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Découverte : Patrimoine méconnu

12 mars 2010, 00:00

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Découverte : Patrimoine méconnu

De nombreux lieux, à Maurice, ont une riche histoire et méritent le détour. Certains sont classés «patrimoine national», d’autres pas. En voici une sélection.

Pagode Kwan Tee – Les Salines

La pagode Kwan Tee, la plus ancienne du pays, a été construite en 1895. Le bâtiment a toutefois connu plusieurs rénovations. C’est en 1980 que la structure présente a été inaugurée. Actuellement, la société Nam Shun Fooy Koon, qui est responsable de ce lieu de culte, y entreprend des travaux de rénovation qui ont permis la restauration des pierres datant du siècle dernier. La pagode est un lieu de culte dédié à Kwan Tee, un grand guerrier connu aussi pour sa droiture. Plusieurs autres autels sont présents dans la pagode, par exemple l’autel pour la bonne fortune, ou le lieu de culte aux ancêtres. Tous les ans, une cérémonie religieuse et culturelle y est organisée pour le nouvel an chinois.

 

La Cave Madame – Roches Noires

Situées à Roches-Noires, les caves Princesse Margaret font partie du patrimoine national pour leur usage par les Noirs marrons qui habitaient la région Nord de l’île. Des études archéologiques du site ont démontré que des hommes ont occupé ces caves à un moment donné. Il est également possible qu’elles n’ont jamais été découvertes par les colons ou la police de l’époque car aucune mention n’est faite nulle part. Le Nord de l’île est la zone où se trouvait le plus grand nombre d’esclaves marrons, tout simplement parce que c’était la région avec la plus forte densité de population. Toutefois, les autorités de l’époque y avaient renforcé la présence policière afin de retrouver les esclaves qui s’étaient échappés. Les mouvements des esclaves étaient donc restreints, les forçant à se cacher dans des caves. A l’origine, il s’agissait d’un tunnel, mais il s’est effondré, créant deux caves qui portent le nom de Princesse Margaret. L’une d’elle, connue comme cave Madame, a été aménagée pour que le public puisse y avoir accès. En revanche, l’autre se trouve dans la cour d’un particulier et n’est donc pas accessible par le public. C’est dommage, car la seconde cave serait plus grande. Si la cave Madame est surtout un repère d’amoureux en quête d’un coin tranquille, elle n’en reste pas moins intéressante à visiter. Certes, le paysage a été amélioré depuis le temps des esclaves, mais la cave elle-même est bien conservée.

Montagne des Signaux – Port-Louis

Qui ne connaît pas La Montagne des Signaux, qui surplombe la capitale ? Mais qui se souvient encore de sa place dans le patrimoine national et de son importance pour les esclaves marrons ? Les passes dans la montagne liant Port-Louis à Moka étaient très utilisées par les esclaves marrons voulant échapper à leurs maîtres. La montagne est également le lieu où Ratsitatane, le prince malgache, a rencontré les esclaves après sa fuite de prison. La Montagne des Signaux fait donc bel et bien partie du patrimoine, même si aucune étude archéologique n’y a été entreprise. De ce fait, il existe peu de preuves tangibles de la présence d’esclaves dans la montagne ou des passages utilisés. Toutefois, la montagne n’est pas pour autant délaissée. Une route mène au sommet où une station a été installée. Un parcours de jogging a aussi été aménagé. De ce fait, les joggeurs peuvent profiter de la vue imprenable sur la capitale.

Vagrant Depot – Grande-Rivière Nord-Ouest

Le nom ne vous dit peut-être rien, mais ce dépôt était en fait une sorte de prison où étaient envoyés tous ceux que le régime colonial du XIXième siècle trouvait sans permis de séjour, sans domicile ou sans travail selon la loi. Un déserteur ou un laboureur ayant refusé de travailler pour son maître était aussi expédié au Vagrant Depot, de même que les gens arrêtés pour vagabondage. Ceux qui y étaient envoyés l’étaient généralement pour une période de trois mois. La population du dépôt était hétérogène, composée principalement d’hommes âgés entre 18 et 50 ans. Les prisonniers du dépôt étaient utilisés pour faire des travaux, comme casser des pierres, ou nettoyer les routes et ont donc contribué au développement de la capitale et de sa région. Ce sont les évasions, les problèmes d’ordre sanitaire et les conditions de travail qui ont finalement eu raison du dépôt. En 1886, le Vagrant Depot ferme ses portes et les prisonniers sont transférés à la prison de Port-Louis et celle de Beau-Bassin. Un projet de conservation a été lancé en 2005 pour le dépôt.

