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Egypte: première session de la nouvelle assemblée de l''après Moubarak

23 janvier 2012, 00:00

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Egypte: première session de la nouvelle assemblée de l''après Moubarak

Le parlement égyptien issu des élections législatives libres remportées par les islamistes a tenu lundi sa première session quasiment un an après la chute de l''''ancien dirigeant Hosni Moubarak en février 2011.


La séance plénière a été ouverte par Mahmoud al Saka, 81 ans, membre du parti Wafd, officiant comme président provisoire en sa qualité de doyen de l''assemblée.

"J''invite l''honorable assemblée à se lever et à réciter la fatiha (ndlr, la prière musulmane) en mémoire des martyrs de la révolution du 25 janvier (...) parce que c''est le sang des martyrs qui nous a conduits à ce jour", a-t-il déclaré.

Après avoir prié en silence, les élus dont les rangs sont dominés par les islamistes du parti Liberté et Justice (PLJ), émanation des Frères musulmans, ont prêté serment, certains arborant des écharpes jaunes en signe de protestation contre les procès militaires visant des civils.

Cette première séance contrastait singulièrement avec les rentrées parlementaires de l''ère Moubarak lorsque les bancs de l''assemblée étaient occupés par les élus du Parti national démocrate (PND) dissous après la chute du raïs le 11 février dernier.

Marginalisés pendant plusieurs décennies, les islamistes du PLJ et d''Al Nour, la formation salafiste, ont remporté plus des deux tiers des sièges attribués au scrutin de liste au sein de la chambre basse du parlement.

Avec 38% des voix, le PLJ, qui apparaît comme le grand vainqueur des premières élections libres, s''est engagé à guider le pays vers un gouvernement civil élu.

L''armée qui assure l''intérim a prévu de restituer le pouvoir aux civils à l''issue de l''élection présidentielle prévue au mois de juin, mais certains soupçonnent les militaires de vouloir conserver les leviers dont ils se sont emparés.

L''une des premières mesures de cette session inaugurale est l''élection du président de l''assemblée, un poste qui devrait revenir à Mohamed el Katatni, désigné par le PLJ.

Rédiger une nouvelle Constitution

Le nouveau parlement aura ensuite comme tâche de nommer les 100 membres de l''assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution définissant les pouvoirs du président et du parlement dans la nouvelle Egypte.

Les jeunes activistes égyptiens, en pointe lors des 18 jours de manifestations anti-Moubarak de l''hiver dernier, ont organisé une petite manifestation devant le parlement pour s''assurer que les acquis de la révolution seront bien conservés et que les familles des victimes et les blessés ne seront pas oubliés.

"Nous ne contestons pas le mandat du parlement accordé par le peuple mais il a été délivré au nom des martyrs et des blessés. Nous craignons que les partis politiques se disputent le pouvoir et ignorent la jeunesse", explique l''un des activistes, Mohamed Fahmy.

A l''issue des élections qui se sont étalées de novembre à janvier, le parti laïc Wafd et le Bloc égyptien se placent en troisième et quatrième places. La coalition "La Révolution continue", dominée par les organisations de jeunes, obtient moins d''un million de voix et seulement sept sièges à la chambre basse.

Les élections à la chambre haute, la Choura, se tiendront de fin janvier jusqu''au 22 février.

Selon certains observateurs, les généraux du Conseil suprême des forces armées (CSFA) n''abandonneront le pouvoir qu''après avoir obtenu l''assurance des Frères musulmans et des autres partis politiques qu''ils ne seront pas jugés pour la mort de manifestants.

Le ministère public a requis la peine de mort début janvier contre Hosni Moubarak, poursuivi pour sa responsabilité présumée dans la mort de 850 personnes tuées lors de la révolution.

Human Rights Watch a invité dimanche les démocraties occidentales à surmonter leur aversion pour les mouvements islamistes d''Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour établir le dialogue et les encourager à respecter les droits de l''homme.

"Les partis islamistes sont réellement populaires dans une bonne part du monde arabe, notamment parce que de nombreux Arabes considèrent l''islam politique comme l''antithèse des régimes autocratiques", écrit Kenneth Roth, directeur de l''organisation, dans le rapport annuel de HRW.


(Source : Reuters)