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Investissements publics : comment l’Etat a fini par se désengager de certaines sociétés
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Investissements publics : comment l’Etat a fini par se désengager de certaines sociétés
Pour ne être pas parvenu à atteindre les objectifs escomptés, l’Etat se retire de cinq de ses sociétés.
Les casinos, le Domaine les Pailles Properties, le Port-Louis Waterfront Retail Outlets, le Belle Mare Tourist Village et le Lakepoint Complex ont tous deux points communs. Ce sont d’abord toutes des sociétés dans lesquelles l’Etat a investi l’argent du contribuable.
C’est en 1984, que l’Etat se dote par le biais de la State Investment Corporation Ltd (SIC), d’un pôle d’investissement dans des secteurs stratégiques de l’économie porteurs potentiels de croissance, donc de richesse. Actuellement, elle est engagée dans neuf secteurs par le biais de 81 sociétés. Celles-ci sont soit des compagnies qui lui appartiennent directement, des compagnies associées ou bien des sociétés dans lesquelles elle s’est seulement contentée d’investir ses sous.
Deuxième point commun : tout comme de mauvais élèves qu’un maître dépassé par leur comportement inadmissible a mis aux arrêts, ces compagnies sont passées à la trappe d’une politique de désengagement de l’Etat. Le coup de semonce a été donné par Xavier Luc Duval, vice-Premier ministre et ministre des Finances, lors de la présentation du dernier budget de l’Etat.
Raison évoquée : la création de richesses et d’emploi par une meilleure utilisation des biens de l’Etat, la nécessité de générer des recettes dans le but d’exploiter les possibilités de revenus dans des secteurs stratégiques et enfin la volonté d’offrir de meilleures facilités au public.
Au moins deux écoles de pensées s’affrontent sur le plan de l’explication de ce changement de cap. Il y a d’abord celle qui l’associe à une stratégie de facilités qui consiste à littéralement dilapider les biens de l’Etat pour boucler son budget. C’est la posture de Jack Bizlall, négociateur de syndicats des casinos, entre autres, et véritable chien de garde contre les risques de dilapidation de biens publics. D’où son invitation à l’opinion publique pour que dans son ensemble, elle résiste à l’application de cette mesure budgétaire.
Chandan Jankee, professeur associé en économie à l’Université de Maurice va plus loin en affirmant que ce n’est ni plus ni moins que de la « kleptomanie économique », une pratique qui consiste à vendre le patrimoine de l’Etat, même les sociétés avec un potentiel de réussite indéniable.
Pour l’autre école de pensée, la mise à l’écart de ces sociétés pourrait être la conséquence des effets d’un phénomène qui compromet les chances de réussite de bon nombre de sociétés dans lesquelles l’Etat a investi. Il s’agit de cette tare qu’est l’ingérence politique dans les affaires d’une société censée être à l’abri de toute influence extérieure à son cadre administratif spécifique. Un système illicite mais toléré aux termes duquel certains dirigeants parviennent à caser des partisans pour service rendu.
Une des caractéristiques de cette cohabitation, explique Chandra Jankee, est l’affectation de certaines personnes à des postes pour lesquels elles n’ont aucune compétence.
Pour l’ancien directeur général de la SIC, Seilendra Gokhool, si ingérence politique est synonyme de la responsabilité légitime du gouvernement du jour de veiller à la réussite des sociétés où l’Etat est actionnaire, son application ne devrait pas poser de problème.
« Il devrait s’articuler autour des facteurs fondamentaux qu’est la compétence incontestée des titulaires des postes quels que soient leur couleur politique, la rigueur dans l’application du modèle de gestion identifiée et dans le suivi systématique des mesures engagées et, bien sûr, l’appui total du chef du gouvernement pour que les règles établies soient scrupuleusement respectées à commencer par les dirigeants du parti eux-mêmes » souligne-t-il.
Seilendra Gokhool ajoute : « Il est dans l’intérêt suprême du parti au pouvoir que ces sociétés réussissent dans leur mission respective. Je dois dire que sur ce plan-là, j’ai obtenu l’appui sans équivoque du Premier ministre d’alors, Paul Bérenger. »
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