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Formation technique : Des analphabets malgaches formées pour être techniciennes

29 avril 2013, 08:32

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Formation technique : Des analphabets malgaches formées pour être techniciennes

 

Si pour la plupart des femmes, la Journée internationale de la Femme est une célébration symbolique, cette année, la date du 8 mars a pris une autre dimension pour sept femmes malgaches qui viennent des campagnes retirées du Sud-Est de la Grande île.

 

Dotine, Philomène et Zafitsiha, originaires de Tsaratanàna de la région d’Atsimo Atsinanana, et Berthe Razanamahasoa, Saholiarisoa Lydia Razafindramanana, Germaine Razafi ndravelo et Vonjiniaina Florette Rasoamampionona d’Iavomanitra, d’Amoron’Imania, toutes grands-mères, se sont envolées le 13 mars pour l’Inde. Sur place elles ont commencé une formation d’une durée de six mois sur la fabrication des panneaux solaires.

 

Elles ont pour mission d’apprendre à fabriquer, installer et entretenir des panneaux solaires dans l’objectif d’équiper, à leur tour, les ménages de leurs villages. Ainsi, ils bénéficieront d’un service d’électricité de qualité et fiable, au lieu de continuer à s’éclairer de lampes à pétrole rustiques et de torches à piles.

 

Pour elles, c’est une grande première car elles n’ont jamais quitté leur région. La plupart de la population malgache, et majoritairement les femmes, est analphabète. Ce qui équivaut à dire que partir à l’étranger serait resté, pour ces femmes, un mythe. Ce déplacement est devenu réalité grâce à un contrat de coopération signé en 2012 entre la World WildlifeFund Monde et le BarefootCollege indien.

 

L’approche est simple : «Les grands-mères ou les femmes d’un certain âge font preuve d’humilité. Il est donc facile de leur apprendre de nouvelles choses qui demandent de la patience. Elles sont formées dans leur village et n’ont aucun désir de rester sur place une fois le savoirfaire acquis», explique BunkerRoy du Barefoot College.

 

Mais d’autres critères ont aussi été considérés : «Ces femmes doivent être volontaires, soutenues par leurs familles et originaires de villages retirés et dépourvus d’énergie électrique. Elles doivent vivre dans des ménages modestes etavoir été précocement ou totalement déscolarisées. Elles ne doivent pas exercer de responsabilités communautaires ou associatives particulières».

 

Madagascar a été choisi pour démarrer cette collaboration car le pays est à la traîne par rapport à sa situation énergétique. Seulement 5 % des ménages ruraux et 36 % des foyers en ville en sont pourvus, sur un total de 20 millions d’habitants.

 

Or, la population rurale constitue 70 % de la population malgache. La sélection de ces sept femmes s’est faite par le biais d’une consultation préalable avec les villageois. Leurs candidatures ont été examinées et avalisées par des sages, ainsi que des membres des autorités locales. Elles ont alors reçu le «tso-drano» ou bénédiction de toute la communauté.

 

FORMER POUR AIDER

Le gouvernement indien prône une autonomie énergétique au sein des communautés rurales reculées. Le WWF Monde mobilise actuellement les fonds nécessaires pour que ces femmes puissent, lorsqu’elles reviennent, être dotées des matériaux et outils nécessaires pour permettre à chaque ménage de bénéficier du réseau électrique, soit 240 foyers à Iavomanitra et 150 autres à Tsaratanàna.

 

De son côté, la population de chaque village s’attellera à construire une maison qui abritera l’atelier de travail des femmes, ainsi qu’un centre d’activités communautaires, tous deux pourvus d’électricité. Chaque ménage versera alors une cotisation mensuelle, permettant non seulement la pérennisation du service mais aussi de rémunérer le travail de ces femmes «expertes en systèmes solaires», pour le suivi, l’entretien, les réparations et le renouvellement des batteries.

 

En tout cas, malgré le fait qu’elles soient quasiment des analphabètes, elles seront capables de tirer profit de la formation dispensée par le Barefoot College. «La formation se base sur des dessins, des couleurs et la gestuelle, de manière à ce que les participantes puissent se remémorer facilement les techniques et les outils. Cette formation a été pensée expressément pour que la langue de communication et l’analphabétisme ne constituent pas un obstacle.»

 

Voilà un projet cadrant avec le Protocole de la SADC sur le Genre et le développement qui demande notamment aux États membres de tout mettre en oeuvre pour l’autonomisation des femmes.

 

 

 

Par Volana RASOANIRAINY
Volana Rasoanirainy 
est journaliste freelance. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links