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Josique Radegonde: «Je suis une passionnée et une fanatique de justice sociale»

14 janvier 2010, 15:30

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Elle est présentée comme la candidate du MMM au No 14. Elle décline le sens de son engagement politique.

Quel est ce parcours qui culmine aujourd’hui à la politique?

Je suis née et j’ai grandi à Bel Ombre. J’ai fréquenté le collège Keats. Mais ensuite, je n’ai pas pu poursuivre mes études parce qu’il fallait travailler. J’ai grandi au sein d’une famille qui m’a communiqué l’amour du social. J’ai donc voulu travailler pour apporter un soutien à la communauté et à la région au sein desquelles j’évoluais. Il y régnait une grande pauvreté. C’est une pauvreté à la fois économique et sociale qu’il fallait combattre. On ne pouvait rester indifférents. C’est ainsi que j’ai nourri une culture sociale. J’ai aussi développé cette passion de marcher avec les gens. Mettre mes pas dans les leurs. Je me suis engagée au sein de Caritas et j’assurais, entre autres, des cours d’alphabétisation à l’intention des jeunes et des enfants. A partir de là, j’ai constaté l’existence d’autres problèmes, comme la toxicomanie et la prostitution… Graduellement, je suis devenue une passionnée et une fanatique de justice sociale. Je suis habitée de ce désir d’apprendre pour pouvoir mieux accompagner les gens. Par la suite, j’ai entrepris un diplôme en psychologie et français à travers l’Unisa. Ce qui m’a amené à travailler à l’université de Maurice où j’ai fait des recherches sur la prostitution. Cette étude a mené à l’Observatoire qu’on a aujourd’hui.

Comment avez-vous atterri aux Etats-Unis?

J’ai eu une bourse pour réaliser mon Master. Là, j’entrepris des études dont, entre autres, en psychologie, sociologie… C’est à mon retour au pays en 2006 que j’ai constaté qu’il y avait toujours une crise économique. Ce constat s’étendait au fait qu’il n’y a pas de développement intégré.

A partir de quand avez-vous commencé à développer une conscience politique?

Je dois confier que, même lorsque j’étais aux Etats-Unis, des professeurs me poussaient à la politique. L’un d’eux m’a même proposé de m’engager activement au sein d’un parti aux Etats-Unis. Je dois dire que c’est cette passion sociale qui m’a poussé vers la politique. On parle toujours de nation arc-en-ciel à Maurice. Mais, on constate toujours qu’il y a autant sinon plus de problèmes qu’auparavant.

Quels sont les enjeux qui vous interpellent?

Je travaille beaucoup avec les femmes et les jeunes. Et je me sens interpellée par cette question, pour ne pas dire ce défi, de l’unité nationale. Pour revenir aux femmes, j’estime qu’elles évoluent dans un cadre de vie qui ne leur permet pas de développer leurs compétences.

Et pourquoi avoir choisi le MMM?

Le MMM accorde beaucoup d’importance aux thèmes que je viens de citer. Il n’y a pas que l’économie dans la vie. Il faut mieux encadrer les femmes pour qu’elles mettent leur talent au service de leur pays. Mieux encadrer les jeunes pour qu’ils deviennent des adultes actifs au sein de la société, et cela à tous les niveaux. Il y a une Ile Maurice telle qu’on la connaît. Mais, il y a aussi une Ile Maurice en construction. Je souhaite participer à cette construction là. Le MMM, c’est la plate-forme politique qui permet cela. Il faut aussi dire que j’ai grandi au sein d’une famille qu’on pourrait qualifier de militante. Enfin, je dirai qu’il y a toujours quelque chose à faire et qu’il faut qu’il y ait quelqu’un pour le faire.

La scène politique mauricienne est relativement machiste. Ne craignez-vous pas d’être broyée par cette machinerie?

Moi, je crois au changement. Il faut qu’il y ait des femmes qui se montrent prêtes à prendre la parole et des responsabilités pour que les femmes puissent mieux assumer leur rôle au sein de la société.

Vous vous êtes engagés au sein du MMM à un moment où on dit l’Alliance sociale très forte. Pensez-vous avoir fait un choix judicieux?

Il y a beaucoup de propagande sur cette prétendue force de l’Alliance sociale et du PTr. La politique, c’est un peu comme au foot. Il y a un favori et un challenger. Et moi, la position de challenger ne me dérange pas. Bien au contraire. Au fond, on ne sait jamais qui va gagner.

Je vous écoute parler. Je relève encore un petit accent américain dans votre créole. Je sens une femme plutôt sensible. Pensez-vous avoir les qualités pour faire de la politique à Maurice?

Ce sera aux citoyens de décider par rapport à ce qu’on va leur proposer. Pour ma part, je suis confiante que le courant va passer. D’ailleurs, malgré le fait que je sois mariée avec un Américain, j’ai gardé ma nationalité mauricienne aussi bien que mon nom. Et c’est mon mari qui a accepté de me suivre à Maurice. Jeune, j’ai lutté pour mon village. Aujourd’hui, je veux me battre, à un autre niveau, pour toute une région, pour tout un pays. En tant que femme, en tant que côtière, en tant que citoyenne, je suis prête à relever le défi. Je suis prête à accepter les critiques. Mais, moi, je me battrai sur des idées authentiques pour contribuer à l’unité nationale et pour plus de justice sociale.