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Israël - Coalition pour la paix, pour la peur ?
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Israël - Coalition pour la paix, pour la peur ?
Cette semaine, en Israël, le président Shimon Peres, confiera à la personnalité politique en apparence la mieux placée après le scrutin du 22 janvier dernier la tâche de former le nouveau gouvernement. Dans ce pays disposant d''''une représentation proportionnelle absolue, il est difficile aux deux grands partis historiques de constituer une majorité sans l''apport des petits partis. Dans ce nouvel hémicycle très fractionné, la droite est à égalité avec le centre et la gauche, rendant la constitution d’un gouvernement très délicate.
Les législatives du 22 janvier ont été caractérisées par un recul significatif de la coalition qui soutenait Benjamin Netanyahu, le premier ministre chef du Likoud. Ce dernier appartient au courant idéologique qui reste très hostile à l''idée de création d''un Etat palestinien, soit de ceux qui pensent que la paix est accessoire, qu''Israël a les moyens financiers et militaires d''assurer sa sécurité en dépit d''un voisinage hostile. Après le scrutin de la semaine dernière, le Premier ministre sortant est toujours en mesure de rassembler une majorité mais son alliance - son parti s''est présenté aux électeurs aux côtés d''Israël Beitenou (Notre maison) de l''ancien chef de la diplomatie Avigdor Libermann - n''a obtenu que 31 des 120 sièges à pourvoir à la Knesset.
Libermann, quant à lui, est préoccupé par la croissance de la population arabe. Malgré l''émigration en Israël d''un million de Juifs de l''ex-URSS, la population arabe en Israël a pratiquement doublé de proportion en 40 ans : 12% en 1966, 23 % aujourd''hui. Selon le leader d’Israël Beitenou, les projections démographiques, démontrent que les arabes devraient être majoritaires en Israël dans 40 ans. La proposition d''Avigdor Liberman : faire passer les grosses agglomérations arabes du Triangle de Galilée du côté de l''Autorité palestinienne, en échange de la souveraineté israélienne sur les gros blocs d''implantations. Soit un échange de territoires avec leurs populations. «La rétrocession des territoires, à elle seule, ne réalisera pas une paix réelle. On ne peut accepter la création d''un État palestinien sans trouver une solution aux Arabes d''Israël », affirme Liberman.
A droite du tandem Likoud/Beikenou, on retrouve les 11 élus - ils n''étaient que trois dans le précédent Knesset - de la formation Foyer juif, de Naftali Bennett, un groupe dont l''idéologie est jugée d''extrême droite, fondant son nationalisme également sur l''identité religieuse. « Il se dit convaincu qu’une solution du conflit israélo-palestinien ne verra pas le jour avant longtemps. Alors, au lieu de parler de paix, il plaide pour l’annexion – celle de près des deux tiers de la Cisjordanie considérée comme la Zone C, où 350 000 colons juifs sont installés. Pour Bennett, les Palestiniens qui y habitent pourraient dans ce cas demander la nationalité israélienne, à l’image de ceux qui vivent à l’intérieur des frontières israéliennes de 1948 », note Rody Judoren dans le New York Times.
Egalement à droite du bloc de gouvernement Likoud/Beikenou, les deux partis religieux ultra-orthodoxes,Shass, la formation des haredi séfarades (7 élus) et Yahadut Hatorah (Judaïsme unifié de la Torah), le regroupement des ashkénazes (11 élus). Dans le courant du week-end, les deux partis ont rappelé qu''ils représentaient, ensemble, 18 élus et qu''ils allient leur forces pour se faire mieux entendre.
La grande surprise de ce dernier scrutin aura été la performance - 19 sièges - de Yesh Atid, le parti centriste nouvellement créé et dirigé par l''ancien journaliste-vedette Yair Lapid. Au centre-gauche, Hatnouah, la formation de l''ancien ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni fait élire six députés, alors que Kadima en obtient deux. Le Parti travailliste, l''adversaire traditionnel du Likoud dispose, lui, de 15 élus, alors que Meretz, le parti pacifiste, compte six députés. Finalement, à l''extrême opposé politique du bloc aspirant à gouverner, les partis arabes font élire 12 députés au Knesset.
Avec cette configuration, quels sont les scénarios plausibles ? Le premier serait une majorité serrée de 60 mais aussi très unie idéologiquement : les 31 du Likoud-Israël Beitenou, les 11 du Foyer juif (le parti des colons), les 11 de Shass, les 7 de Unité de la Thora. L’arithmétique n''encourage pas Netanyahu de s’engager dans cette voie. Le chef du Likoud pourrait aussi choisir une majorité plus large, avec une ouverture vers le centre. Cela permettrait alors le regroupement suivant : les 31 du Likoud-Israël Beitenou, le 19 de Yesh Atid, les sept du Mouvement de Tzipi Livni, les deux de Kadima ainsi que les 11 sièges du Foyer juif de Naftali Bennet. Soit un total de 70 sièges, une majorité confortable mais susceptible de présenter des divergences sur la question des colonies, de la conscription des religieux ou du mariage civil. 
Dans le camp de la fraternisation entre juifs et Palestiniens, par exemple au village Wahat al-Salam Neve Shalom, la paix n''est pas que le résultat d''un rapport de force. Ces militants déplorent que les politiques se contentent d''assurer la sécurité à Israël, pas la paix, pas une existence réconciliée avec ses voisins. Mais cela dépendra aussi d''un rapport de force au Knesset.
 
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