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Islamisme et démocratie : quels rapports possible ?

11 février 2013, 00:00

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Islamisme et démocratie : quels rapports possible ?

En Égypte, de violentes manifestations, réprimées dans le sang, fin janvier, conduisent le président Morsi à être de plus en plus isolé en Tunisie, le parti au pouvoir, Ennahda, est rendu responsable par l’opinion publique laïque de l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd. Hier, les trois ministres membres du Congrès pour la République, parti laïc du président Marzouki, ont quitté la coalition gouvernementale avec les islamistes. Islamisme et démocratie sont-ils compatibles ?

Qu’entend-on par islamisme ? Évoquant surtout l’islam politique, cette vision de l’histoire et du vivre ensemble oppose l’idéal croyant de la société parfaite, régulée par le dispositif juridique musulman, aux démocraties modernes, principalement occidentales. L’islamisme est aussi une promesse. Celle d’un avenir meilleur qui pourrait bien être un retour à l’âge d’or de l’islam, cela s’inscrivant en net contraste par rapport à la corruption des sociétés actuelles. Au mois de décembre 2011, peu après les victoires, au Maghreb et en Egypte, de ceux qu’on a appelé, à tort ou à raison, les partis islamistes, le Pr Olivier Roy, de l’Institut Universitaire Européen de Florence, spécialiste de l’islam politique, déclarait au Monde des religions qu’on « peut être intégriste religieux et accepter la démocratie ». Le chercheur faisait valoir également que les populations d’Afrique du Nord n’avaient pas voté, prioritairement pour des islamistes mais pour ceux qui disposaient d’une organisation suffisante pour gouverner.

Il n’y a rien dans l’islam, ne cesse de répéter Tariq Ramadan, qui s’opposerait à la démocratie. Ce professeur de l’Université d’Oxford, bien connu à Maurice, est le petit-fils d’Hassan al-Banna, le fondateur, en Égypte, des Frères musulmans. Soupçonné en Occident d’être des intégristes, les Frères répondent qu’ils revendiquent uniquement le droit de pratiquer l’intégralité de leur foi. C’est le courant dont est issu l’actuel président égyptien, Mohamed Morsi, mais également la direction du Hamas à Gaza. Se sentant moins obligé que Tariq Ramadan d’apparaître comme un rassembleur, le poète et enseignant Abdelwahhab Medeb, quant à lui, invite ses correligionnaires à faire face à l’islamisme, à combattre spécialement la pensée wahabbite et le courant salafiste.

Cette question du rapport possible entre islamisme et démocratie préoccupe les penseurs, tant ceux du monde arabo-musulman que ceux venant d’autres horizons, dont le monde laïc occidental. Mais il existe aussi un pays dont l’expérience historique peut être éclairante : la Turquie. A la fois terre du dernier califat et nation laïque souhaitée, depuis 1923, par Ataturk, ce pays est aujourd’hui dirigé par un parti islamiste. Ayant conquis le pouvoir à travers des élections arrivées à échéance. Et les observateurs, dont l’Algérien Noureddine Boukrouh, notent que des valeurs comme la laïcité et des dynamiques comme le processus d’intégration européenne sont à la base du rapport facilité, en Turquie, entre les valeurs islamistes et les requêtes de liberté.