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Egypte : l'économie sauvée du chaos par l'aide du Golfe
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Egypte : l'économie sauvée du chaos par l'aide du Golfe
La crise politique en Egypte a porté un coup fatal aux espoirs d'une reprise rapide de son économie mais l'aide des pays amis du Golfe devrait lui éviter un effondrement financier.
Lorsque l'armée a destitué le président élu Mohamed Morsi le 3 juillet, elle espérait restaurer le climat des affaires et rendre à l'Egypte l'attrait qu'elle avait perdu depuis un an auprès des investisseurs étrangers, dans l'espoir d'apaiser les tensions sociales et de soutenir l'emploi et l'amélioration du niveau de vie.
Les violences de la semaine dernière ont réduit ces espoirs à néant, au moins pour plusieurs mois. Et une dégradation supplémentaire de la situation politique pèserait sur la croissance, qui n'a pas dépassé 2,2% au premier trimestre, un niveau insuffisant pour faire reculer le taux de chômage, estimé officiellement à 13%.
Mais dans la foulée de la destitution de Mohamed Morsi, l'Arabie saoudite, le Koweït et les Emirats arabes unis (EAU) ont promis à l'Egypte un montant total de 12 milliards de dollars (neuf milliards d'euros) sous forme de prêts, de dons et de livraisons d'hydrocarbures.
Cinq milliards sont déjà arrivés dans les caisses égyptiennes, une rapidité inhabituelle en matière d'aide internationale qui illustre l'importance de la stabilité de l'Egypte pour ses généreux soutiens.
Ainsi, la crise de la balance des paiements et l'effondrement des finances publiques jugés possibles avant la chute de Mohamed Morsi semblent désormais écartés.
Lundi soir, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al Fayçal, a laissé entendre que son pays était disposé à augmenter son aide au Caire en cas de besoin.
"Face à ceux qui ont déclaré qu'ils interrompaient leur aide à l'Egypte ou qui brandissent cette menace, les pays arabes et musulmans, riches de leur peuple et de leurs ressources, ne refuseront pas de tendre une main secourable à l'Egypte", a-t-il dit selon des propos rapportés par l'agence officielle SPA.
LE TOURISME PLOMBÉ
Même si les violences de la semaine dernière ne dégénèrent pas en confit armé durable, l'impact risque d'être particulièrement sensible pour le tourisme, qui génère directement 7% du produit intérieur brut (PIB) selon les statistiques officielles.
Déjà affaibli par la révolution de 2011, qui avait fait chuter cette année-là le nombre de touristes à 9,5 millions contre 14,7 millions en 2010, le secteur a vu ces derniers jours se multiplier les annulations de séjours et les avertissements officiels des chancelleries déconseillant le pays à leurs ressortissants.
Du côté des industriels, les multinationales déjà implantées dans le pays, comme le géant de l'automobile General Motors , le chimiste allemand BASF ou le spécialiste suédois de l'électroménager Electrolux, devraient y poursuivre leurs activités, perturbées ou interrompues la semaine dernière.
Mais même s'il ne se matérialise pas, le risque de troubles risque fort de rendre méfiants les clients potentiels des exportations égyptiennes.
Autre sujet de préoccupation: les finances publiques, déjà dans un état catastrophique avant la chute de Mohamed Morsi. Le cabinet par intérim mis en place par l'armée a hérité d'un déficit budgétaire qui croît au rythme de 3,2 milliards de dollars (2,4 milliards d'euros) par mois en moyenne depuis janvier, l'équivalent de la moitié des dépenses publiques.
LA BOURSE ET LA MONNAIE RÉSISTENT
Privé de légitimité électorale et appelé à être remplacé après les élections prévues l'an prochain, ce gouvernement ne se risquera sans doute pas à entreprendre une politique d'assainissement budgétaire vouée à l'impopularité, ni des réformes économiques politiquement sensibles.
"Si les violences continuent, le gouvernement sera encore moins armé politiquement pour maîtriser le déficit budgétaire en réduisant les aides publiques", explique John Sfakianakis, responsable de la stratégie d'investissement de la société saoudienne Masic.
Cette inaction annoncée est moins risquée qu'elle en a l'air, puisque l'aide du Golfe éloigne le risque d'une crise de la balance des paiements et compense la baisse des réserves de change. Les promesses de l'Arabie saoudite, du Koweït et des EAU peuvent en outre permettre au Caire de trouver plus aisément des financements pour combler les déficits.
Plus important encore, l'Egypte peut compter sur des milliards supplémentaires de ses riches partenaires arabes si ses besoins augmentent ou si la période d'instabilité se prolonge. Cela permettrait de compenser une éventuelle baisse des aides américaines et européennes en réaction à la répression.
L'UE et les grandes institutions financières internationales avaient promis cinq milliards de dollars sur plusieurs années au Caire l'an dernier mais dans les faits, une petite partie seulement de cette enveloppe a été versée. De leur côté, les Etats-Unis n'assurent que 250 millions d'aide économique par an, en plus d'une aide militaire de 1,3 milliard.
La résistance de la Bourse du Caire illustre d'ailleurs la confiance inspirée par le soutien de pays du Golfe: le marché boursier égyptien a certes perdu environ 4% depuis la semaine dernière mais il reste en hausse d'environ 21% par rapport à juin.
Parallèlement, l'écart entre le cours officiel de la livre égyptienne et le taux de change du marché noir reste inférieur à 2% alors qu'il avait dépassé 7% lorsque Mohamed Morsi était à la tête du pays.
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