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Jacques David : «Existe-t-il encore un ‘Board’ pour gérer le MHTF» ?

13 janvier 2012, 11:48

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L’ex-membre du board du Morne Heritage Trust Fund remet en cause son fonctionnement car, estime-t-il, après quatre ans, aucun projet mentionné dans le Management Plan n’a encore démarré.

? Jacques David, vous avez siégé sur le Board du Morne Heritage Trust Fund de 2006 à 2008.Vous étiez parmi ceux qui ont travaillé sur le «Management Plan 2008. Vous ne faites plus partie du « Board ». Si je vous demande de faire une analyse du travail accompli par l’actuel «Board».Que diriez-vous ?

D’abord permettez-moi de poser une question : existe-t-il un board aujourd’hui pour gérer le Morne Heritage Trust Fund ? Et si la réponse est oui. Que le board nous dise quelles sont les actions concrètes entreprises durant ces quatre dernières années pour la mise en application, ne serait-ce qu’une infime partie du Morne Management Plan publié en 2008.

? Vous mettez donc en doute la compétence des membres du « Board» ?

Je n’ai pas l’habitude de livrer des certificats de compétence ou d’incompétence. Mais lorsqu’on découvre que l’Aapravasi Ghat a un personnel pour gérer le site et que la direction fait appel à des experts internationaux pour apporter des améliorations sur le site, je ne peux m’empêcher de remettre en cause le fonctionnement du board du MHTF qui, après quatre ans, n’a démarré aucun projet mentionné dans le Management Plan.

? Pouvez-vous les citer ?

Faire du Morne un lieu de mémoire national, créer un musée pour susciter l’intérêt du public pour l’histoire du site, pour encourager la recherche et diffuser des informations sur le site, mettre en place de boutiques artisanales pour encourager les petits entrepreneurs à vendre leurs produits aux touristes. Et croyez-moi, cette attitude ne réjouit pas du tout les habitants du Morne qui misaient beaucoup sur des projets de développement pour des emplois durables. Il suffit de se rendre là-bas pour comprendre leur colère. On leur a promis monts et merveilles. Comme eux, j’ai aussi l’impression qu’une fois la montagne du Morne, symbole de la résistance à l’esclavage, a commencé à faire partie des sites figurant au patrimoine de l’UNESCO, on peut se permettre de prendre du bon temps et garder le Management Plan dans un tiroir.

A mon avis, cela ne doit se passer comme ça. Les membres du board auraient dû mettre les bouchées doubles pour faire avancer les projets en question. Car la lutte menée par le gouvernement mauricien n’a pas été de tout repos. Je l’ai personnellement vécue et cela jour et nuit. Je ne crois pas qu’une telle situation fasse plaisir au Premier ministre qui a suivi de prés ce dossier. De toute façon, ce n’est le rôle du Premier ministre, ni de Mookeshwar Choonee, ministre de la Culture, de s’ingérer dans le day to day running du board. Ce n’est pas leur rôle. Il devrait y avoir un officier à ce ministère pour suivre l’évolution des projets.

? Que suggérez-vous : revoir le fonctionnement du MHTF ?

Je vous réponds par la même question du début : Existe-t-il un Board pour gérer le MHTF ? S’il existe, je suggère à ce comité de voir dans quelle mesure on peut au moins commencer à mettre en pratique certaines idées proposées dans le Management Plan.

? Nous sommes à quelques jours de la commémoration du 177e anniversaire de l’abolition de l’esclavage au pied de la montagne du Morne. Qu’auriez-vous fait si le gouvernement vous confiait la responsabilité d’organiser cet événement au Morne Brabant ?

Célébrer pour la première fois le jour où le site a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial, est à mon avis, tout à fait légitime. Mais je comprends mal pourquoi on transforme chaque année la montagne du Morne, ce site et son histoire qui sont des symboles de liberté ou les esclaves en fuite s’étaient réfugiés, en un véritable lieu marqué par des parties de «manger, boire» chaque année. Est-ce ce symbole que nous souhaitons léguer aux prochaines générations ou laisser ce Morne Cultural Landscape comme décrit dans le Management Plan an exceptional testimony to maroonage or resistance to slavery in terms of the mountains being used as a fortress to shelter escaped slaves, with physical and oral evidence to support that use et que cet endroit «represents maroonage and its impacts, which existed in many places around the world, was demonstrated so effectively on Le Morne mountain.» Je dis qu’il faut cesser de faire de ce site historique un lieu pour organiser des pique-niques. Le Morne sur la carte mondiale, oui, mais tout en gardant son caractère sacré. Ce site qui est aussi décrit comme «a symbol of slaves, fight for freedom, their suffering and their sacrifice, all of which have relevance beyond its geographical location, to the countries from which the slaves came – in particularly the African mainland, Madagascar, india, and South-east Asia and represented by the creole people of Mauritius and their shared memories and oral traditions.

Pour répondre à votre question, j’aurais invité chaque 1er février les représentants de différentes religions pour dire une prière commune et on rentrerait tranquillement chez soi.