plein de choses qui me manquent car en fin de compte, c’est quand même chez moi. Mais la question de « Where is home ? » est parfois difficile à répondre, car je sens que j’appartiens à plusieurs lieux à la fois ».

Cela ne l’empêche pas de jeter un regard critique que son pays natal. Il dit d’ailleurs s’inquiéter pour la qualité du développement économique et touristique de l’île. Sa crainte serait de voir une transformation de l’île qui apporterait davantage aux étrangers qu’aux Mauriciens. « Je suis aussi inquiet par le manque de préservation culturel. Je souhaiterais que le pays donne plus à ses citoyens en termes de formation, d’opportunité culturelle et artistique. Les Mauriciens ont un talent extraordinaire et une originalité profonde grâce à un mélange assez unique au monde ».

Djuneid Dulloo se sent aussi délaissé du gouvernement mauriciens parce qu’il se trouve à l’étranger. Il regrette le manque de communication entre Maurice et les Mauriciens vivant hors du pays. Le jeune homme souligne que même en étant loin de leur pays natal, ils peuvent aider au « développement et au bien-être du pays ».

Il ne conçoit pas que les Mauriciens vivant à l’étranger n’aient pas le droit de voter. « C’est un droit fondamental qui nous est refusé. Mais ce n’est pas tout. Je suis triste qu’alors que je fais connaître mon pays partout où je vais, je ne reçois aucune aide pour mon éducation et mes projets artistiques parce que je les réalise à l’étranger».