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Exposition : Bord la mer, en mémoire des travailleurs du port…
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Exposition : Bord la mer, en mémoire des travailleurs du port…
Jano Couacaud expose à la Galerie IBL à Port-Louis, des photos de réalisées dans le port dans les années 80, juste avant l’introduction du vrac. Une tranche d’histoire.
« C’est un devoir de mémoire afin de montrer aux Mauriciens le vécu de ces hommes » , c’est ainsi que le photographe Jano Couacaud décrit l’exposition de photos intitulée « Bord La mer ». Le vernissage a eu lieu, le mercredi 16 juin, à la Galerie IBL, à  Port Louis.
La collection de photographies en blanc et noir retrace les conditions de travail des employés du port. Des clichés montrant des dockers, des stevedores, des arrimeurs, des  winchmen, des gangway men à l’œuvre. Ils sont tous là et rappellent, au visiteur, une période révolue, chassée par le vrac. Ce Bulk Sugar Terminal, qui lui aussi va bientôt disparaître pour laisser la place au port de croisières, à les Salines.
Pendant plus d’un siècle, Maurice, transportait le sucre produit par les usines en camion vers les immenses entrepôts sur les quais appelés « Bord la Mer ». De là, il était embarqué sur les navires à dos d’hommes. Le sucre arrivait dans des sacs qui étaient par la suite vidés dans les cales des navires. Tout le travail était effectué manuellement.
En 1980, les aurorités décident de changer le mode opératoire pour l’exportation du sucre. C’est la mécanisation. Des camions-conteneurs acheminent le produit de l’usine à l’entrepôt. Et de là le produit est pompé en vrac vers les cales des bateaux. C’est la fin d’une époque. La machine remplace l’homme. Des centaines d’employés du port sont contraints à la retraite
Une année auparavant, voyant venir la disparition d’un pan de la vie ouvrière, Jano Couacaud décide de fixer sur pellicule ce qui était destiné à devenir des souvenirs. Le photographe s’associe à la militante de gauche Linsey Collen et à l’homme de théâtre Henri Favory pour réaliser un album, témoin d’une tranche de l’histoire.
Le trio veut rappeler aux Mauriciens les durs moments, parfois oubliés, vécus par nos ancêtres. S’ensuit alors une série d’entretiens avec les travailleurs et des prises de photos. D’ailleurs, les propos de ces « travayer-bor la mer » sont utilisés comme légendes à l’exposition. Les remarques sont empreintes de réalisme. Le visiteur sourit devant la description de ce « Missié Wiehé, qui était un blanc qui résonné ». Il était proche des travailleurs.
Trois décennies plus tard, l’industrie sucrière vit un autre tournant de son histoire. Le vrac disparaîtra. Le sucre sera exporté autrement. Le trio Couacaud-Collen-Favory décide de raviver le souvenir de ces hommes qui par leur labeur ont permis au pilier de l’économie mauricienne de prospérer. Les artistes oeuvrent pour que la contribution de ces hommes endurcis par le travail ne sombre pas dans l’oubli.
Les 26 photos exposées à la Galerie IBL en est le témoignage. Les commentaires en créole accompagnés d’une traduction en français restituent le contexte de l’époque.
Une vague d’émotion saisit le visiteur à l’exposition. Une dame, qui était à la galerie IBL de jeudi 17 juin,  trouve les photos touchantes, voire émouvantes. « C’est un travail de mémoire, les photos montrent ce que les hommes du passé ont pu faire pour nous. Moi-même, Mauricienne que je suis, je n’avais jamais pris conscience de cette part de l’Histoire que l’on a tendance à oublier. »
L’exposition durera jusqu’au mardi  22 juin.
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