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Jean-Luc Balancy : «Quand on est passionné il n’y a aucun obstacle insurmontable»
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Jean-Luc Balancy : «Quand on est passionné il n’y a aucun obstacle insurmontable»
Le quotidien L’Express, du groupe La Sentinelle Ltd, fêtera ses 50 ans d’existence ce samedi 27 avril. Petit clin d’œil à Jean-Luc Balancy, chroniqueur sportif à ses débuts (1963) et rédacteur en chef du service des sports de l’express de 1977 à 1996.
Le plus sportivement du monde, on se demande souvent s’il y a encore de l’espoir quand on analyse de près le niveau actuel du sport mauricien. Nul besoin de vous faire un dessin !
Le sport à Maurice a nettement régressé. A qui la faute ? Mauvaise gestion, dirigeants malhonnêtes, la perversion introduite avec l’entrée de l’argent dans cet univers et l’évolution même de notre société sont autant d’ingrédients qui sont venus compromettre la promotion du sport dans son ensemble. Ce n’est pas un phénomène qui n’existe qu’à Maurice seulement, mais aussi bien ailleurs.
Jean-Luc Balancy, qui a été rédacteur en chef du service des sports de l’express de 1977 à 1996 – il a été chroniqueur sportif à ses débuts (1963) et a travaillé aussi sur la monotype (procédé de composition au plomb pour l’impression) – nous brosse un tableau sombre du sport mauricien.
Etant un passionné, il continue à suivre de près l’actu. Pour lui, il n’y a plus de relève et les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas cette culture sportive d’antan. «Ils ne sont pas passionnés. L’évolution de la société avec le développement de la technologie a changé la donne. Les jeunes s’intéressent davantage à l’informatique et délaissent, de plus en plus, les courts, les gymnases et les terrains de football. C’est triste de le dire : la pratique du sport n’est plus ce qu’elle était !».
«A mes débuts, nous avons eu cette génération de sportifs composée de Vivian Gungaram, Cyril Curé, Herbert Couacaud, Jean-Claude Sauzier et les Bax (pour ne citer qu’eux). C’étaient des sportifs hors pair qu’on ne retrouvera plus jamais. Puis, il y eu la bande à Judex Lefou, Christian Boda, Caroline Fournier, Ricky Wai Choon, Eddy Clarisse, Richard Sunee, entre autres. La dernière génération d’athlètes à émerger a produit Stephan Buckland, Eric Milazar, Bruno Julie et quelques-uns encore qui ont fait la fierté du pays. Et maintenant ? Qui avons-nous ? Où est la relève ?»,se demande-t-il.
Jean-Luc Balancy pense que la mise en place d’une académie pourrait relancer le sport à Maurice. «Quand j’étais en Chine, en 1971, pour le premier tournoi afro-asiatique de tennis de table, j’ai vu comment les dirigeants sportifs de ce pays-là orientaient les jeunes vers le sport, l’art et même la danse et la gymnastique. Il y avait un suivi permanent aussi bien académique que sportif, un peu du style de bourse sport-études prôné jadis par Michael Glover dans les années 80, lorsqu’il était ministre des Sports. La population chinoise a beaucoup gagné et a permis à des athlètes de faire une percée au niveau international.»
L’ancien journaliste et rédacteur sportif pense ardemment qu’un plan de l’après-carrière d’un sportif est aussi une chose primordiale. «Quelle sécurité ont nos sportifs après qu’ils auront tout donné pour leur pays ? Pourquoi ne pas mettre l’expérience de nos sportifs retraités au service des jeunes pour que la relève soit assurée ? Où sont les Sheila Seebaluck, Sandra Govinden, Kersley Gardenne, Judex Lefou ? Pourquoi ne sont-ils pas à la tête d’un club, d’une fédération ou même sur le terrain à partager leurs connaissances et leur expérience du haut niveau ?», s’interroge-t-il.
Pour notre interlocuteur, qui fêtera ses 74 ans en cette année 2013, c’est après Glover que tout a basculé. «Les ministres qui lui ont succédé n’avaient pas cette même culture et cette même passion pour le sport. Des fédérations sportives d’aujourd’hui sont dirigées par des gens qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels. Ils ont soit des enfants qui pratiquent la discipline en question soit ils ont soif de voyages et d’honneurs. C’est pour cela que nous voyons constamment des bagarres intestines au sein des fédérations qui sont bien souvent inutiles. Si, de nos jours, le sport est dans cette léthargie, c’est la faute à ces dirigeants sportifs…»
Le rôle de la presse
Jean-Luc Balancy estime que la presse a joué un rôle prépondérant dans la promotion du sport et qu’elle continuera à le faire d’année en année. «A l’époque, je m’en souviens encore comme si c’était hier, nous étions les premiers journaux, à travers nos écrits et nos reportages, à donner cet élan au sport. Nous accordions l’importance à toutes les disciplines sans distinction. Et même au sport international.
