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Industrie sucrière : une transformation irrémédiable

12 août 2012, 00:00

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Industrie sucrière : une transformation irrémédiable

Pilier de l’économie mauricienne pré et post-indépendance, l’industrie sucrière ne contribue désormais que 2,5 % au Produit intérieur brut du pays. Le processus de transformation, sur fond de tension entre travailleurs et patronat, est irrémédiable.

«Nous avons encore besoin de l’industrie sucrière. Ne serait-ce que parce que la canne à sucre sert à la fabrication de la bagasse et de la mélasse dans un contexte où nous devons nous montrer imaginatifs sur le plan de la production de l’énergie»,indique, d’entrée, l’économiste Eric Ng. Le secteur de la canne à sucre est en pleine mutation, et offre des perspectives multiples. C’est ce qui amène un autre économiste, Pierre Dinan, à dire que la question de la disparition de l’industrie sucrière ne se pose pas.

En fait, il faut préciser que de la production de sucre roux, l’industrie sucrière est passée à d’autres activités beaucoup plus intéressantes, comme le sucre raff né. «C’est plus exact de dire que l’industrie est en train de se muer en industrie cannière», rappelle Pierre Dinan. C’est une industrie en pleine mutation, ajoute-t-il. Quant à l’industrie cannière, ses perspectives sont favorables.

Elle peut encore s’appuyer sur l’industrie sucrière pour ses besoins énergétiques, comme le disait Eric Ng, mais aussi pour la production de spiritueux qui peuvent être exportés.

Aujourd’hui, précise Pierre Dinan, la principale activité de l’industrie sucrière est la production et l’exportation de sucre raffi né. «C’est un bel exemple de transformation et de modernisation. Quand on parle de l’industrie sucrière et de l’industrie cannière, il faut prendre en compte plusieurs éléments. Il n’y a pas que la canne à sucre. Il y a la culture de la canne et la production de sucre», assure l’économiste.

«Certes, il y a un déclin naturel au niveau de la seule production du sucre», tempère Eric Ng. Mais, enchaîne-t-il, il y a un marché pour le sucre, orienté vers l’international.

Parallèlement, même si l’on enregistre une baisse de la superfi cie des terrains consacrés à la culture de la canne, provoquant une réduction annuelle des employés dans ce secteur, l’industrie sucrière peut encore, estime Eric Ng, diversifi er ses activités et explorer d’autres horizons. Elle peut orienter ses activités dans les secteurs agricole et agroalimentaire, surtout à un moment où on parle d’autosuffi sance alimentaire.

Et de par son itinéraire, le pays regorge, aujourd’hui, de compétences à tous les échelons dans ce secteur, autant au niveau de la direction, des cadres que des travailleurs manuels. «C’est une expertise qui peut se monnayer à l’étranger. On assiste, en fait, au passage d’une activité primaire qu’est la culture, à une activité secondaire qu’est la production de sucre et, à présent, à une activité tertiaire avec une offre au niveau des services», insiste Pierre Dinan.

«Il y a plusieurs étapes dans l’évolution d’un pays. Aujourd’hui, l’économie se ‘tertiarise’. L’économie mauricienne suit cette dynamique », fait ressortir Eric Ng.

Mais, il est aussi vrai que des promoteurs profitent des terres, consacrées jusqu’ici à la culture de la canne, pour passer à l’immobilier.

«La valeur de ces terres augmente dès lors par 20 à 30 fois. Cependant, il ne faut pas qu’on s’oriente vers une politique exclusivement immobilière. Il nous faut une politique gouvernementale où on a une vision à long terme», insiste l’économiste.

D’une économie monoculture, l’île Maurice a diversifi é ses activités progressivement, passant au secteur manufacturier, développant le secteurtouristique ainsi que fi nancier et désormais investissant dans les technologies de l’information et de la communication. Aujourd’hui, elle procède à la transformation de son industrie sucrière.

 

Nazim ESOOF