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François de Grivel, président de la Mauritius Employers Federation (MEF)

10 novembre 2010, 13:08

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Le président de la Mauritius Employers Federation, François de Grivel, souhaite que le budget 2011 permette  «une véritable relance de l’économie». Cela d’autant plus, ajoute-t-il, que «les indicateurs ne sont pas favorables».


? Qu’attendez-vous du prochain budget ?

Nous souhaitons voir une véritable relance de l’économie du pays, car nous nous trouvons actuellement dans une situation particulièrement délicate, où les indicateurs ne sont pas favorables.

Nous dépendons en outre beaucoup de la situation internationale à travers le tourisme et les industriesexportatrices. Il n’est pas souhaitable d’alourdir le fardeau des entreprises en relevant les coûts, par des taxes ou des charges plus élevées. Le budget devrait par ailleurs présenter des mesures qui aideraient les entreprises à mieux se positionner dans le contexte actuel, qui se révèle très difficile.

? Le problème, c’est que la marge de manoeuvre du gouvernement apparaît limitée…

Nous sommes conscients que le coût de la dette représente une charge importante pour l’Etat. Mais il faut aussi remarquer qu’en la matière, Maurice n’est pas dans une situation aussi catastrophique que certains pays européens ou même africains.

? En termes d’aides publiques, quels secteurs doit-on cibler ?

Il est préférable d’apporter une attention particulière aux secteurs dynamiques et créateurs d’emplois, comme les technologies de l’information et de la communication (TIC). Mais il ne faut pas oublier les secteurs traditionnels, comme l’hôtellerie ou les industries exportatrices, comme le textile. Ces deux piliers de l’économie pèsent Rs 40 milliards chacun et représentent 100 000 emplois directs. Sans parler des emplois indirects et induits.

? Quelles formes doivent prendre ces aides ?

Pour relancer l’économie, il faudrait que les entreprises disposent de taux d’intérêts plus favorables et d’une roupie moins forte.

? Justement, que pensez-vous du niveau actuel de la roupie ?

Depuis deux mois, l’euro, le dollar et la livre sterling se sont légèrement redressés, mais la roupie reste encore forte. Et sur douze mois, on ne peut que constater qu’elle s’est raffermie. Ce niveau élevé de la monnaie nationale constitue un handicap pour les entreprises exposées aux marchés extérieurs et pèse plus particulièrement sur l’équilibre des opérateurs impliqués dans le tourisme et le secteur d’exportation manufacturier. Une nouvelle baisse du taux directeur de la Bank of Mauritius, pouvant entraîner une dépréciation de la roupie, serait la bienvenue.

? Vous estimez donc qu’il y a une marge de manoeuvre pour baisser les taux d’intérêts ?

Connaissant une infl ation faible de l’ordre de 1,9 % actuellement, avec un taux de croissance de l’ordre de 4 %, il existe une marge de manoeuvre pour baisser les taux afi n d’encourager les entreprises à investir et à mieux se positionner pour l’avenir en cas de reprise plus forte.

? Certains reprochent au patronat de ne pas investir suffisamment pour moderniser l’outil de production. Que leur répondez-vous ?

L’outil de production doit être amélioré dans tous les secteurs d’activité. Il est clair que si nous ne le faisons pas, nous nous retrouverons perdants à terme. Cependant, en 2009 et 2010, les entreprises ont connu des diffi cultés de trésorerie et elles n’ont donc pas pu investir à un niveau suffi sant. Les carnets de commandes sont assez bien remplis, mais les prix restent faibles, car, dans certains cas, les industries exportatrices subissent la concurrence internationale. Dans les hôtels, le taux de remplissage est convenable, mais la guerre des tarifs pratiqués a sérieusement pesé sur les marges. Pour 2011, des investissements sont prévus, soit pour remplacer des outils existants, soit pour être plus performants. Dans l’hôtellerie, par exemple, nous constatons l’ouverture de nouveaux établissements, ou la réouverture d’établissements rénovés, ce qui indique, souhaitons-le, une relance probable dans ce secteur pour 2010-2011.

? Vous proposez une compensation salariale de 0 % à 1,5 %. Sur quoi vous basez-vous ?

En matière d’infl ation, nous sommes sur des taux de l’ordre de 21,9 % actuellement. Selon les règles établies entre les partenaires sociaux, avec une inflation inférieure à 5 %, il n’y aurait pas de compensation salariale. Lors de la mise en place du National Pay Council, de nouveaux éléments ont été considérés, comme par exemple la productivité et la capacité de paiement des entreprises. Actuellement, ces différents éléments sont pris en considération pour des discussions avec les partenaires sociaux. Il est souhaitable que nous arrivions à un consensus entre l’Etat, les syndicats et le secteur privé. Sachant qu’en dernier ressort, la décision revient au gouvernement. Par exemple en 2009, le gouvernement a demandé de payer la compensation salariale en juillet et en janvier 2010.

? Les entreprises ont-elles facilement accès au crédit ?

Tout dépend de la taille et de la surface financière de l’entreprise. Pour les petites et moyennes entreprises (PME), qui ne disposent pas de surface financière ni de garanties suffisantes, l’accès au crédit est plus difficile, même si elles sont performantes.

Les banques demandent souvent des garanties solides. Lors des négociations pour l’accès au crédit, les PME doivent ainsi souvent se financer sur leurs fonds propres si elles en ont. Mais dans la conjoncture
actuelle, elles doivent faire face à des problèmes de capacité de financement. Dans certains secteurs qui connaissent des difficultés, comme le textile ou l’industrie touristique, l’accès au crédit est également plus compliqué. Dans le cas des entreprises qui présentent de bonnes performances passées, le financement par prêts bancaires est plus aisé. Les grosses entreprises, elles, ont moins de problèmes, car elles disposent de la surface financière pour offrir des garanties suffisantes. Encore une fois, l’accès au crédit serait facilité par une nouvelle baisse du repo rate. Avec la baisse décidée en septembre, on est passé de taux d’emprunts de 9 % à 11%, à une fourchette de 8 % à 10 %. Nous pourrions espérer obtenir un taux du loyer de l’argent encore plus faible.

? Rencontrez-vous des problèmes de main-d’oeuvre ? Dans quels secteurs ?

Il y a des problèmes évidents de main-d’oeuvre à Maurice. Dans les technologies de pointe et la mécanique de précision, il n’y a, par exemple, pas de main-d’oeuvre formée. Nous rencontrons également des problèmes de personnel dans les TIC ou les centres d’appels. Dans la construction, il y a une absolue nécessité à autoriser le recours à la main-d’oeuvre étrangère. Car elle a moins de contraintes sociales que la main-d’oeuvre locale.

Dans le textile, les commandes sont là, mais il faut améliorer la performance. Et c’est pour cela que nous devons souvent faire appel à de la maind’oeuvre spécialisée étrangère.