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Harish Ramphul : Un témoin privilégié de la réintroduction de la culture du riz à Maurice

22 janvier 2012, 00:00

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Harish Ramphul : Un témoin privilégié de la réintroduction de la culture du riz à Maurice

Le projet de Graeme Robertson, homme fort de Vita Grains basé à Singapour, consiste à installer une véritable industrie de la production de semence de riz et de riz de consommation à Maurice. Un homme-pont entre l’homme d’affaires et Maurice : l’ex-footballeur Harish Ramphul.

La scène pourrait paraître banale mais certainement pas aux yeux d’Harish Ramphul. Ce jour-là, il attendait que l’expert-comptable Eendren Vanchard se libère pour le recevoir. Quelques minutes après, entre un Européen qui a tout l’air d’être un Britannique. Ils se saluent sans plus. Dès que Eendren Vanchard voit le Britannique, il lui dit ceci : « Mister Robertson, here’s your man. He knows everybody in Mauritius from the Prime minister to the last labourer. »

Ce devait être le point de départ de l’aventure d’Harish Ramphul dans le projet de réintroduction de la culture du riz à Maurice.

Lorsqu’en 1961, il devient le premier écolier à décrocher une petite bourse à l’école Labourdonnais, Port-Louis, nouvellement opérationnelle, Harish Ramphul est loin de prévoir ce que la vie lui réservait.

« Je ne viens pas d’une famille riche. Cependant, mes parents m’ont laissé une valeur qui restera gravée dans ma mémoire. Pour grimper dans l’échelle sociale, l’éducation est la voie obligée et indispensable. »

La petite bourse lui ouvre la porte d’une des plus prestigieuses institutions secondaires de l’école. « C’était en 1962. Je faisais partie de la première promotion dans le nouveau collège qui vient d’ouvrir ses portes à Cassis, le collège Royal. »

Son certificat de fin d’études secondaires en mains, Harish Ramphul s’envole pour l’Angleterre. Quatre ans après, il rentre à Maurice et prend de l’emploi au Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI). « J’étais affecté au département de chimie. Mon travail consistait à analyser la qualité du sol des terres des petits et des grands planteurs afin de déterminer le type de fertilisants qui leur convenait. »

Nous sommes dans les années 1970. Le jeune Harish n’a pas plus de 26 ans. C’était l’époque où des jeunes rêvaient de changement. Il ne pouvait résister à l’appel du Mouvement militant mauricien (MMM).

« On m’a fait comprendre qu’il y a incompatibilité entre ma fonction et mon désir de faire de la politique. Les tentatives visant à prouver que la cohabitation entre ces deux réalités était possible, comme cela était le cas pour un dirigeant du MMM qui y travaillait lui aussi, n’ont pas abouti. On m’a forcé à prendre la porte de sortie. Cependant le désir de contribuer à l’émergence d’une île Maurice sans communautarisme et où règne la justice sociale était plus fort que toute autre considération. »

Il va vivre une véritable traversée du désert jusqu’à ce qu’un jour son passage au club de football Hindu Cadets où il a été un joueur clé va lui offrir une chance inouïe. « N’ayez aucune crainte M. Ramphul me dit le monsieur qui m’interpelle. Il se rappelle du jour où le Hindu Cadets a remporté pour la première fois de son histoire le titre de champion de football. »

L’homme lui propose d’être son partenaire dans le cadre d’un projet de reprise des activités d’une société étrangère qui plaçait des câbles souterrains pour le compte de Mauritius Telecom.

Harish Ramphul pose comme condition que l’homme écrive la lettre de proposition et qu’il se contenterait seulement de poser sa signature au bas du document. « J’ai été étonné de la promptitude avec laquelle Mauritius Telecom m’a répondu. Nous avons décroché le contrat. Il consistait à installer plusieurs milliers de passages qui donnent accès aux câbles souterrains », se souvient-il.

« Cela m’a occupé pendant au moins 12 ans. C’est grâce à ce travail que j’ai pu m’acheter une maison, financer les études tertiaires de mes deux filles qui sont respectivement gynécologue en Ireland et avocate et responsable d’un cabinet spécialisé en gestion des activités de sociétés engagées dans le secteur offshore », ajoute-t-il.

Mais Harish Ramphul estime avoir encore beaucoup à donner. Surtout qu’il s’agit pour lui d’un retour aux sources, d’une certaine façon : l’agriculture.

« Je suis heureux de terminer ma carrière dans un domaine où se passe une véritable révolution dont les Mauriciens n’ont pas encore mesuré toute l’ampleur », dit-il. Car avec la production de riz, Maurice « prépare le terrain qui fera de l’Afrique le futur grenier du monde ».