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Espagne : La vitesse du train de Compostelle sous la loupe des enquêteurs

26 juillet 2013, 05:39

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Espagne : La vitesse du train de Compostelle sous la loupe des enquêteurs

Pourquoi le train roulait-il si vite? Le conducteur n'a-t-il pas tenu compte des limitations de vitesse dans un virage serré? Les freins ont-ils lâché? Y avait-il un système de sécurité contraignant le train à ralentir en cas de dépassement?

 
Telles sont les nombreuses questions auxquelles devront répondre les enquêteurs après la catastrophe ferroviaire de Saint-Jacques-de-Compostelle qui a fait au moins 80 morts et 94 blessés, dont 35 grièvement.
 
Deux jours après l'accident, survenu mercredi en début de soirée, le chauffeur du train Madrid-Ferrol qui a déraillé juste avant son entrée en gare de la ville de pèlerinage a été placé sous surveillance policière à l'hôpital où il est soigné.
 
La police a été mandatée par un juge d'instruction pour interroger Francisco José Garzon en tant que suspect. Les enquêteurs ont également reçu ordre de saisir la boîte noire du train.
 
Agé de 52 ans, le conducteur a trente ans d'expérience, a déclaré la Renfe, la compagnie espagnole des chemins de fer.
 
D'après les témoignages, le train roulait à une vitesse au moins deux fois supérieure à la vitesse autorisée de 80 km/h dans le virage serré où le drame s'est produit.
 
De nombreux journaux espagnols ont publié des extraits d'une page Facebook au nom du conducteur où ce dernier se vantait de conduire des trains à une vitesse élevée. Le compte a été fermé jeudi matin. Le conducteur n'a pu être interrogé et Reuters n'a pu déterminer s'il disposait d'un avocat.
 
Les représentants des syndicats de cheminots ont jugé qu'il était prématuré d'accuser le conducteur.
 
"L'erreur humaine est toujours une possibilité et pour nous prémunir de l'erreur humaine, (...) nous avons la technologie (...) mais il est très difficile de savoir ce qui a pu se produire sans entendre par exemple ce que le conducteur déclarait au moment des faits", a déclaré Miguel Angel Cillero, responsable des transports au syndicat UGT.
 
DEUX SYSTEMES DE SECURITE
 
Alors que la police tente de déterminer s'il y a eu négligence de la part du conducteur, le ministère des Travaux publics a lancé sa propre enquête, plus technique. La Renfe et l'Adif, groupe public qui gère et entretient le réseau ferré, ont également ouvert des investigations.
 
Le train impliqué dans l'accident, fabriqué par les entreprises Bombardier et Talgo, appartient à la série 730, que la Renfe utilise pour son service Alvia, plus rapide que les trains conventionnels, mais pas aussi rapides que les trains à grande vitesse AVE qui sillonnent l'Espagne.
 
Ce train a été fabriqué en 2007-2009 mais remodelé en 2012 pour utiliser du diesel. Il a été conçu pour rouler sur des rails conventionnels comme sur des rails à grande vitesse, qui utilisent deux systèmes de sécurité différents contre les vitesses excessives.
 
Sur les lignes à grande vitesse, les trains utilisent le Système européen de contrôle des trains (ETCS), qui ralentit automatiquement un convoi s'il dépasse la limite autorisée. Sur les lignes classiques, le système plus ancien baptisé ASFA (Annonce de signal et de freinage automatique) avertit simplement le conducteur qu'un train roule trop vite.
 
Sur la portion de voie où la catastrophe s'est produite, le train utilisait l'ASFA, selon deux experts ferroviaires.
 
"Etant donné que le conducteur quittait une ligne à grande vitesse pour rejoindre une voie bien plus lente en entrant dans la gare, il devait y avoir au moins des avertissements visuels pour réduire la vitesse, sinon des avertissements sonores et un système électronique de détection de la vitesse", explique dans un courriel le professeur Roger Kemp, de la Royal Academy of Engineering de Grande-Bretagne.
 
Une source proche de l'Adif a déclaré que le système de sécurité fonctionnait apparemment de manière correcte et qu'un autre train était passé sans problème une heure avant au même endroit.
 
Le train, rempli de familles venues passer les fêtes catholiques de saint Jacques, finalement annulées en raison de la catastrophe, n'avait pas de retard. L'accident s'est produit à 20h41, deux minutes avant l'arrivée prévue en gare de Saint-Jacques-de-Compostelle.