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Jean-Noël Yeung : Parcours d’un Mauricien exerçant à la Harvard Medical School

10 juillet 2011, 00:00

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Jean-Noël Yeung : Parcours d’un Mauricien exerçant à la Harvard Medical School

Il est médecin et chargé de cours pour le compte de la Harvard Medical School à Boston. Jean-Noël Yeung, originaire de Beau-Bassin, a également participé à la vaste opération de secours aux victimes de l’attentat contre le World Trade Center en septembre 2001. Récit.

Le Mauricien Jean-Noël Yeung enseigne la médecine à la Harvard Medical School à Boston et il est médecin dans une de ses institutions affiliées, en l’occurrence le centre médical Beth Israel Deaconess.

En août prochain, il ira travailler dans un autre hôpital d’Harvard, le Brigham & Women’s Hospital, qui se trouve également à Boston.

Né d’un père boutiquier et aîné d’une famille de quatre garçons, Jean-Noël Yeung a grandi à Beau-Bassin. Cet ancien élève du collège Royal de Curepipe s’envolera par la suite pour l’Australie pour des études de médecine à New South Wales à Sydney.

Il dit avoir été inspiré par plusieurs médecins durant son enfance, en particulier le Dr Sooresh Bissoonauth, qui était le médecin de la famille et qui, ajoute-t-il, a fait preuve de dévouement et de professionnalisme.

« J’ai également été marqué par le décès de mon grand-père. Ce qui m’a fait réaliser que la médecine est en effet importante dans la poursuite de la guérison de maladies humaines. Mais elle est plus importante dans l’atténuation des souffrances, surtout quand le malade ne peut pas guérir », avance-t-il.

Après son diplôme en 1997, Jean-Noël a débuté sa carrière en tant que médecin à Sydney avant de mettre le cap sur les Etats-Unis en 2000. Il y entamera des études plus poussées. Le New York University Downtown Hospital sera son premier lieu de travail en Amérique. Il y restera trois ans.

New York est ville qui tient une place importante dans son cœur, non seulement parce que son aînée y a vu le jour, mais aussi parce qu’il a été témoin du drame du World Trade Center en 2001.

« Je travaillais à deux pâtés de maisons des tours jumelles quand la plus grande tragédie s’est déroulée sur le sol américain. J’ai été témoin du désespoir humain des parents cherchant leurs proches disparus sous les décombres, et la détermination du peuple américain à travers les pompiers, les médecins qui se sont précipités de tous les coins de New York à pied ou à vélo », déclare notre interlocuteur.

Le médecin raconte qu’il a aidé à prendre soin d’une jeune fille qui a été grièvement blessée et dont l’état a nécessité plusieurs opérations par un chirurgien plastique, et qui a finalement été capable de marcher après quelques mois.
« Cette jeune fille était sur le point de se marier et se promenait dans la rue quand des composantes d’un avion sont tombées sur elle… »

« Par la suite, j’ai obtenu une subvention du gouvernement des États-Unis pour une maîtrise de Sciences en santé publique (épidémiologie) au Boston University Medical Center. J’ai ainsi fait des recherches cliniques dans le domaine du VIH/SIDA et ai été chargé de cours de médecine à cette même université de 2007 à 2008 », raconte-il.

En 2008, il est embauché comme chargé de cours à la Harvard Medical School et rejoint l’équipe du Beth Israel Deaconess Medical Center (BIDMC). Ce, tout en poursuivant ses formations pratiques en médecine interne et en maladies infectieuses.
D’une formation en médecine générale et en maladies infectieuses, le médecin s’intéresse également à la santé publique : « J’ai essayé de combiner le tout et mes domaines actuels d’intérêt sont les suivants : épidémiologie VIH/SIDA, les infections nosocomiales, qui sont contractées dans un établissement de santé et le contrôle des infections, la résistance aux antibiotiques et l’utilisation des technologies de l’information en soins de santé », confie notre interlocuteur.

Il souligne également que les disciplines qu’il a choisies deviennent de plus en plus interdépendantes, avec les défis de la médecine et au fur et à mesure que l’économie se développe.

« Les dépenses dans le domaine qu’est la médecine, dans les pays en développement aussi bien qu’industrialisés, prennent des proportions hors de contrôle comme la population et ses besoins augmentent alors que le financement est de plus en plus rare », indique-t-il.

« À la vitesse à laquelle Maurice progresse, le pays devrait également envisager cette question. L’approche de ce problème passe par une utilisation judicieuse et la réglementation de l’utilisation des antibiotiques et la surveillance à différents niveaux : les hôpitaux, la communauté, les médecins généralistes, les pharmacies », soutient le Dr Yeung.

Celui qui s’estime chanceux d’avoir grandi à Maurice avec tout son bagage multiculturel et multilingue, trouve que ces richesses apportent une perspective unique pour les défis de la vie.

Il soutient, en outre, que la diaspora mauricienne est unique où qu’elle soit. Le défi, dit-il, c’est d’essayer de se reconnecter de toutes les parties et recoins du monde afin de se mettre au service de la patrie, notamment en termes d’expertises humaines.

« Ce qu’il nous faut, c’est organiser un réseau de Mauriciens expérimentés et ceux qui ont fait leur preuve de manière significative. Pas seulement pour partager des recettes de dholl puri ! Ce réseau peut aussi servir aux Mauriciens pour écouler leurs produits artisanaux, du terroir, entre autres », explique le médecin.

Mais la conscientisation, soutient-il, devrait démarrer à la maison.

« Les expatriés peuvent inspirer leurs enfants et leur dire que Maurice n’est pas uniquement un endroit avec de belles plages et où l’on peut manger des dholl puris. Mais que c’est aussi un pays avec un riche passé et une histoire unique. »