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Grève en Grèce après la fermeture de la télévision publique

13 juin 2013, 13:09

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Grève en Grèce après la fermeture de la télévision publique

 

Les autobus sont à l’arrêt et les grilles du métro fermées ce jeudi 13 juin à Athènes en ce jour de grève générale dans le pays pour protester contre la fermeture temporaire des trois chaînes de télévision et des radios du service public par le gouvernement du Premier ministre Antonis Samaras.

 

Les deux principaux syndicats du pays entendent protester contre une «décision en forme de coup d’Etat visant à bâillonner une information impartiale».

 

Le gouvernement grec a expliqué que la fermeture des chaînes de l’ERT n’était que temporaire et qu’elles seraient relancées sous une forme moins coûteuse pour les finances publiques.

 

Plusieurs défilés sont prévus avec, en point d’orgue, une grande manifestation devant le siège de l’ERT, où les salariés se sont rassemblés depuis l’annonce de la fermeture.

 

Mais jeudi matin, il y avait peu de signes d’une participation du secteur privé à la grève. Les rues d’Athènes étaient remplies de monde et les supermarchés et autres commerces ouverts.

 

«Ce que le plus mal payé des employés d’ERT se fait en un jour, je le gagne en une semaine. Alors, pourquoi devrais-je faire la grève pour eux ?»demande Iannis Papailias en train de ranger sa marchandise.

 

«Des centaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi. Qui a manifesté pour eux ?»a fait valoir Maria Skylakou, une serveuse.

 

Le taux de chômage en Grèceatteint près de 27 % en Grèce. Depuis le début de la récession il y a six ans, plus de 850.000 emplois ont été supprimés, la plupart dans le secteur privé.

 

Le budget annuel de l’ERT, qui compte environ 2 600 salariés dont 600 journalistes, est de 300 millions d’euros pour une audience cumulée de 13 %. Quelque 1 200 personnes devraient être réemployées par la nouvelle société qui remplacera l’ERT.

 

La décision a provoqué des remous au sein de la coalition gouvernementale et ranimé une atmosphère de tension dans un pays qui semblait émerger de la crise politique qui avait accompagné la récession.

 

«Le gouvernement abolit les droits des travailleurs et des citoyens un par un, d’une manière systématique et autocratique»,a commenté le syndicat Adedy, qui représente les salariés de la fonction publique.

 

«Nous appelons chaque salarié et chaque citoyen à lutter pour renverser les projets catastrophiques du gouvernement»,ajoute la centrale syndicale.

 

Un syndicat de journalistes a pour sa part appelé à un mouvement de grève illimité, empêchant la parution de certains journaux et obligeant les chaînes commerciales à rediffuser d’anciens programmes pour occuper l’antenne.

 

De nombreux Grecs considéraient les trois chaînes de l’ERT comme des sinécures dans lesquelles certains partis politiques plaçaient des alliés.

 

Mais la brutalité avec laquelle est intervenu l’arrêt de la diffusion a été ressentie comme un choc par la population.

 

Samaras a affirmé qu’il soutiendrait un projet de réforme de l’audiovisuel public afin de rendre son organisation plus efficace et moins coûteuse pour les finances publiques.

 

Le chef du gouvernement a dénoncé l’hypocrisie de ceux qui contestaient sa décision et s’est dit déterminé à modifier un «système qui ne veut pas renoncer à ses privilèges».

 

La Grèce ne doit plus être «un Jurassic Park, le seul endroit sur terre où les dinosaures ont survécu», a-t-il raillé.

 

«Ce que nous avons vécu hier est sans précédent»,a commenté Alexis Tsipras, leader de la gauche. «Non seulement en Grèce, mais dans toute l’Europe».

 

«La télévision publique s’interrompt seulement dans deux circonstances: lorsqu’un pays est occupé par une puissance étrangère ou en cas de coup d’Etat»,a-t-il ajouté.