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Gaza : le rappel à Obama
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Gaza : le rappel à Obama
Dans la bande de Gaza, depuis la reprise des hostilités la semaine dernière, la journée du dimanche 18 novembre a été la plus meutrière : 26 morts recensés le lundi matin, dont un tiers d’enfants. Alors que les observateurs les plus impliqués, voire les belligérants eux-mêmes, savent bien que la violence n’apportera aucune solution. La guerre est un message adressé aux vrais maîtres du jeu.
Les hommes autour du Premier ministre israélien, Benjamin Netayanhou, ainsi que les dirigeants du Hamas exerçant le pouvoir à Gaza, ont fort peu de choses en commun. Mais il y a un objectif qu’ils sont susceptibles de partager : les deux camps doivent au plus vite mobiliser l’attention de l’administration Obama. Avec un président américain que n’a plus besoin de se faire réélire, les belligérents peuvent espérer un engagement plus résolu, ce qu’ils tentent d’obtenir dès le début de ce deuxième mandat à Washington. Mais cela implique des changements radicaux des manières de penser.
L’escalade à laquelle on assiste depuis le mercredi 14 novembre n’est-elle qu’une sonnette d’alarme destinée à résonner à la Maison-Blanche ? Avec le jusqu’au-boutiste Netanyahu Premier ministre à Jérusalem alors que l’Égypte est désormais dirigée par des Frères musulmans, le contexte politique de la région doit être pris en compte. Et on peut aussi craindre l’une ou l’autre inspiration plus idéologique que froidement politique. Les deux camps sauront-ils éviter lepiège d’une violence qui ne conduit qu’à davantage de ressentiment et de rancœur ?
La bande de Gaza s’étale sur 41 kilomètres, sur la côte orientale de la mer méditerranée, sa largeur variant entre six et douze kilomètres, pour une superficie totale de 360 km2, soit un sixième de Maurice pour une population supérieure à la nôtre, s’élevant à 1,7 million d’âmes. Avec quelque 4 000 habitants par kilomètre carré, la densité de population est une des plus élevées au monde et, par ailleurs, dans la ville de Gaza, 60% de la population est âgée de moins de 18 ans. Ce qui donne une mesure de l’ampleur des chantiers sociaux et économiques auxquels sont confrontés les responsables politiques.
Gaza est contrôlé depuis 2006 par le Hamas, le mouvement islamiste ayant surfé sur la vague de rejet de la corruption de l’OLP et du Fatah. L’autorité politique gazaouie est limitée car la puissance israélienne voisine contrôle la plus grande partie des frontières terrestres ainsi que la totalité du front de mer comme de l’espace aérien. Cela dans une logique d’occupation à peine différente de celle du contrôle armé du territoire.
La présente escalade dans la bande Gaza prouvera au moins une chose : il ne peut y avoir de solution militaire aux problèmes qui subsistent entre Israël et ses voisins. Cela, de nombreux Palestiniens l’ont admis, dont Yasser Arafat avant sa disparition, des Israéliens et des juifs de la diaspora l’ont également compris, entre autres les membres du mouvement La Paix maintenant - Shalom akshav - qui fut créé en 1978, comprenant d’abord des officiers de réserve de l’armée israélienne.
On note assez souvent des tensions et des divergences entre le Palestinian Center for Human Rights et le B’TSelem, le Centre d’information israélien pour les droits de l’homme dans les territoires occupés. Il n’en reste pas moins que l’existence de ce dernier exerce, auprès de la société israélienne et du pouvoir en Israël, une mission de vigilance que ne peut assumer une ONG militante de Gaza. Par ailleurs, un mouvement tel que Rabbis for Human Rights, avec des antennes en Israël comme aux États-Unis, soutient la réflexion éthique et religieuse sur les droits humains.
Outre les armes, Israël doit aussi manier la propagande. Avec un Premier ministre du Likoud à Jérusalem, un chef de gouvernement certes en alliance avec les travaillistes mais dont la majorité est tributaire des juifs orthodoxes et des ultra-nationalistes, la dynamique au sein du pouvoir israélien n’est pas la plus propice à la paix et, surtout, à la culture de la paix. En contrepartie, à Washington, la Maison-Blanche et le département d’État disposent, en deuxième mandat, d’une plus grande latitude face au lobby juif américain. À quoi ces divers rapports de force peuvent-ils conduire ? Quel peut-être le rôle diplomatique des pays arabes les plus opposés à l’Iran et au pouvoir de Bachar el-Assad en Syrie ? Alliés du bloc occidental face à Téhéran et Damas, cela leur donnera-t-il d’être mieux entendus par rapport à Gaza ? La visite, fin octobre, de l’émir du Qatar dans la bande côtière avait fait l’objet d’analyses parfois très acides.
Les printemps arabes ont bouleversé les équilibres du pouvoir dans la région. Le changement le plus pertinent pour Gaza est ce qui s’est passé en Égypte, tant par la proximité géographique, la fraternité idéologique et le rôle de pivot diplomatique d’Israël dans le monde arabe qu’à tenu le pays de Sadate. Quels vont être les nouveaux rapports de force diplomatiques ? L’armée israélienne entend-elle mettre à l’épreuve la “loyauté” des forces armées égyptiennes ? Va-t-on assister sur les terres palestiniennes dirigées par Mahmoud Abbas à une amélioration des conditions de vie susceptible d’interpeller la jeunesse de Gaza ? Car il faudra aussi, à un moment ou à un autre, que les dirigeants du Hamas retournent aux urnes. En Israël, le Parlement est dissout depuis le 16 octobre et, le 22 janvier 2013, les électeurs éliront une nouvelle Knesset. Du danger des discours électoraux qui pourraient faire de la vengeance guerrière un enjeu.
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