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En cas d’incendie au port, Port-Louis risque-t-elle de s’embraser ?

19 avril 2013, 13:08

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En cas d’incendie au port, Port-Louis risque-t-elle de s’embraser ?

Les inondations sont-elles le seul danger qui guette la capitale ? Avec des zones sensibles comme le port où sont stockés le gaz et le carburant, conjugué à un urbanisme sauvage, les risques d’incendie ne constituent-ils pas également un danger?

 

Après les inondations meurtrières du 30 mars dernier, beaucoup ont remis en question la réaction jugée inadéquate des autorités. L’express a tenté de savoir si elles sont préparées à combattre un incendie de grande envergure.

«Valeur du jour, aucun travailleur ne sait ce qu’il doit faire s’il y a une catastrophe en chaîne dans le port», déclareReaz Chuttoo, syndicaliste etemployé de longue date dela Mauritius Chemical & Fertilizer Industry Ltd (MCFI),située dans la zone portuaire.

 

Il montre du doigt le fait qu’il n’y a pas de contingency plan global pour une évacuation efficace du port en cas de catastrophe majeure. «Les entreprises ont toutes leur propre plan, mais il n’y a rien pour le port en général», affirme le syndicaliste.

 

Kiran Jawaheer, directeur de Vivo Energy, qui possède des cuves de stockage de gaz et de carburant dans le port, explique qu’il y a plusieurs plans en cas d’accident grave. «Nous avons un plan d’urgence et nous faisons également des tests régulièrement», explique-t-il à l’express. «Nous avons des dispositions sophistiquées qui sont auditées et testées par des experts étrangers», souligne-t-il.

 

De son côté, un haut responsable de la sécurité portuaire affirme qu’un Port Disaster Management Plan

aété mis en place en cas d’urgence. «Les recommandations de ce plan diffèrent dépendant de s’il fait jour ou nuit au moment d’un incendie ou d’une explosion. Le jour, le port est une vraie fourmilière», explique-t-il.

 

Selon ce plan, les équipements pour contrer toute catastrophe sont disponibles 24h/24 et une «tour de contrôle» veille toujours au grain. En cas de problème, les responsables du port contactent la police, les pompiers, le SAMU et le ministère de l’Environnement entre autres autorités concernées.

 

«Le jour où il y aura un incendie, toute la direction de la MPA (NdlR, Mauritius Ports Authority) se réunira en présence des stakeholders, y compris ceux du privé», poursuitnotre source.

 

Quid des habitants de Roche-Bois, qui vivent non loin des cuves de stockage de gaz dans la zone portuaire ? «Nous délocaliserons bientôt les cuves à Mer-Rouge, plus loin du port», révèle notre source.

Reaz Chuttoo, de son côté, n’en croit rien: «Ils parlent de ce projet depuis plus de 25 ans !» En attendant, assure notre source, les inspecteurs de la MPA visitent les compagnies privées tous les trois mois pour inspecter leurs installations.

 

Outre le port, la capitale compte plusieurs zones à risques, identifiées par les soldats du feu, explique Louis Pallen chef pompier. Parmi, le central business district autour de la rue Royale, compris Chinatown, qui peut notamment s’embraser rapidement. Les zones industrielles, comme Plaine-Lauzun, sont également des points chauds.

 

Tout comme la centaine de bâtiments, situés au centre de la capitale, et dont la hauteur favorise la propagation des flammes. Le Caudan, la nuit à cause de la fréquentation, le Champ-de-Mars les jours de courses et l’hôpital Jeetoo sont d’autres points sensibles.

 

Les autorités pourront-elles, dès lors, faire évacuer la capitale en cas de nécessité? «C’est un problème qui reste entier», estime l’urbaniste Vasant Jogoo. Le fait que la ville n’ait que deux points de sortie ne facilite pas les choses. «Un simple accident de la route suffit à créer des embouteillages !» fait-il remarquer. La meilleure solution serait encore la décentralisation. «Il faut réfléchir à la vocation de Port-Louis», suggère-t-il.