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Jacques Pereira : « Le collège Bhujoharry accueille ceux qui sont rejetés ailleurs »

5 février 2012, 15:43

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Le manager du collège Bhujoharry ne compte pas baisser les bras. Il travaille dans un établissement qui compte de nombreux Late Developers et qui mise sur un encadrement complet de l’enfant.

Quel est le taux de réussite aux examens du School Certificate au collège Bhujoharry pour la cuvée 2011 ?

En cette année, nous sommes en nette amélioration. Nous sommes à 27, 2 % pour le taux de réussite, contre 17 % pour la cuvée 2010. Quand on a pris l’administration du collège en 2010, on a continué ce que l’ancienne administration avait instauré. Mais quand on a changé tout le système, le résultat s’est amélioré. Nous misons sur un encadrement complet de l’enfant. L’année prochaine, ce sera encore mieux. Mais les chiffres sont trompeurs. Si dans un établissement, nous avons 20 collégiens qui sont candidats aux examens du SC et que les 20 ont obtenu leurs Credits, le taux de réussite est de 100 %. Au collège Bhujoharry, nous avons eu 78 candidats, 21 ont réussi avec leurs sept matières et 41 autres en ont obtenu cinq.

Qu’est ce que vous avez changé dans l’enseignement ?

Nous avons introduit des matières comme la sociologie ou le dessin. Ensuite, nous avons initié des cours après les heures de classes pour mieux encadrer les élèves. Mais nous offrons tous ces services gratuitement. Parce que nous savons que beaucoup de nos élèves sont issus de familles à problèmes.

Quel est votre constat sur le système éducationnel secondaire à Maurice ?

Les examens du SC sont incontournables. Notre système est ainsi fait que les élèves n’ont que deux chances uniquement. S’il échoue une deuxième fois, il doit partir. Maintenant si on a franchi le cap, l’autre étape c’est de savoir si on a obtenu le nombre de Credits que le collège demande. Chez nous, nous en demandons 3. Mais certains établissements en demandent 4, 5 ou 6. C’est une aberration !

Expliquez-vous…

Nous avons des Late Developpers. Je connais beaucoup de personnes qui n’ont pas obtenu les 4 credits ou alors qui en ont eu 5 mais aucun en anglais. A une époque, on les a laissés faire leur HSC et aujourd’hui ce sont des professionnels qui occupent de postes importants à Maurice. Ils sont médecins, avocats, membres du barreau ou enseignants. De telles situations arrivent, même aujourd’hui. Il y a deux enfants qui avaient échoué leur CPE deux fois, ils ont intégré la Prevoc et après cette étape, ils ont pu intégrer le Mainstream en Form III et aujourd’hui ils sont en Lower VI et ils auront un brillant avenir. Quand l’enfant veut réussir, il va réussir !

C’est quoi la philosophie du collège ?

C’est d’accueillir ceux qui sont rejetés ailleurs. Là où c’est la compétition qui est le maître-mot. Ils sont des Slow Learners. Les enseignants sont disposés à rester après les heures de classe pour aider ces enfants à réussir. Des enseignants consciencieux appartiennent à une race qui disparaît. Ceux qui enseignent avec passion et amour ne sont pas nombreux.

En France, par exemple, l’expérience d’un métier est considérée comme aussi importante que le bagage académique. Que pensez-vous de la validation des acquis ? Est-ce bien fréquent à Maurice ?

A Maurice, c’est un peu rare. On a tendance à accorder plus d’importance à la formation académique. Souvent, l’ouvrier gagne plus d’argent que le diplômé. Mais à Maurice, il faut un changement de mentalité. Ici, on accorde plus de valeur aux White-Collar Jobs. En France, on dira fièrement « Je suis poseur de carreaux ».

Propos recueillis par Estelle Bastien