Vincent POTAGE


Trois Cavernes

Ces cavités se trouvent sur la route de Palma menant à Flic-en-Flac. Le site se situe au milieu d’un champ de canne à Médine. Ses entrées sont obstruées par des buissons. Comme le veut son nom, le site est composé de trois cavernes. C’était un emplacement très prisé par les esclaves marrons, vu qu’il était très boisé. D’après une recherche entreprise par le département d’histoire de l’Université de Maurice en 2007, et coordonnée par le professeur Jocelyn Chan Low, les caves sont «affectées par l’irrigation des champs de cannes aux alentours ». « Cela accélère leur effondrement.» Puisqu’elles se trouvent sur le site de la propriété sucrière de Médine, l’accès y est interdit.

Marmite Cassée

Ce site se trouve à Grande-Rivière-Sud-Est entre les districts de Grand Port et de Flacq. Son nom vient du fait que sur le lieu, le manche d’une marmite dépassait du sol. Une partie du site se trouve désormais sur une portion des terres de l’Integrated Resorts Scheme d’Anahita. Un four à chaux, des caves et un pond (Bassin Lubines) s’y trouvent. Mais seul le four à chaux a été préservé. Plusieurs légendes sont associées à cet endroit. Certaines personnes pensent qu’il est hanté vu que des esclaves y seraient enterrés. D’autres disent qu’une anguille géante s’y trouvait. Tout cela a fait que les habitants ont graduellement déserté l’endroit.

Le Moulin à poudre d’Arsenal

C’est là-bas qu’était fabriqué le salpêtre – un des composés de la poudre de canon – à partir du bois d’ébène. Le lieu est célèbre pour une explosion qui a tué plus de 300 esclaves. «C’était l’une des plus grandes catastrophes de l’époque. Elle avait tué plus de gens que l’invasion britannique » explique Benjamin Moutou, historien. Au départ, le Moulin se trouvait à Balaclava. «Il fut transféré à Calebasses en 1773. En dernier lieu, il fut transféré à l’endroit où se trouve la Cathédrale St James, à la rue Poudrière, d’où le nom de cette rue».

L’hôpital Civil

Nombreux sont ceux qui ne savent pas que l’hôpital Jeetoo à Port-Louis est listé comme patrimoine national. C’était le premier hôpital construit pendant la période française. «Auparavant, il s’appelait l’hôpital Civil parce que c’était un hôpital pour les civils, et non pour les militaires». Cet hôpital a été le témoin de nombreuses hécatombes, telles l’épidémie de choléra et de malaria. Sous l’ère britannique, l’hôpital a été amélioré pour devenir un des hôpitaux les plus modernes de l’océan Indien.

L’Hôtel du gouvernement

Si c’est aussi un site très connu, rares sont les Mauriciens à savoir qu’il est répertorié sur la liste du patrimoine national. C’est l’un des plus vieux bâtiments de l’hémisphère sud. Construit en 1735, il était le siège du gouvernement colonial français. C’était aussi le lieu des résidences des gouverneurs avant le Château du Réduit. «C’est le plus grand témoin de l’histoire de Maurice,» résume Benjamin Moutou. Le bâtiment est toujours en bon état puisqu’on continue de l’utiliser-il abrite le bureau du Speaker, entre autres.

La tour Martello

Les diverses tours Martello du pays ont été construites par les Britanniques pour protéger le pays contre d’éventuelles invasions des Français. Des cinq tours Martello, trois sont toujours là. Celle de La
Preneuse a été transformée en musée. En revanche, celle de Pointe aux Canonniers n’existe plus. «Elles étaient construites près des embouchures des rivières pour bloquer l’accès des passes et ainsi empêcher aux navires ennemis d’y pénétrer,» commente Benjamin Moutou.

Corinne MINERVE

Vincent POTAGE & Corinne MINERVE