« Nous avions un collaborateur en Angleterre, Cyril Daurat, qui nous expédiait des chroniques sur le football anglais – pas au jour le jour, mais avec plus d’une semaine de retard ! Puis, en 1971, il y a eu la venue de Hossen Atchia (alias Titen) qui, lui, nous retranscrivait les nouvelles sportives de la BBC. Il a aussi été chroniqueur hippique pendant des années. C’est là qu’il s’est vraiment fait connaître car ses analyses hippiques étaient appréciées et lues par toutes les couches sociales de la population», explique l’ancien responsable des sports de l’express.
Mais Jean-Luc Balancy avance que sa carrière journalistique n’a pas été rose tous les jours. Il a beaucoup galéré, surtout durant les 15 premières années. Il s’est battu bec et ongles pour que le sport puisse être reconnu à sa juste valeur au sein de l’entreprise. Au début, il n’avait pas d’équipe à plein temps à sa charge mais que de proches collaborateurs. Pierre Philogène, Philippe Wong, Michael Glover et Patrice Curé ont, dans un premier temps, collaboré à l’élaboration des pages sportives. Puis, il y eu l’arrivée de Renaud Marie et Claude Julie (tous deux enseignants dans des institutions scolaires), Ronald Moutou (grand sportif lui-aussi) et Titen.
«Ma première véritable équipe de journalistes à plein temps était composée de Jean-Joseph Permal (qui a beaucoup contribué pour promouvoir le sport mauricien) et Shan Ip (ancien rédacteur sportif chez Week-end et actuellement au Mauritius Turf Club). Stellio Pong, autre journaliste, m’a rejoint à la fermeture du journal Le Cernéen. Gérard Gouges et Lélio Quessy (reportage photographique) ont également apporté leur pierre à l’édifice. Puis, il y a eu votre génération avec Robert d’Argent, Abdoollah Earally, Eshan Deljore, Ally Mohedeen et vous-même. J’ai vécu, pendant mes 35 ans à l’express, une très belle aventure. Je peux dire que j’ai eu une carrière journalistique très riche.»
Sa plus belle aventure reste quand même les deuxièmes Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI), à Maurice, en 1985. «Vivre un tel événement sur ses terres est vraiment quelque chose de magique pour un journaliste. Nous avons travaillé jusqu’à 5 heures du matin pour boucler le journal et il nous fallait être au bureau pour le briefing de 9h30. Il n’y avait alors pas cette technologie que vous, la jeune génération, avez aujourd’hui. J’avais dû faire appel aux journalistes de l’actualité générale et à quelques collaborateurs pour nous épauler pendant ces deux semaines de compétitions. Ce n’était pas chose facile mais quand on est passionné pour ce métier, il n’y a aucun obstacle insurmontable.»
Parmi d’autres belles histoires vécues et mémorables figurent la qualification de notre équipe nationale de football pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations, au Caire, en 1974; le passage chez nous du «roi» Pelé, sans oublier la victoire, en 1975, de Gabriel Anazor au Tour cycliste de la Réunion…
D’une génération à une autre
De 1997 à aujourd’hui
Après le départ de Jean-Luc Balancy, Jean-Joseph Permal, Robert d’Argent et moi-même avons été successivement les responsables de cette section sportive qui a connu un sérieux lifting avec l’arrivée de quelques jeunes reporters. On volait de nos propres ailes. Pour reprendre les propres mots de notre ancien directeur général, Jean-Claude de l’Estrac : «Le département sport c’est l’Etat dans l’Etat. Il est autonome et compte en son sein un responsable, une équipe d’une dizaine de journalistes, un photographe, des secrétaires de rédaction ainsi que des opérateurs. Ce petit groupe s’occupe quotidiennement de sa cuisine interne.»
Et quelle cuisine ! Outre le quotidien, la rédaction sportive compte, depuis une dizaine d’années, deux hebdomadaires sportifs qui portent les noms de «Lekip» et «l’express Turf». Depuis un peu plus de trois ans, un autre hebdomadaire consacré aux paris sur le football, intitulé «l’express Footips», a vu le jour. Avec l’avènement de la technologie (retransmission de la majorité des évènements sportifs internationaux en direct via le satellite) et surtout la passion démontrée par les Mauriciens friands de sport, en particulier du football européen, Lekip compte aussi sa version en ligne (www.lekip.mu) et offre une multitude d’informations sportives quotidiennement.
Avec toutes ces plates-formes sportives, ma rédaction, qui bénéficie du soutien du groupe La Sentinelle Ltd, peut s’enorgueillir d’avoir fait un grand pas en avant dans sa quête de promouvoir le sport local et international. Et ce n’est pas encore fini…
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