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Grèce : le président de la République propose un gouvernement de technocrates

15 mai 2012, 00:00

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Le président grec Karolos Papoulias a proposé lundi la formation d''''un gouvernement de technocrates pour tenter de sortir la Grèce de l''impasse politique qui menace d''assécher le versement de l''aide financière internationale nécessaire pour éviter la faillite.

Le chef de l''Etat a convié mardi à 11h00 GMT tous les partis représentés au parlement, à l''exception d''Aube dorée, formation d''extrême-droite, a rapporté la télévision publique.

La formation d''un gouvernement de technocrates vise à éviter un retour aux urnes précipité.

Cette proposition a d''ores et déjà été rejetée par la Coalition de la gauche radicale (Syriza), hostile aux plans d''austérité exigés par les créanciers internationaux et arrivée deuxième des élections législatives du 6 mai.

"Nous allons participer à la réunion (avec le président). Mais nous nous en tenons à notre position. Nous ne voulons pas consentir à une quelconque politique d''austérité même si elle est mise en oeuvre par des personnalités extérieures à la sphère politique", a dit un porte-parole de Syriza, Panos Skourletis.

"Le fait qu''elle soit mise en oeuvre par des personnalités extérieures à la sphère politique ne change pas l''objectif d''un tel gouvernement, qui est d''appliquer l''austérité", a-t-il ajouté.

Depuis les élections législatives du 6 mai, qui ont accouché d''un paysage politique éclaté marqué par l''affaiblissement spectaculaire des partis traditionnels, tous les efforts entrepris pour former un gouvernement de coalition ont buté sur les positions incompatibles entre partisans et adversaires des politiques d''austérité.

Cette paralysie institutionnelle fait craindre aux investisseurs une faillite prochaine de la Grèce, ce qui alimente la crise des dettes dans la zone euro.

VENIZELOS "PAS OPTIMISTE"

La Grèce a déjà été dirigée par un gouvernement de techniciens, sous la direction de Lucas Papademos, depuis la démission du précédent Premier ministre socialiste George Papandreou en novembre.

La réunion élargie de mardi répond à une demande de Syriza, dont le chef de file Alexis Tsipras a refusé lundi de se joindre à des discussions avec seulement trois autres partis, bloquant de fait la formation éventuelle d''un gouvernement d''union.

Autre formation opposée à la politique d''austérité exigée par les créanciers de la Grèce, la Gauche démocratique a aussi annoncé sa participation à ces discussions.

Le dirigeant socialiste Evangelos Venizelos, dont le Pasok est arrivé troisième le 6 mai, a indiqué de son côté qu''il n''était "pas optimiste" sur les chances de former un gouvernement d''union. Il a toutefois jugé du devoir de tous les partis d''y travailler.

Tour à tour, les chefs des trois premiers partis représentés au Parlement, priés de former un gouvernement, ont renoncé la semaine dernière. Syriza refuse de s''associer aux socialistes du Pasok et aux conservateurs de Nouvelle Démocratie, favorables au respect des engagements pris par la Grèce envers la communauté internationale.

C''est au chef de l''Etat de décider de la tenue de nouvelles élections s''il constate l''absence de solution pour former un gouvernement. L''hypothèse d''un nouveau scrutin anticipé est évoquée par la presse depuis plusieurs jours, à la date du 17 juin.

Nouvelle Démocratie, arrivée en tête des législatives, et le Pasok ont signé le mémorandum fixant les conditions de l''aide de l''Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international, tandis que Syriza y est opposé.

"EQUATION IMPOSSIBLE"

La Gauche démocratique, qui a obtenu autour de 6% des voix et 19 des 300 élus du Parlement, se dit prête à participer à un gouvernement de coalition mais à condition que Syriza en soit.

Le parti d''Alexis Tsipras est donné vainqueur d''un nouveau vote par tous les sondages avec un score en hausse de près de 10 points, ce qui lui permettrait d''empocher en outre la "prime" de 50 élus promise au parti qui arrive en tête.

Syriza se dit favorable au maintien de la Grèce dans la zone euro tout en rejetant l''austérité qui l''accompagne, ce qui est intenable selon les partenaires européens d''Athènes.

Pour le ministre finlandais des Affaires européennes, Alexander Stubb, c''est une "équation impossible" et une position "irresponsable". "Il faut bien comprendre que si la Grèce veut rester dans la zone euro, elle doit remplir ses engagements envers le FMI, la BCE et la Commission européenne", a-t-il dit.

La Constitution ne fixe pas de date limite au président Karolos Papoulias pour tenter d''arracher un accord.

Lui-même n''a donné aucune indication sur le temps qu''il prendra avant de demander de nouvelles élections, qui pourraient parachever le naufrage des conservateurs de Nouvelle Démocratie et des socialistes du Pasok.

Les deux partis qui ont dominé la vie politique grecque depuis des décennies tablent quant à eux sur un sursaut des électeurs en leur faveur en cas de nouvelles élections, dans le but de sauver la place d''Athènes au sein de la zone euro.

photo : Karolos Papoulias, le président grec Photo /REUTERS/Kostas Tsironis/Pool