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Hein !

23 janvier 2013, 00:00

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Mais comment, diable ? Comment, si l’on s’en tient aux propos du porte-parole Assirvaden, « finn ena intimidasyon lapres lor zidisyer » ? Cela est-il vraiment possible dans un Etat de droit comme la nôtre ?

Sauf si les auteurs du Diksioner kreol morisien nous assuraient que le mot a une autre signification que sa transcription française, nous continuerons à croire que intimidasyon est l’action, comme le suggère le Larousse, d’intimider quelqu’un par la force, la violence ou la ruse. Quant au verbe, il veut dire, selon le même dictionnaire, « inspirer à quelqu’un une crainte, un trouble, qui lui font perdre son assurance », ou encore, « remplir quelqu’un de peur en usant de la force, de menace ». Dans quel mauvais telenovela brésilien, dans quel roman de quat’sous, l’Honorable Assirvaden a-t-il vu des journalistes menacer des juges, les effrayer, leur faire perdre leur assurance ?

Nous vivons dans une démocratie et un État de droit, nos juges sont parmi les mieux placés pour le savoir. Voici quinze ans, dans son jugement après l’appel 28 de 98, en provenance de Maurice, dans un cas de Scandalising the Supreme Court, le Privy Council considéra que la nécessité de maintenir ce délit dans une petite île comme la nôtre était plus vive parce que, dans une telle juridiction, « the administration of justice is more vulnerable than in the United Kingdom ». Aujourd’hui, les avocats de notre confrère Dharmanand Dhooarika, dont Geoffrey Robertson, contestent cela mais, quoi qu’il en soit, s’il y avait effectivement eu intimidation du judiciaire, comme l’allègue gratuitement M. Assirvaden, notre justice aurait déjà utilisé les moyens à sa disposition pour demander des comptes aux journaux et aux journalistes qui auraient outrepassé leurs droits.
On appréciera la différence de mesure entre les propos du juge et ceux de l’élu rouge. En se récusant, M. Domah déclare : «La couverture de presse tend à mettre en doute mon intégrité, mon impartialité et mon indépendance». A aucun moment il ne suggère que la presse a tenté de l’intimider. Il se contente de noter que la couverture de l’affaire tend - souligons-le, tend - à compromettre la perception des attitudes attendues d’un juge dans toute affaire.

Patrick Assirvaden n’arrivera pas à faire croire aux Mauriciens que leur presse nationale - oui, notre presse nationale - complote contre nos institutions. Le choix des pronoms possessifs n’est pas neutre. Ni intimidé.